PSG: Christophe Galtier, fort avec les jeunes mais beaucoup moins avec les cadres

La scène n’est pas passée inaperçue chez les joueurs du Paris Saint-Germain alors dirigés par Mauricio Pochettino au début de la saison 2021-2022. Sous les yeux de certains de leurs coéquipiers, l’entraineur argentin n’avait pas suffisamment de mots pour dire à quel point il était fier d’entrainer le trio Messi-Mbappé-Neymar. Ce serment d’allégeance va accompagner son mandat. Sans aller jusque-là, Christophe Galtier fait une différence nette entre ses cadres - au sens large - et les jeunes. L'entraîneur parisien apparaît plus prompt à reprendre publiquement une maladresse, ou une erreur due en partie à un manque d’expérience, qu’à tancer des comportements récurrents chez ses éléments les plus expérimentés.
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Le cas El Chadaille Bitshiabu
L’exemple le plus récent s’appelle El Chadaille Bitshiabu. Mercredi soir lors du huitième de finale retour de Ligue des champions contre le Bayern Munich, le défenseur de 17 ans ressort le ballon par une passe courte vers Marco Verratti positionné à l’entrée de la surface de réparation. L’Italien, qui est dos au jeu, peut jouer au choix avec son gardien ou retrouver son défenseur qui s’est déplacé après la passe pour lui offrir une solution. Le milieu de terrain préfère se retourner et tente le drible. Habituellement, ça passe. Mais pas cette fois: Eric Maxim Choupo-Moting ouvre le score.
Si globalement les observateurs relèvent l’erreur de du milieu de terrain qui a perdu le ballon, Christophe Galtier a une autre lecture dans la foulée du coup de sifflet final: "El Chadaille est rentré... 17 ans... Avec un peu plus d’expérience et peut-être un long ballon que l’on doit jouer, ce n'est même pas peut-être, c'est même sûr, pour sortir du pressing munichois, pour sortir du pressing munichois […] Il aurait fallu sauter une ligne, jouer plus long et on se fait piéger sur cette sortie courte".
L’entraîneur du PSG a stigmatisé la relance de son défenseur. Lui qui suit attentivement ce qui se dit et s’écrit à son sujet n’a pas dû passer à côté de l’étonnement que ces propos ont suscité chez certains. En conférence de presse, deux jours plus tard, il nie fermement avoir "pointé du doigt" Bitshiatu et ajoute: "J’en ai parlé avec Marco, la prise de risque à l’intérieur (de la surface) est très dangereuse". Le fruit des échanges qu’il a eu en privé avec celui qui fait partie des vice-capitaines n’a pas filtré. En public, en tout cas, et toujours en conférence de presse, il a semblé a minima le protéger voire l’exonérer: "Je n’incrimine pas Marco. On en a parlé ce matin (vendredi 10 mars). Il y a peut être autre chose à faire […] Il a ce style de jeu, c’est comme ça". Dans le vestiaire, d’autres aimeraient bénéficier de cette mansuétude.
Warren Zaïre-Emery et le savon passé aux "Titis"
Cet épisode aurait pu avoir moins d’écho s'il s'agissait d'un acte isolé. L’ancien entraîneur de Saint-Étienne ne manque jamais de souligner les erreurs de ses jeunes, même quand il les apprécie. Galtier parlera de "couac en fin de match [qui] fait partie de la jeunesse" pour qualifier la relance manquée de Warren Zaïre-Emery qui conduit à l’égalisation de Folarin Balogun pour Reims le 29 janvier (1-1). Juste avant le déplacement à Marseille en Coupe de France, et après lui avoir tressé des lauriers en conférence de presse, le coach reviendra sur "cette relance malheureuse de la tête".
Ses propos n’ont rien de vexatoire. Cependant, sur cette fameuse action qui conduit au but rémois, Marquinhos et surtout Sergio Ramos sont pris de vitesse par l’Anglais. Ce que le Marseillais de naissance ne relève pas devant les médias. En privé, Christophe Galtier était furieux et incriminait au moins autant Zaïre-Emery que la lenteur de ses défenseurs pris de court. S’il a pu protéger Marquinhos et Sergio Ramos devant les medias, on peut imaginer que son aisance et son bagout auraient pu lui permettre d’en faire de même pour "WZE".
Lors de la conférence de presse avant Brest-PSG, l’entraîneur de 56 ans expliquait sa manière de mettre en confiance les jeunes joueurs: "On parle. On travaille aussi en image. On travaille beaucoup en vidéo, soit de manière individuelle, collective ou par secteur de jeu". Il lui arrive effectivement d’avoir des entretiens individuels avec ceux qui découvrent le monde professionnel depuis peu. Dans son entourage, on explique même qu'il a multiplié les entretiens avec El Chadaille Bitshiabu et Warren Zaïre-Emery par exemple. Cependant, rien de comparable avec ceux rompus aux joutes du l’univers professionnel, avec qui les échanges sont quasi quotidien.
D’ailleurs, après la trêve de la Coupe du monde, certains joueurs, notamment chez les "Titis", appréciaient la forme de complicité qui s’installait avec Galtier. Elle s’est évaporée dès que les mondialistes sont revenus. Le coach champion de France avec Lille prend rarement des gants quand il s’adresse aux "Titis". Ceux qui se sont fait éliminer en Youth League et qui côtoient le groupe pro peuvent en témoigner. Galtier les a réprimandés sèchement après leur défaite contre le Borussia Dortmund en huitièmes de finale. Ceux qui ont assisté à la scène ont pu être étonné.