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Riolo : "Paris file vers le titre, l’OL s’accroche…"

Daniel Riolo

Daniel Riolo - DR

Retour sur la 34e journée de Ligue 1 et le mano a mano entre l’OL et le PSG pour le titre de champion… ainsi que sur les critiques dont fait l’objet Marcelo Bielsa.

En attendant que le PSG mette son calendrier à jour, l’OL avance et s’accroche jusqu’au bout. A Reims, l’OL a fait comme devant Sainté, un départ canon. Et ce presque à la minute près, 25 minutes environ. Dans ce laps de temps, Lyon a fait la différence en menant 3-1, en marquant de beaux buts et en offrant un beau spectacle. Mais dès après le 2e but, Reims a commencé à exister et à se créer pas mal d’occasions. La tendance s’est confirmée en seconde période. Reims domine, l’OL concède. Surprenant scénario qui voit l’OL tout écraser puis subir. Fournier le voit bien et lance Ferri pour Grenier. L’OL veut être plus solide au milieu et on est bien obligé de constater l’incapacité des Lyonnais à reprendre le jeu en main. Bien plus agressif, Reims est supérieur dans le jeu. Et comme le rythme n’est pas dingue, on se laisse aller à quelques questions : ça donnera quoi cette équipe de Lyon en Ligue des champions ? Jouer 25 minutes, ça suffira ? On a le temps…

Le PSG file vers le titre et à moins d’un dérapage improbable, le triplé historique est donc en vue. Face à Lille, il n’y a pas eu de match, ou plutôt si, une partie totalement maîtrisée. Cavani et surtout Lavezzi ont enfin été bons et derrière eux, Pastore et Motta les ont bien servis. En ayant très bien débuté, on a vu que ce PSG est peut-être bien plus à l’aise en contre. Le jeu de possession, c’est bien, mais encore faut-il bien le faire. Avec de tels passeurs et des attaquants de ce type, le style imposé par Blanc n’est peut-être pas le plus adapté. Lavezzi et Cavani à Naples jouaient en attaques rapides et ils étaient meilleurs. Mais peu importe le style. Lille, qui restait sur une belle série, a été balayée. A une poignée de matches de la fin, la route est tracée.

Pour le reste, le haut du classement se clarifie. Monaco se met peu à peu à l’abri pour la 3e place et Sainté peut comme d’habitude viser la 4e. Pour en faire quoi ? Aller en Ligue Europa pardi ! A Montpellier, on le sait, on n’en veut pas. A Sainté oui. Cette semaine, tout le monde était ravi au club de voir Dniepr se qualifier pour les demies de la Ligue Europa. Bah oui, si celui qui vous a sorti va loin, ça donne des excuses, c’est simple le foot ! C’est ça la L1, la mentalité de nos clubs ambitieux. Dniepr a sorti la redoutable équipe de Bruges. Mais je n’ai même plus la force d’être ironique devant autant de vacuité.

« Bielsa s’est trompé oui. Il n’aurait jamais dû venir dans ce pays »

Tout va bien donc pour les Verts. Tout va bien pour le foot français, sa famille. L’OM se casse la gueule, Bielsa va enfin partir, c’est la fête. Un jour je comprendrai peut-être pourquoi une telle haine entoure ce coach dans ce pays. Il n’est peut-être pas admiré partout, mais il est au moins respecté partout où il est passé. Mais ici, il ne récolte qu’hostilité. Pourquoi ? Pourquoi, on n’est le seul pays où on le traite d’imposteur ? Pourquoi Ancelotti avait subi le même sort ? Pourquoi Jardim est également traité avec mépris ? Avouez que c’est troublant. Les faits sont incontestables et têtus.

Dans l’Equipe, l’édito de ce dimanche était très dur à l’égard du coach de l’OM. Plus tôt dans la saison, l’auteur du texte avait d’abord flingué Bielsa. Puis elle l’avait encensé et maintenant elle se moque de lui comme si c’était un moins que rien. Jamais un tel traitement n’a été infligé à un entraîneur français ! JAMAIS. Même Domenech. Le grand coach des Bleus pendant 6 ans que toute la famille du foot français a soutenu en 2008 !

Jamais un autre entraîneur n’a parlé d’un confrère comme l’a fait Pascal Dupraz, jamais ! Pourquoi ? Le corporatisme dont je parle souvent n’a jamais été aussi puissant. En Argentine, longtemps on a débattu entre les pro Menotti et les pro Bilardo. En Italie, entre Sacchi et les autres. Aux Pays-Bas, entre l’école Ajax et celle du PSV. On parle foot, styles. En France, non ! Ça a pourtant existé, il y a longtemps, Sainté-Nantes. La revue « Miroirs du foot » portait une idée sur le jeu. Mais aujourd’hui, rien ! Le résultat est la seule vérité. Aucune réflexion. On se serre les coudes dans la famille et on chasse l’ennemi étranger. D’ici qu’il puisse avoir une idée…

L’éditorialiste de l’Equipe, très ironique, se moque de ceux qui défendent Bielsa en disant en gros : « Si on ne comprend pas Bielsa, c’est peut-être qu’on ne connaît pas le foot en France ». Je n’irai pas jusque-là, même si dans certains cas, comme celui d’espèce, j’ai un doute. Mais nos résultats, le nombre d’entraîneurs français de renommée internationale, le nombre de titres européens ne pourraient-ils pas au moins conduire à un peu de retenue ? Un peu d’humilité ?

Mon but n’est pas de dire que tout ce que fait Bielsa est bien, loin de là. Il se trompe comme tout le monde. Moi, je défends juste son idée du jeu, le personnage hors du commun et je me demande si ce qu’il se passe à l’OM en cette fin de saison, n’est pas aussi dû à la gestion et au recrutement du club depuis 5 ans ! Derrière, le procès fait à Bielsa qui s’interroge sur la nature des joueurs de l’OM ? La politique sportive du club ? On a oublié que Deschamps a aussi été lâché par ses joueurs à l’OM ? On lui a dit à l’époque qu’il devait s’adapter à son environnement, que sa méthode était pourrie ? Non bien sûr. Bielsa s’est trompé oui. Il n’aurait jamais dû venir dans ce pays, pour diriger des joueurs d’une dignité proche du néant !