PSG: Cavani, Mbappé, Neymar, l'incompréhensible gestion de Tuchel

Daniel Riolo revient sur l'énième piètre prestation du PSG.

A part si on croit aux signes, aux choses pas logiques ou à la fameuse magie du foot, il est assez difficile d’envisager des jours meilleurs pour le PSG. L’année dernière à la même époque, le PSG de Tuchel avait livré plusieurs matches de grandes qualités. Il avait terminé sa phase de poule en Ligue des champions par un beau succès devant Liverpool et une confirmation à Belgrade. Le tirage des huitièmes avait été abordé sereinement et comme d’habitude rien ne devait faire peur à ce PSG. Oui parce qu’il faut se souvenir qu’en décembre, le PSG est favori contre la terre entière. Avant Manchester, avant le Real, avant le Barça. Si si, un effort de mémoire, s’il vous plaît, et vous verrez que je n’exagère pas. Le souci c’est que le printemps ne confirme jamais les sensations de l’hiver.

Quel rapport avec les "signes" dont je parlais? Et bien si quand tout va bien en décembre, rien ne va plus en mars, alors on peut miser sur un effet inverse cette année non? J’avoue, c’est maigre comme raisonnement.

Tuchel en a fini avec les câlins

Dans l’absolu que tout soit flou en ce moment ne doit pas empêcher d’envisager que tout s’arrange au moment des huitièmes de Ligue des champions. Le foot est souvent incohérent. Mais ça ne retire rien au constat présent.

Alors quel est ce constat? 

Commençons d’abord par la gestion de l’effectif. Tuchel joue à l’animal de sang froid. Fini les câlins. Le dernier qu’on a vu, c’est le gros bisou fait à Gueye après PSG-Real. Visiblement, ça n’a pas poussé le Sénégalais à reproduire cette performance. Il ne s’agit pas d’enfoncer l’ex d’Everton, mais on doit reconnaître qu’on est loin de la promesse initiale. Il était venu pour jouer 6 et on ne l’a pas vu dans ce rôle. Tuchel croit en Marquinhos à ce poste. Peu probant.

Le milieu reste donc toujours aussi flou. Verratti reste égal à lui même et je ne vais pas m’attarder sur son cas. Herrera est quasiment toujours blessé. Bref, physiquement (intensité), techniquement, Paris est loin d’avoir un milieu comparable aux grosses équipes européennes.

Derrière, c’est bon dans l’axe et correct sur les côtés. Rien de fou.

Mais c’est évidemment devant que les questions enflamment. On a longtemps attendu que tout le monde soit dispo pour voir la gestion de Tuchel. Et on voit quoi? Rien. Un brouillard. Une gestion incompréhensible. 

Sans hiérarchie, rien ne va

A la décharge du coach, on doit dire qu’aucun de ses confrères en Europe n’a à gérer une telle situation. Tous les propos sur "choix de riches", "Bons problèmes", "s’il sait pas faire c’est qu’il peut pas entraîner le PSG", sont des foutaises! 

Un bon collectif, une équipe qui gagne, c’est la mise en place d’un 11 titulaire, d’une hiérarchie. Prenez tous les champions d’Europe récents et vous le verrez. Il n’y a aucune exception! Et c’est la même chose pour les équipes nationales. 

Au PSG? L’idée "historique" c’est: Neymar, Cavani, Mbappé. Les faits, c’est une association Neymar/Mbappé inexistante ou presque. Un trio virtuel.

Di Maria est le joueur le plus souvent utilisé et il est tout aussi souvent bon. Vous pensez que la hiérarchie est claire à ses yeux? Non parce que pour faire admettre à quelqu’un d’aller sur le banc, il faut pouvoir lui prouver que le mec qui joue est à 100% meilleur que lui. Et on ne fait pas ça avec un prix de transfert, un statut, du marketing. Ça c’est bon pour les gogos, les footix qui ne comprennent rien au foot, à comment marche un club et un vestiaire.

Tous les propos stupides: "Joueur qui fait la différence", c’est avec "ces mecs là qu’on gagne la Ligue des champions" "C’est pour ces mecs là qu’on va au stade"… A Liverpool, Klopp a transformé des joueurs en stars. Ils ne l’étaient pas en arrivant. Il n’y avait pas de statut. La hiérarchie s’est construite. Qu’on juge les gens pour ce qu’ils font, pas ce qu’ils sont ou ce qu’ils prétendent être! Mais peut-être qu’à Anfield, les gens ne sont pas contents d’aller au stade hein, qui sait? Je ne saurais trop conseiller de lire l’interview de Klopp dans le So Foot d’octobre! Ecoutez les entraîneurs!

Le raisonnement vaut pour le Real, le Barça, la Juve, TOUS! On ne juge pas un potentiel, mais des faits. Dans ces clubs, les stars sont présentes! Pas la tête ailleurs, comme le duo Neymar/Mbappé. Ce n’est pas leur talent qui est en question mais leur implication dans le collectif!

Ce n’est qu’un symbole. Chacun fait ce qu’il veut avec ça, mais c’est sans eux que Paris a battu largement le Real en septembre. Et c’est l’anonyme Sarabia qui a permis au PSG de revenir avec un 2-2 miraculeux de Madrid! 

Ce n’est pas avec ce genre de joueur qu’on va loin en LDC entend-t-on! Ah oui ? Mais Tottenham y est allé avec Lucas que le PSG a mis dehors! L’Ajax y est allé avec une bande de jeunes sans expérience ! Liverpool a gagné avec Origi et Shaqiri en remplaçants! Le Barça ne gagne plus la compétition depuis que Xavi et Iniesta ont arrêté et que Busquets vieillit! La Juve en prenant Ronaldo en héros est tombé face aux gamins de l’Ajax! 

Et tous les footix qui découvrent le foot comme des ravis de la crèche vont nous faire croire qu’automatiquement on gagne plus avec Mbappé/Neymar qu’avec d’autres joueurs moins stars? Non, le PSG gagnera quand ces joueurs au potentiel extraordinaire seront au service d’un jeu collectif! 

Peut-être les supporters devraient faire comprendre à Tuchel que ce qu’il fait à Cavani est honteux

Moins star, mais légende du club malgré tout, Cavani a été écarté. Traité comme un moins que rien par Tuchel ! Ce qu’il fait à ce joueur, jamais il ne l’aurait fait à Neymar ou Mbappé. Les "ravis de la crèche", il y en a plein parmi les observateurs dans les médias, ne trouvent rien à redire. Comme je dis souvent, ce n’est pas pour rien que la France n’a gagné que deux Coupe d’Europe! C’est un système global, une pensée. Voir ou ne pas voir, comprendre ou pas.

Edinson Cavani face à Nantes © ICON SPORT

Cavani déplaît parfois pour sa technique limitée. Les gogos lui préfèrent les stars. Déjà il faudrait me prouver que Mbappé est un as dans ce domaine. J’en doute. Le but face à Nantes, Cavani l’a déjà marqué. Cavani a mis une tonne de buts, mais en L1. Ok, pourquoi pas. Mais dans ce cas, on raye Ibra des livres. Et on demande ce qu’on fait de plus Neymar et Mbappé au PSG depuis qu’ils sont là. Grands matches ou pas, depuis 8 ans, pour être équilibré, on va dire que personne n’a fait plus ou moins. Tous dans le même sac comme ça, on contente tout le monde. Reste qu’il y a pourtant un domaine dans lequel Cavani a fait plus. Celui du lien avec les gens. Celui qui fait qu’un club est un club et pas un "show-room" de joueurs! J’ai entendu dire, "un club de foot ne fait pas dans le social, c’est le meilleur qui joue". Mais si un club de foot perd sa part de social, le lien avec les supporters, son histoire, alors il n’est plus rien! Les supporters préfèreront toujours le joueur qui "donne", qui crée quelque chose avec eux. Les supporters au Parc aiment Cavani. Peut-être devraient-il faire comprendre à Tuchel que ce qu’il fait est honteux, scandaleux! Ce public qui a demandé sur la pelouse des Pantelic, Ibisevic, Partouche (époque délirante !!) doit se mobiliser pour Cavani! Et s’il est vraiment devenu mauvais et bien on verra!

Cavani ne mérite pas ça, tout simplement parce que sportivement il n’a pas perdu sa place. Tuchel lui a enlevé. Et Icardi n’a rien fait de grand au point de pousser Cavani dehors. L’Uruguayen est plus que dehors, il est à l’écart comme un vaurien. Qu’on juge qu’Icardi doive jouer, ok, pourquoi pas. Mais de là à ne plus jamais voir Cavani, c’est absolument incompréhensible! Cavani c’est aujourd’hui le joueur que n’importe quel supporter d’un autre club respecte et aimerait avoir! 

Si sans lui, Tuchel avait trouvé une équipe formidable, un collectif huilé, peut-être faudrait il admettre le "cas Cavani". Mais on en est loin. Très loin. Les capricieux sont toujours en tête d’affiche. Sans Cavani, le PSG n’avance pas plus. Et pas mieux, avec Neymar en "guest" et Mbappé en "golden boy". C’est même l’inverse. 

Daniel Riolo