PSG: "Il n'a plus envie de retourner au stade", déplore la mère du jeune supporter blessé contre l'OL

Pouvez-vous nous raconter les incidents qui ont touché votre fils Lucas (11 ans) lors de PSG-Lyon ?
Céline Deval : "Lucas assistait avec son papa au match entre le PSG et l’OL au Parc des Princes. La première mi-temps se passe bien, la seconde mi-temps débute et il y a un penalty. Les supporters lyonnais qui sont dans une tribune pas très loin d’eux commencent à s’agiter et lancer des projectiles. Lucas finit par se prendre un siège sur le haut du crâne. Pris dans l’ambiance il ne dit rien, il voulait tellement voir son idole Lionel Messi, mais au bout de cinq minutes, il met la main sur sa tête et il a la main en sang. Son père s’aperçoit qu’il a une plaie sur le crâne, ils vont voir les secouristes qui disent qu’ils ne peuvent rien faire, qu’il faut aller à l’infirmerie du stade. Ils passent une demi-heure à mettre des compresses pour arrêter le saignement, a priori c’est juste superficiel. Le lendemain, le médecin me dit qu’il a un léger traumatisme crânien, avec une plaie de trois-quatre centimètres. Il aura une belle cicatrice au-dessus de la tête."
Lucas est revenu apeuré car il ne comprend pas le déchaînement de violences qu'il y a eu
Quelle a été votre première réaction quand votre fils est rentré ?
"Le problème, c’est qu’il y allait avec des étoiles dans les yeux, il voulait absolument voir ce match-là, voir Messi. Il avait même fait une affiche pour essayer d’obtenir un autographe de Messi. Il est revenu apeuré car il ne comprend pas le déchaînement de violences qu’il y a eu, pourquoi c’est lui qui a pris et pas quelqu’un d’autre. Il est retourné les cinq dernières minutes du match en tribunes, il s’est dit "mince, j’ai encore une chance d’apercevoir Messi et d’avoir mon autographe". Il a quand même porté son sac à dos sur la tête parce qu’il avait peur, sachant qu’en plus à la fin du match, ils se sont fait évacuer très très vite parce que, à nouveau, ça chahutait côté lyonnais. Il n’a même pas pu descendre approcher les joueurs avec son affiche.
Le lendemain, il avait mal à la tête évidemment. Aujourd’hui, il n’a plus envie de retourner voir un match, je sais qu’il va y retourner, car il veut être commentateur sportif, le foot c’est sa passion depuis tout petit. Néanmoins, il ne comprend pas, il trouve ça injuste, il est désabusé en disant "j’avais tout bien fait, j’avais économisé pour me payer ma place, j’avais fait ma banderole et ça a tourné au cauchemar". C’est son sentiment. Nous, en tant que parents, on est inquiets car c’est la tête et on ne sait jamais trop quelles séquelles on peut avoir. J’en suis à cette réflexion : aujourd’hui, il court un danger quand il va voir un match de foot."
Aujourd’hui, vous comptez porter plainte ?
"La question s’est posée. Mon mari, au moment de l’incident, a demandé à l'infirmerie s’il pouvait porter plainte. Une personne lui a dit "c’est inutile, ça n’aboutira jamais". Moi, j’attendais que le PSG, le Parc des Princes, m’expliquent comment ce genre d’incident était possible, me disent qu’une enquête allait être menée et qu’avec les caméras, ils allaient pouvoir identifier le gars qui a fait ça.
Sauf qu’en fait, je n’ai aucun retour de la part du PSG et je me dis que si nous on ne porte pas plainte, ça n’ira pas plus loin, on ne saura jamais ce qu’il s’est passé. Ce mec, potentiellement, pourra refaire ce qu’il a fait, relancer un siège et peut-être tuer quelqu’un. Donc si on peut l’arrêter au moins lui, c’est déjà ça. Je veux aussi que cette plainte serve à faire remonter, plus haut, je veux que le ministère et la Fédération s’emparent du problème, est-ce qu’ils attendent qu’un de nos enfants meure dans un stade de foot ?"
J'attendais un petit peu plus du PSG
Donc vous allez porter plainte dans les prochaines heures ?
"C’est vendredi après-midi, on a rendez-vous au commissariat."
Vous n’avez pas eu de réponse du Paris Saint-Germain ?
"Je vais être honnête et totalement transparente. Le PSG a mis 48 heures à nous contacter. Alors que dès lundi, il y a une personne qui a pris une photo des places de mon mari et mon fils le soir de l’incident. Je m’attendais à ce que le PSG se manifeste dès le lundi. (...) Pour moi, le minimum syndical c’est que Lucas soit remboursé de ses places parce qu’il n’a pas vu le match. Mais j’attendais un peu petit plus du PSG, qui m’a dit le premier soir "ne vous inquiétez pas, on va tout faire pour remettre des étoiles dans les yeux de votre fils". Ce n'est pas avec deux places et un match que vous allez remettre des étoiles dans les yeux de mon fils. Pour l’instant, il n’est pas prêt d’y retourner (au stade). À titre de comparaison, j’ai eu l’OL. A priori, c’est un de ses supporters qui est en tort. L’OL a mis 20 minutes à me joindre mardi matin, parce que lundi soir, il y a eu des articles qui sont sortis. En 20 minutes, ils m’ont identifié et ils ont réussi à me contacter sur les réseaux sociaux."
Dans quel état d'esprit êtes-vous ?
"Je suis maman, je pense que toutes les mamans et tous les papas ne veulent pas voir leur enfant triste comme ça alors qu’il n’y est pour rien. Ce n’est pas de sa faute. C’est la faute de qui ? Du PSG, de l’OL, de la Ligue, du Parc des Princes, je n’en sais rien ! Je veux savoir, c’est sûr. Je veux lui redonner le sourire à mon gamin. Mais au-delà de ça, je ne trouve pas normal qu’aujourd’hui, on laisse un enfant aller au stade avec son papa et qu’il revienne blessé comme ça. Il aurait pu y rester. Je ne sais pas si la Fédération, le ministère attendent qu’il y ait un mort, enfant ou pas, pour faire quelque chose. Je pense qu’on peut sécuriser les stades aujourd’hui. Il faut peut-être des mesures un peu radicales."