RMC Sport

Reims: meilleur buteur devant Mbappé, adoubé par Henry, des visées à Arsenal... l'éclosion de Balogun

Folarin Balogun affole les compteurs avec le Stade Reims cette saison. Auteur d’un triplé mercredi contre Lorient (4-2), l’attaquant de 21 ans, prêté par Arsenal, est en tête du classement des buteurs de Ligue 1 devant Kylian Mbappé. Une belle récompense pour l’international Espoirs anglais, adoubé par Thierry Henry et encensé par son coach Will Still.

Nicolas Pépé lui a lancé un défi l’été dernier, au moment de son départ d’Arsenal: marquer dix buts en Ligue 1. Et il ne lui a fallu qu’une demi-saison pour le relever. Folarin Balogun fait même largement mieux avec le Stade de Reims, où il est prêté sans option d’achat. A l’aube du mois de février, l’attaquant de 21 ans est tout simplement en tête du classement des buteurs, avec 14 réalisations en 21 journées. Devant Kylian Mbappé (13) et une escouade composée de Terem Moffi, Neymar, Jonathan David, Wissam Ben Yedder et Alexandre Lacazette (12). L’avant-centre de l’OL, qui l’a côtoyé chez les Gunners, fait d’ailleurs partie de ceux qui lui ont conseillé de venir s’aguerrir dans l’Hexagone.

Et le résultat est assez spectaculaire, à l’image de son triplé retentissant contre Lorient, mercredi à Auguste-Delaune (4-2). Alors que son équipe était menée 2-0, Balogun a renversé le match en treize minutes. Le temps de transformer un penalty en force, de marquer d’une volée du droit et de réussir une superbe reprise du gauche. De quoi impressionner son coach Will Still, qui l’a installé à la pointe de son 4-2-3-1.

Une relation spéciale avec Will Still

"Il a une certaine lucidité parce que c’est difficile de mettre un pénalty quand tu es mené. Et puis il met deux buts d’une qualité exceptionnelle. La volée, c’est très dur à faire. Et la finition du pied gauche en une touche, ça montre l’attaquant qu’il est. Il a encore travaillé énormément pour l’équipe. C’est le ‘Balo’ qu’on connaît, qu’on voit tous les jours’. Chapeau à lui car je crois que c’est son premier triplé", a réagi l’entraîneur de 30 ans.

En chambrant un peu son protégé au passage: "Il faut vraiment souligner la qualité de ce dernier but. La passe est parfaite mais normalement son pied gauche est éclaté et là, il arrive à la reprendre plat du pied et la mettre petit filet."

Avant le match nul face au PSG, dimanche au Parc des Princes, Will Still avait également taquiné Folarin Balogun, auteur d’une égalisation plein de sang-froid à la dernière seconde du temps additionnel (1-1). "Je vous conseille de ne pas lui parler en français parce que son français est éclaté", s’était amusé le coach belge en conférence de presse. Lors d’un entraînement filmé par Prime Vidéo, il avait déjà interpellé son avant-centre à ce sujet, en lui lançant avec le sourire: "Ton français est absolument atroce, épouvantable!"

Un attaquant au service de son équipe

Des marques d’affection qui traduisent l’aisance avec laquelle Balogun (qui prend des cours de français depuis son arrivée) s’est fondu dans le décor en Champagne-Ardenne. Avec sa sympathie, son ouverture d’esprit et son envie de progresser à chaque séance, l’espoir des Gunners a rapidement conquis l’assistance. "On a réussi à donner à ‘Balo’ en environnement où il se sent bien, expliquait Will Still le week-end dernier. On lui a tout de suite donné de l’importance dans l’effectif et il nous le rend à chaque match. On met en avant ses buts, mais il y a tout le reste. Ses courses, sa disponibilité, son sens du sacrifice et son état d’esprit quand on n’a pas le ballon. C’est un attaquant très complet, qui a déjà montré des choses très intéressantes."

Ses partenaires sont tous sous le charme, à l’image d’Azor Matusiwa, le milieu de terrain néerlandais: "Folarin est vraiment très important pour nous. Pas seulement par ses buts mais aussi avec son jeu. Il nous aide beaucoup. Il est en pleine confiance, il doit continuer comme ça. On est très contents de l’avoir à nos côtés."

Il peut jouer pour trois pays

Né à Brooklyn, dans le sud de New York, où réside une partie de la famille de sa mère, Balogun a grandi à Londres. Il a débuté le foot dans le club d’Aldersbrook, au nord-est de la ville. Vers l’âge de 11 ans, il a effectué en même temps un essai à Arsenal et à Tottenham. Durant près d’un mois et demi, il a joué simultanément pour les deux clubs rivaux, avant de signer un contrat pour les Gunners. International Espoirs anglais, il a aussi porté le maillot des États-Unis en U18, sachant qu’il peut également être appelé par le Nigeria, le pays de ses parents. Pour l’heure, le n°29 de Reims n’a pas encore choisi sa nationalité sportive. Ce sera une décision familiale, a-t-il fait savoir.

En attendant ce grand admirateur du Brésilien Ronaldo poursuit son ascension en maltraitant les filets à un rythme effréné. Dans les grands championnats européens, seuls Erling Haaland (25 buts avec Manchester City) et Harry Kane (16 buts avec Tottenham) font plus de dégâts. Arrivé à Reims avec une certaine pression, il a déjà fait mieux que son prédécesseur Hugo Ekitike, parti au PSG et auteur de 10 buts en 1 la saison passée. En ne ratant qu’une seule rencontre (face à Lille, le mois dernier). Ses appels incessants, sa vitesse de course, sa rapidité d’exécution, ses efforts constants et son pressing en font aujourd’hui l’un des attaquants les plus dangereux du championnat de France. Et un véritable poison pour les défenses adverses. Bien au-delà de ses lignes de stats.

Toujours en quête de perfectionnement

Proche de Bukayo Saka, avec qui il a été formé outre-Manche (ils ont le même âge), Folarin Balogun, qui a pu profiter des conseils de Pierre-Emerick Aubameyang à Arsenal, est en quête d’amélioration permanente. "Je sais que je suis rapide et que je suis capable de résister aux contacts donc, le plus important pour moi, c’est vraiment le timing, confiait-il en novembre sur le site de la LFP. Si tu pars au bon moment, personne ne peut t’arrêter. Il faut également que je sois plus efficace devant le but, plus tueur. Je dois être capable de terminer les actions de toutes les façons possibles: du gauche, du droit et de la tête."

Une mentalité très appréciée par le staff rémois, Will Still en tête, à l’heure où l’équipe reste sur treize matchs sans défaite en L1: "C’est quelqu’un de très conscient. Il sait exactement ce qu’il doit travailler. Mais il n’a pas un égo surdimensionné. Il ne se prend pas la tête. Avoir un joueur comme ça, c’est un bonheur au quotidien."

Un exil contre l’avis de sa famille

Après sept apparitions avec l’équipe première d’Arsenal (deux en PL, cinq en Ligue Europa), Balogun a été prêté l’an passé à Middlesbrough, en Championship. Une expérience peu concluante, dans un rôle de meneur de jeu (21 matchs, 3 buts), qui l’a convaincu de quitter son cocon londonien pour tenter sa chance dans la Marne. Contre l’avis de sa famille. "J’ai toujours aimé prendre des risques. Je ne suis pas quelqu’un qui joue la sécurité. La solution la plus facile aurait été de rester en Angleterre. Mais ça ne me tentait pas. J’avais vraiment envie de me tester, sortir de ma zone de confort et voir comment j’allais réagir face à un nouveau défi."

Une mentalité qui a surpris Thierry Henry. Le meilleur buteur de l’histoire des Gunners (228) connaît bien Folarin Balogun pour l’avoir vu éclore dans son club de cœur. "Il est bien à Reims parce qu’il porte les mêmes couleurs qu’à Arsenal, a plaisanté le champion du monde 1998 sur Prime Vidéo. J’ai été surpris qu’il vienne dans le championnat français parce qu’en général, les jeunes Anglais restent en Championship ou dans des clubs de Premier League un peu plus bas. Ils n’aiment pas trop bouger. Ça montre l’état d’esprit du garçon. Ce que j’aime avec lui, c’est que c’est un attaquant à l’anglaise. Il prend la profondeur, il se bat, il met la pression. Et il finit aussi. Il n’a peur de personne et ça c’est important."

Les précieux conseils de Thierry Henry

Avant PSG-Reims, Henry et Balogun ont échangé quelques mots sur la pelouse du Parc. Le joueur de 21 ans a ensuite rendu hommage à l’ancienne idole d’Highbury en imitant sa célébration au point de corner. Avant de le retrouver en plateau et de lui demander une photo en direct, en compagnie de son coéquipier zimbabwéen Marshall Munetsi. Il faut dire qu’Henry s’est toujours montré bienveillant avec le jeune Londonien, en lui distillant de précieux conseils. D’abord au centre de formation, puis au début de sa carrière pro.

"Je l’avais vu lors d’un derby Arsenal-Tottenham, a raconté Balogun à la LFP. Je n’étais pas dans le groupe ce jour-là et, alors que je me dirigeais vers mon siège en tribune, je suis passé devant Thierry sans le voir. Il m’avait attrapé le bras pour me saluer et me demander comment j’allais. Il m’avait dit de m’accrocher et il a eu des mots assez forts pour me motiver, notamment : 'Si tu crois que tu as le potentiel pour jouer à Arsenal, alors montre-le'. Aujourd’hui encore, je me souviens parfaitement de ses encouragements."

Une place chez les Gunners la saison prochaine?

Également buteur en Coupe de France face aux Herbiers (National 4), le droitier d’1,78m, dont la valeur est estimée à 14 millions d’euros par le site Transfermarkt, va désormais devoir enchaîner en Ligue 1 avec un nouveau statut. Et des défenses plus vigilantes. L’occasion de gagner encore en maturité avant d’envisager un retour à Arsenal, où il est sous contrat jusqu’en 2025. En espérant se faire une place dans l’équipe de Mikel Arteta, qui aura peut-être été sacrée championne d’Angleterre d’ici-là.

https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport