PSG: les 12 mois de Neymar en 12 sensations

L’excitation
Peu avant 19h, le 3 août 2017, tandis que Luis Suarez et Ivan Rakitic avaient déjà fait leurs adieux à leur désormais ex-coéquipier et que les médias scrutaient le moindre geste du joueur, de sa famille ou de ses représentants, le Barça confirmait le paiement de la clause de Neymar par le PSG. Le club parisien confirmait la signature du Brésilien peu après 21h30. L’excitation est à son paroxysme, entre avalanche de journalistes qui font le pied de grue en bas de l’hôtel du joueur, ruée sur les maillots, tweets en pagaille. Ce qui n’était qu’une improbable rumeur est devenu réalité pour la "modique" somme de 222 millions d’euros. Ne manque plus que les premiers dribbles sur la pelouse.
L’adoration
"Neymar, Neymar, Neymar, Neymar", ne cesse de clamer le Parc des Princes à partir de l'été 2017. Le moindre geste du Brésilien fait frissonner tout le stade. Le numéro 10 fait ses débuts en Ligue 1 à Guingamp le 13 août… sur une passe décisive pour Edinson Cavani, qui se mue ensuite en passeur pour le premier but parisien de la superstar. Une première idéale pour celui qui marquera 19 fois et sera passeur à 13 reprises en 20 matchs (tous en tant que titulaire) en championnat. La MCN qu’il forme avec Cavani et Kylian Mbappé s’érige en nouveau trident de feu du football européen.
L’agacement
"Il faut essayer de le frustrer. Certains essaient de mettre des coups, mais apparemment ça ne le dérange pas forcément. Il faut qu’il sente qu’on est là", estimait en avril dans Le Vestiaire sur RMC Sport Denis Appiah, qui s’était frotté à Neymar avec Anderlecht, en phase de poules de la Ligue des champions. "Il cherche la faute, regrettait Jordan Amavi en février après la lourde défaite de l’OM (3-0). Il attend qu’on le presse et lâche la balle au dernier moment."
Si le soleil Neymar brille à Paris, son image est un peu plus terne ailleurs en Ligue 1. Son comportement, ses roulades, ses plaintes agacent et commencent à donner des envies de tacles appuyés aux défenseurs adverses. Et l’ancien joueur du Barça s'agace aussi du traitement qui lui est réservé.
L’incompréhension
Ils s‘étaient déjà chamaillés face à Lyon (2-0) et Edinson Cavani en avait manqué son penalty. Mais contre Dijon en janvier dernier, l’affaire avait pris une autre ampleur, au point de faire la une des médias sportifs durant des jours. Le fameux "penaltygate" a marqué un tournant dans l’aventure parisienne jusque-là idyllique de Neymar.
Face à Dijon (17 janvier 2018), alors que Cavani a l’occasion de devenir le recordman du nombre de buts inscrits avec le maillot parisien, Neymar (qui à ce moment du match a inscrit trois buts et délivré deux passes décisives) décide de tirer. Les sifflets montent, la rancœur aussi envers celui qui voit le statut de chouchou du club atterrir sur les épaules de l’Uruguayen.
La frustration
Le 25 février, alors que le PSG cartonne contre l’OM (3-0), Neymar file passer des examens. Ce qui ressemblaient à une blessure anodine se transforme en pépin sérieux. Sorti sur civière à la 80e minute après s’être tordu la cheville tout seul, le Brésilien souffre d’une fissure du cinquième métatarsien qui le contraindra à une opération. Il ne rejouera plus de la saison avec le PSG.
Le manque
Cette blessure de Neymar crée un manque. Sur le terrain d’abord, en 8e de finale retour de la Ligue des champions face à un Real Madrid qui aura dominé son sujet. Mais aussi ailleurs. Au cœur d’âpres négociations entre le club parisien et une Seleçao qui ne peut pas se permettre de se passer de son joueur phare durant le Mondial, l’ancien Barcelonais se fait finalement soigner au Brésil. Son absence est remarquée: il vient peu, il soutient peu (sur les réseaux sociaux notamment)… mais récupère quand même son trophée UNFP de meilleur joueur.
L’appréhension
"Tout se passe bien, Dieu merci, mais il y a toujours cette peur de revenir et je dois perdre cette peur le plus vite possible pour arriver en forme à la Coupe du monde", confie Neymar dans un entretien avec Zico en mai dernier. Une longue absence, couplée aux attentes immenses d’un peuple brésilien encore traumatisé par l’élimination lors de son Mondial 2014, font naître une certaine peur chez le joueur, qui sait qu’il n’a pas le droit de rechuter.
La redécouverte
Quoi de mieux qu’un but sublime pour se remettre en selle ? Pour son grand retour sur les terrains, Neymar remplace Fernandinho à la pause d’un Brésil-Croatie (3 juin) qui sert de match de préparation. Vingt-cinq minutes plus tard, il profite d’une passe sublime de Willian relayée par Philippe Coutinho pour crocheter Sime Vrsaljko et placer un tir puissant. Déjà des éclairs de génie, déjà des frissons et de divines promesses pour la Coupe du monde.
Le rejet
Le Brésil, qui apparaissait comme grandissime favori, peine à convaincre en Russie. Un match nul face à la Suisse (1-1), une victoire dans les ultimes instants face au Costa Rica (2-0), deux rencontres plus convaincantes face à la Serbie (2-0) puis en 8e contre le Mexique (2-0), mais une élimination face à la Belgique (2-1): la Seleçao déçoit… et surtout sa star Neymar. Pas vraiment étincelant dans le jeu, le Brésilien agace par ses roulades, ses simulations font rire… mais surtout grincer des dents. Une "honte pour le football" dira le sélectionneur mexicain. L’image est écornée.
La déception
Outre le rejet du joueur pour cause de comportement peu glorieux, Neymar doit affronter la déception de l’élimination du Brésil dès les quarts de finale. Pour un favori, voilà qui fait tache. "Je ne voulais plus voir un ballon devant moi, je ne voulais pas voir de foot. Je voulais me déconnecter de tout. J'ai eu mes moments de deuil et de tristesse", explique même Neymar dans un entretien à l’AFP fin juillet. Une émotion délicate à digérer pour celui qui, blessé au dos, n’avait pu jouer face à l’Allemagne en demi-finales du Mondial 2014 (7-1).
L’interrogation
Parti en vacances plus tôt que prévu pour cause de Mondial décevant avec le Brésil, Neymar voit son coéquipier Kylian Mbappé lui voler la vedette en devenant champion du monde avec l’équipe de France… et en marquant en finale. La pépite des Bleus sème le doute: est-ce lui la star absolue du PSG? Va-t-il doubler Neymar dans la hiérarchie médiatique? Le Brésilien a vu son image ternie et sa course au Ballon d’or repoussée au moins d’une saison, tandis que son coéquipier fait l’unanimité.
L’impatience
Ces interrogations suscitent aussi une impatience à l’idée de voir comment Neymar, que tout le monde s’accorde à reconnaître comme l’un des meilleurs joueurs du monde, parviendra à rebondir avec le club français. Présent en Chine pour le Trophée des champions face à Monaco samedi, le Brésilien est face au plus grand défi de sa carrière: reconquérir les cœurs.