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PSG: phénomène de précocité, Bitshiabu grandit (très) vite

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El Chadaille Bitshiabu est devenu dimanche, en Coupe de France, le plus jeune joueur de l’histoire du club à faire ses débuts pour le PSG. Véritable phénomène de précocité, le "Titi" parisien a néanmoins encore besoin de grandir, et de gagner en maturité dans son jeu. Logique pour un joueur qui n'a pas encore 17 ans.

Pour une fois, le phénomène de précocité ne s’appelle pas Kylian Mbappé. A 16 ans, 7 mois et 3 jours, El Chadaille Bitshiabu est devenu dimanche à Valenciennes le plus jeune joueur à porter le maillot du PSG en match officiel. Son entourage avait coché la date dans le calendrier, espérant le voir débuter avec l’équipe première à l’occasion des 32es de finale de la Coupe de France. On jouait la 75e minute de jeu quand Mauricio Pochettino, l’entraîneur, a choisi de le lancer, en remplacement de Presnel Kimpembe. Tout un symbole. L’aboutissement d’une trajectoire exemplaire pour ce garçon, qui a toujours été surclassé, dans toutes les catégories d’âge.

Le jeune défenseur a déjà tout d’un grand, et pas seulement par la taille - il culmine déjà à 1,98m. Outre ce gabarit hors-norme qu’il est difficile de ne pas remarquer tant il saute aux yeux, El Chadaille Bitshiabu possède une qualité de passe exceptionnelle. "Il est très bon dans le placement, mais ce qui est surtout intéressant chez lui, c’est sa qualité de passe, relève Mathieu Bodmer pour le podcast Scouting. Sur chaque ballon, il essaie de casser les lignes. Gros pied gauche, jeu long, jeu court. C’est un profil de très, très haut niveau." Son aisance technique balle au pied, qui lui permet de changer le jeu très rapidement, en a surpris plus d’un, cette caractéristique étant rarement observée dans ces catégories d’âge.

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Le potentiel est immense, et le joueur est loin d'en avoir atteint les limites. La marge de progression est énorme, à tous les niveaux. "C’est un jeune qui a déjà beaucoup de coordination et qui a une intelligence motrice. Il arrive à s'adapter très vite pour répondre à une situation assez rapidement. Le point fort qu’on peut identifier chez lui, c’est qu’il a une grosse marge de progression physiquement", explique Dimitri Demonière, le préparateur physique qui veille à son développement, en accord avec le club. Conscient de la situation, le PSG prend soin d’éviter le surentraînement, qui pourrait être fatal à un jeune joueur aussi grand.

Encore du chemin à parcourir

Dimitri Demonière, l'ancien sprinteur qui encadre la progression physique d’El Chadaille depuis plusieurs mois, évoque pour RMC les enjeux derrière le travail qu’il a entrepris avec la pépite parisienne: "Il faut respecter les étapes de progressivité pour être certain qu’il encaisse correctement les séances, et continue un processus de progression tout au long de son évolution. Il ne faut pas vouloir l’amener trop vite trop tôt à un certain niveau. On essaie de respecter le processus de développement du jeune, qui n’est, pour l’instant, pas capable d’encaisser certaines intensités. Il faut l’y amener justement pour qu’il atteigne son plein potentiel à maturité footballistique."

Au-dessus de la moyenne physiquement, El Chadaille Bitshiabu prend parfois des risques dans son jeu de passes, obligeant Zoumana Camara, son entraîneur, à la canaliser, et à le sensibiliser à une lecture plus efficace de la situation. Le jeune joueur a occupé différents postes, de milieu de terrain à attaquant, ce qui pourrait expliquer cette inclination vers l’offensive, et la tentation, parfois, d’opter pour des passes plus compliquées, qui permettent néanmoins, quand elles sont réussies, de créer un décalage. Dans son processus de formation, le Paris Saint-Germain a toutefois estimé qu’il était peut-être plus judicieux de prendre le risque de mettre le joueur en échec, de le sortir de sa zone de confort, pour lui ouvrir de nouvelles perspectives.

Très (voire trop) impressionnant en défense centrale, même en U15, il a été déplacé au milieu de terrain. Bitshiabu s’est alors retrouvé dans une zone beaucoup plus dense, avec peu d’espaces pour se dégager lorsqu’un joueur vient vite sur lui. "Il a dû acquérir une maîtrise technique, se rappelle Saïd Agoun, l’un de ses formateurs au PSG. Il est en échec sur les premiers matchs parce qu’il n’a pas eu cette habitude. Ce qu’il a fait, c’est qu’il était souvent dos au jeu, avec des difficultés sur la relance. Il va falloir qu’il travaille ses prises de balle sous pression, qu’il soit capable de travailler son autre pied. Il doit être encore meilleur dans son jeu de tête, la taille ne suffit pas, il le sait. Il n’est pas mauvais, mais il y a encore du chemin à parcourir."

QM avec Loïc Tanzi et le podcast Scouting