Riolo : "Verratti, exigence et humilité…"

Marco Verratti est un garçon adorable. Alexandre Lacazette aussi. Et même Serge Aurier. Mais si. Et non, je ne suis pas ironique. Mais en fait, on s’en fout. Après tout, on ne les connaît pas. Quand on connaît les gens, on a toujours pour eux plus de tendresse. On peut les haïr aussi. Dans les deux cas, les sentiments s’en mêlent.
Le joueur de foot est entouré d’affection. Il baigne dedans. Pour la famille, l’entourage, il est le chouchou, la star. Pour le club, un « bien » qu’il faut préserver. Le coach doit faire avec ce statut. Et il doit lui aussi entrer dans l’affect. C’est le nouveau management du foot. Les câlins. Un Capello n’y arriverait plus aujourd’hui. Van Gaal a cédé. Même Mourinho, l’ex-entraîneur du XXIè siècle, a du mal. Et quand ça marche, ça dure moins longtemps qu’avant. Durée de vie du câlin ? Je dirais deux ans maxi. Le joueur a beaucoup perdu en autonomie affective. Et les entraîneurs sont de plus en plus vite contestés. Ils doivent gérer des ego bien plus que bosser la tactique !
A ce point entouré et couvé, le joueur perd vite un élément de base du sport de très haut niveau, l’humilité. Il oublie aussi l’autre élément crucial, l’exigence. On lui donne tout avant, alors l’après… C’est l’histoire des droits et des devoirs…
Devant Guingamp, Lacazette a marqué un penalty. Trois jours après avoir manqué face à la Juve, cette réussite, face aux Bretons, a été saluée. « Quel courage », « il fallait le faire quand même »… Et c’est là, devant ma télé, voyant ce but et les commentaires qui ont suivi, que je me suis dit que j’étais largué. Que je ne comprenais plus rien. Certes, c’était touchant de voir Lacazette échouer contre la Juve. Sa joie après son péno était agréable à observer. Ok, très bien et donc ? Lacazette est une star du foot. Il a un salaire de star. Enorme. Il rate un péno, ce n’est pas la fin du monde, mais eu égard à son métier, aux attentes placées en lui, c’est grave ! Oui et il le sait. Mais quel courage peut-il y avoir à reprendre le ballon et à tirer face à Guingamp ! Mais c’est le minimum, non ? J’ai un doute. Je fais dans l’excès d’exigence en disant ça ? C’est comme quand on souligne que des joueurs se sont bien battus, qu’il y avait de la détermination !! Là, pardonnez-moi, on va encore dire que je suis excessif, mais j’hurle ! Oui, je trouve ça dingue, fou, hallucinant.
Quand Verratti est sorti du terrain face à l’OM, le « petit hibou » a manifesté son mécontentement. A force d’être caressé dans tous les sens, d’avoir peur qu’il ait des idées de départ, on le laisse tout faire, tout dire, le petit chouchou. C’est bien beau d’être la petite merveille du PSG, mais à quel moment elle brille la merveille ? Quand on émarge à 700 000 ou 800 000 par mois, on peut donner plus ou pas ? Respecter l’équipe, le coach, les autres ? On peut être soumis à une exigence top niveau mondial ? Quand Verratti se comporte ainsi, il envoie quoi comme message aux autres ? « Moi je joue, et pas vous » ? Et il y a des gens assez naïfs pour croire qu’un vestiaire vit bien un tel caprice ?
Verratti a oublié l’humilité. Et malgré tout son talent, il devrait se mettre devant un miroir et se faire un petit bilan sur ce qu’il a réellement fait au PSG. Avoir été le « petit frère d’Ibra » n’est pas suffisant pour devenir un crack !
L’humilité, beaucoup au PSG ont oublié le sens du mot. Il y a combien de nommés au Ballon d’Or dans liste des 30, à Paris ? Quels sont les internationaux de renom ? Thiago Silva vient à peine de revenir en sélection du Brésil. Faut-il parler de Di Maria ? D’Aurier, de Kurzawa, dont les têtes sont sur-gonflées ? J’en oublie peut-être. Le joueur d’aujourd’hui ne pense qu’à lui. A sa carrière. Non, ce n’est pas un cliché, mais une réalité. Le club, l’institution, le coach doivent composer avec cette idée. Et pour ça, il vaut mieux que l’autorité soit claire. Ce n’est pas le cas au PSG.
Je crois que globalement, en termes d’exigence et d’humilité, il faut tout reprendre à Paris. A force de tout gagner en France et de croire que ça voulait dire quelque chose, on a fini par se croire arrivé. Le problème, c’est que "les arrivistes sont des gens qui arrivent, mais qui ne sont jamais arrivés".
A lire aussi >> PSG : mais qu’arrive-t-il à Marco Verratti ?