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PSG: les débuts de l'ère Galtier, un premier bilan positif et des questions qui demeurent

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Porté par un trio Neymar-Mbappé-Messi qui fait la pluie et le beau temps à Paris depuis le début de la saison, Christophe Galtier n’a pas résolu tous les problèmes inhérents à son système de jeu et aux hommes qui le composent.

Une équipe séduisante mais pas assez tueuse

Le succès parisien à Lyon (1-0) fut un parfait condensé du début de saison des hommes de Christophe Galtier. Tantôt brillant, tantôt maladroit, parfois fragile, le PSG alterne souvent le très très bon et le beaucoup moins bon dans un même match ces dernières semaines. "Ce qui me plaît, c'est que les joueurs sont très professionnels, investis au quotidien à l'entraînement, s’est néanmoins réjoui Christophe Galtier. On a des relations techniques très importantes et ce système permet à des joueurs de pouvoir bien évoluer."

Pensé pour redonner vie aux pistons, notamment Nuno Mendes, qui a encore apporté de la largeur et de la profondeur au jeu parisien, avec son énorme volume de jeu - pas toujours bien exploité par ailleurs -, le système en 3-4-1-2 de Christophe Galtier a aussi permis au trio Mbappé-Messi-Neymar de s'épanouir.

Impériaux quand il s’agit de se démarquer entre les lignes, de trouver cette passe clé somptueuse et de combiner dans les petits espaces, Lionel Messi et Neymar s'éclatent enfin sous le maillot parisien. Cela s’est confirmé de façon magistrale et avec le sourire sur le but de l’Argentin à la conclusion d’une séquence de 22 passes, façon Barça.

Le PSG a entamé la rencontre tambour battant, opposant son emprise technique à l’intensité physique des Lyonnais, mais comme face à Brest (1-0), contre la Juventus (2-1) ou encore sur la pelouse du Maccabi Haïfa (3-1), le PSG a manqué de tranchant dans la finition. Paris aurait dû punir l’OL dans des proportions beaucoup plus larges, à l’image du gros raté à bout portant de Neymar (72e) ou des mauvais choix de Kylian Mbappé.

Le PSG a énormément gâché et s’est parfois relâché. A force de manquer de réalisme, les Parisiens se sont fait peur quand Lyon a sorti la tête de l'eau. "Il faut rester vigilants et maintenir l'exigence tactique et technique, ce qui nous a fait défaut à Haïfa", a prévenu Galtier.

Un pressing déclinant qui fragilise l’équilibre de l’équipe

Satisfait du résultat "mais pas de la prestation", le milieu de terrain portugais Vitinha n’a pas toujours apprécié ce qu’il a vu sur le terrain après son entrée en jeu (57e), lui qui débutait sur le banc dimanche soir, au profit de l’Espagnol Fabian Ruiz, auteur d’une première titularisation plutôt encourageante, dans un registre tout en sobriété et en intelligence dans les déplacements.

La sortie de Marco Verratti, omniprésent à la création et à la récupération, a obligé Christophe Galtier à faire remonter Danilo Pereira au milieu, un changement qui a coïncidé avec la baisse de régime du Paris Saint-Germain. Le club de la capitale a alors subi des moments de pression, le milieu de terrain ne parvenant plus aussi bien à conserver le ballon et à assurer l’équilibre.

L'influence déclinante de Lionel Messi, très investi dans les tâches défensives dans la première demi-heure, peut aussi expliquer ces difficultés à la perte du ballon. Très pointilleux sur le sujet depuis son arrivée, Christophe Galtier a dix jours devant lui pour trouver la meilleure formule.

Ramos, un positionnement source d’interrogations

Si le PSG peut se féliciter de le voir enchaîner ainsi les matches, après avoir collectionné les pépins physiques pendant un an, Sergio Ramos ne rassure pas franchement depuis le début de la saison. Christophe Galtier a très tôt assumé le choix de l’aligner axe droit de la défense à trois, à un poste où il apparaît pourtant en difficulté, notamment dans la gestion de la profondeur. Il a parfois rattrapé quelques coups au métier dans son couloir, mais son entraîneur n’a cessé de le rappeler à l’ordre hier soir, quand l'Espagnol partait à l'abordage.

"Quand j'ai pris la décision de passer à trois, j'ai eu la réflexion de chercher le joueur le plus apte à me donner la couverture. Rapidement, j'ai entendu des débats sur leur positionnement. Mais Sergio est très à l'aise à droite car il a été formé latéral droit à Séville. Il participe beaucoup sur son côté, ce soir, par moments, un peu trop. Marquinhos rattrape les coups dans la profondeur."

Auteur de deux ou trois interventions décisives dans la profondeur, Marquinhos a semblé évoluer à un niveau plus conforme à ses standings, alors qu’il montrait beaucoup de fébrilité ces dernières semaines. Mais Sergio Ramos a aussi affiché un déchet technique important, et Marquinhos ne pourra pas toujours jouer les pompiers de service.

Donnarumma sème le doute

Ce fut l’un des reproches formulés à l’encontre du prédécesseur de Christophe Galtier, cette cohabitation imposée à deux gardiens de très haut niveau, Gianluigi Donnarumma et Keylor Navas, la saison dernière. Christophe Galtier a mis fin au débat en tranchant en faveur de l’Italien, histoire de le conforter, et donc de le rassurer. Peut-être pensait-il s’acheter des semaines de tranquillité, mais le débat n’a pas tardé à resurgir, et il continuera sans doute à alimenter les gazettes si l’Italien n’est pas plus rassurant à l’avenir.

Certes, Gianluigi Donnarumma sait rendre la confiance que lui témoigne son entraîneur: sans lui, face à Brest, le PSG ne l’aurait certainement pas emporté 1-0. L’immense gardien parisien (1,96m) a déployé son imposante carcasse pour détourner le penalty d’Islam Slimani, démontrant, une fois n’est pas coutume, son aptitude à briller dans cet exercice. Mais tous les doutes ne sont pas levés à son sujet. Capable d’arrêts de grande classe face à la Juve, il a aussi relancé les Turinois en se trouant complètement sur coup de pied arrêté.

Là où sa taille et son gabarit devraient lui conférer une certaine confiance pour s’imposer dans le jeu aérien, le gardien italien ne dégage pas une immense sérénité dans la densité. On l’a encore vu dimanche soir en fin de match, alors que le PSG était encore à la merci d’une égalisation. Irréprochable sur sa ligne, Donnarumma ne l’est plus depuis longtemps dans son jeu au pied. Comme si le traumatisme de Madrid n’était pas encore digéré. L’Italien frise parfois le ridicule et frôle trop souvent le but gag sous pression. Inquiétant, forcément.

Le turn-over minimal, une équation complexe dans la gestion d’un calendrier infernal

Christophe Galtier a promis "des rotations et des sorties de match plus tôt" à la reprise. Une promesse déjà formulée en début de saison et non tenue par la suite. Cela lui a plutôt réussi jusqu’à maintenant puisque le PSG a gagné dix de ses onze premiers matches toutes compétitions confondues, en s’appuyant sur un même onze de départ modifié à la marge en fonction des circonstances. Mais les premières difficultés commencent à poindre.

Privé de Presnel Kimpembe pour plusieurs semaines, dans un secteur de jeu où il ne dispose que de trois centraux de métier, Galtier a la chance de pouvoir compter sur le profil hybride de Danilo Pereira, costaud aux trois postes. Pourvu qu’il ne se blesse pas. Auteur d’une bonne entrée en jeu, Mukiele est à l'aise dans l’axe où il peut lui aussi dépanner, mais son entraîneur le voit davantage comme l'unique relais du Marocain Achraf Hakimi au poste de piston droit.

Au milieu, Christophe Galtier pourrait devoir composer sans Marco Verratti lors des prochaines semaines, alors que Renato Sanches est blessé. Le technicien français s’appuie énormément sur l’Italien et le Portugais Vitinha. Fabian Ruiz a connu sa première titularisation hier soir, mais il se contentait d’un (très) maigre temps de jeu jusqu’alors, tout comme l’Espagnol Carlos Soler et l’attaquant français Hugo Ekitike sur le front offensif.

Ces derniers sont censés apporter du jus et du danger lorsque l'entraîneur parisien fait appel à eux pour suppléer l'un des trois de devant. Pour cela, encore faut-il jouer pour emmagasiner du rythme et acquérir des automatismes. Or, Galtier a très peu fait tourner en attaque. Seul Neymar a démarré sur le banc, et c'est encore lui qui sort le premier hier soir, un peu déçu et en colère. La Coupe du monde approche, et les choix les plus difficiles à venir pour Christophe Galtier avec.

QM