PSG: spectacle, trophées, communication… le bilan décevant de Pochettino

Il a débarqué avec une étiquette d’ancien de la maison. Un ancien capitaine même. De quoi lui offrir une réelle cote de sympathie, une indulgence supplémentaire et un matelas de sécurité rembourré. Mais Mauricio Pochettino n’a pas su capitaliser sur ce terrain favorable. Un an et demi après son arrivée sur le banc du PSG (en janvier 2021), le coach argentin a épuisé tout son crédit. Les dirigeants du club de la capitale ont décidé de s’en séparer ce mardi, malgré un contrat qui court jusqu’en juin 2023, et lui cherchent un successeur. La faute à un bilan très contrasté, pour ne pas dire clairement négatif…
Un triste spectacle sur le terrain
C’est le gros point noir du passage de Pochettino sur le banc du Parc des Princes. Sous sa direction, le spectacle proposé dans l’enceinte de la Porte d’Auteuil a été d’un très faible niveau. Rarement enthousiasmants, souvent ennuyeux, régulièrement soporifiques, les matchs du PSG n’ont pas transcendé les foules ces derniers temps. C’est le moins que l’on puisse dire. Malgré un effectif de stars et une pléiade de talents, l’ancien entraîneur de Tottenham n’a jamais trouvé la bonne formule. Il n’a pas semblé tout le temps la chercher non plus. Malgré quelques expérimentations, ses choix convenus n’ont rien apporté d’intéressant et ses tentatives de changement ont dans leur majorité viré au flop.
Incapable d’imprégner une identité de jeu, il a regardé son équipe enchaîner les rencontres sans saveur avec une étonnante passivité. Le plus souvent scotché sur son banc. Depuis l’arrivée des propriétaires qataris, à l’été 2011, les supporters n’avaient jamais autant baillé devant le PSG. Les prouesses de Kylian Mbappé, la vista de Marco Verratti et les percées de Nuno Mendes ont un peu masqué la misère. Mais avec autant de couleurs dans sa palette, Pochettino pouvait difficilement exposer un tableau plus terne.
Un bilan contrasté en Ligue des champions
Les entraîneurs du PSG sont en grande partie jugées sur leurs résultats en C1. Pochettino le savait en signant. Et il a d’abord plutôt bien rempli sa mission principale. Lors de ses six premiers mois, il a mené les Parisiens jusqu’en demi-finale de la Ligue des champions. Avec un parcours prestigieux, du suspense et des émotions. Les coéquipiers de Marquinhos ont terrassé le Barça, avant de sortir le Bayern Munich et de chuter contre Manchester City.
Mais la deuxième épopée a été nettement moins concluante. La victoire au Parc contre les Citizens (2-0) a été annihilée par un revers à l’Etihad Stadium (2-1) et Paris a terminé à la deuxième place de son groupe. Avant de se faire foudroyer par le Real Madrid dès les 8es. Vainqueurs 1-0 à l’aller dans leur jardin, les hommes de Pochettino se sont écroulés à Bernabeu au retour, face à un Karim Benzema touché par la grâce (3-1). Une humiliation sans doute fatale au coach argentin.
Une réputation ternie en Ligue 1
Lors de la dernière décennie, le PSG était habitué à régner en maître dans l’Hexagone. Même si les titres 2012 et 2017 lui ont échappé, le club de la capitale se montrait souvent intraitable avec ses adversaires nationaux. Ses défaites se comptaient sur les doigts d’une main. Mais cette domination a pris du plomb dans l’aile sous Mauricio Pochettino. Sur l’année et demie écoulée, Paris a chuté de (trop) nombreuses fois en Ligue 1. A intervalles réguliers. Lorient, Monaco, Nantes, Rennes et Nice en ont profité pour s’offrir son scalp. Dans des circonstances parfois embarrassantes.
Des titres glanés et perdus
Même si son PSG a déçu, Pochettino a profité de son aventure au Camp des Loges pour inaugurer son palmarès d’entraîneur. L’ex-coach de l’Espanyol Barcelone a remporté le Trophée des champions 2020 contre l’OM (qui a eu lieu janvier 2021 en raison de la pandémie de Covid-19), la Coupe de France 2021 (victoire en finale contre Monaco) et le championnat 2022.
Dans le même temps, il a laissé filé tout autant de titres en perdant le championnat 2021 (au profit de Lille), le Trophée des champions 2021 (défaite contre le Losc) et la Coupe de France 2022 (élimination face à Nice). En 84 sorties à la tête des Rouge et Bleu (toutes compétitions confondues), il compte 56 succès, 13 nuls et 15 défaites. Avec une moyenne de 2,15 points par match (le meilleur ratio de sa carrière de coach).
Une communication tiède
Les conférences de presse de Pochettino ont souvent été à l’image des prestations de son équipe. Sans grand intérêt. Accompagné de l’un ses adjoints, chargé de la traduction, le technicien de 50 ans a enchaîné les banalités et les réponses plates durant un an et demi. En espagnol, la plupart du temps. Sans jamais rentrer dans les détails, l’ancien défenseur central a rabâché des phrases téléphonées, sur un ton monocorde, même au plus fort de la tempête.
Régulièrement interrogé sur le triste contenu des matchs, il a opté pour le déni en faisant mine de ne pas comprendre les reproches qui lui étaient formulées. Pour les journalistes, il s’est mué en très mauvais client. Pour le public aussi, du coup. Pas de quoi servir les intérêts médiatiques du PSG.
Les jeunes du club laissés de côté
C’est un autre grand reproche qui est fait à Pochettino. Durant son mandat parisien, le technicien argentin n’a accordé que très peu de places aux jeunes du centre de formation. Xavi Simons, Eduard Michut, El Chadaille Bitshiabu ou Ismaël Gharbi ont bien gratté quelques apparitions, entre la L1 et la Coupe de France. Mais pas de quoi lancer réellement leur carrière.
Le désert de l’entrejeu, les mauvaises prestations de certaines stars offensives et la fin de saison sans enjeu auraient sans doute pu permettre d’offrir plus de perspectives aux titis parisiens. Mais Pochettino a préféré miser sur des doublures limitées (Kehrer, Herrera), en manque de confiance (Wijnaldum) ou démobilisées (Icardi, Draxler). De quoi frustrer une bonne partie des supporters. Et envoyer un message très négatif aux futurs cracks du Camp des Loges, qui n’ont plus que l’équipe U19 pour s’exprimer depuis la disparition de la réserve il y a trois ans.