Sur les traces de Mario Balotelli en Italie: un jeune qui faisait quelques bêtises, mais "une belle personne"

La région est industrielle. Son charme est désuet, désincarné et l’atmosphère est peu propice au tourisme à outrance. Difficile de croire que nous sommes à 100 kilomètres de Milan et de son luxe, dans la région de Brescia, ville de 200 000 habitants, qui a couvé il y a quelques années le phénomène Mario Balotelli. Que ce soit à Concesio, où sa mère vit encore, à Mompiano, où il a fait ses premiers pas avec un ballon rond au bout des pieds, ou à Lumezzane, le club qui l’a lancé dans les tourbillons du monde pro à l’âge de 15 ans, « Balo » a marqué les esprits. Pas pour avoir joué avec des feux d’artifice dans son domicile, comme ce fut le cas lors de son passage à Manchester City, pas non plus pour avoir offert sa compagne de l’époque, Fanny Neguesha, comme trophée d’un pari sur un match de Ligue des champions, ni pour avoir pris les pensionnaires du centre de formation de City pour des cibles vivantes avec ses fléchettes.
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Non, à Brescia, « Super Mario » est vraiment super. « Depuis qu’il est tout petit, il a toujours été un champion. Mon fils était gardien. Et Mario pouvait être à l’autre bout du terrain, il frappait et il marquait… C’est le seul qui pouvait faire ça ! Et tout le monde le voulait dans son équipe parce qu’avec lui c’était la victoire assurée » nous raconte Franco, le patron du Maclan Café, un bar faisant office de véritable musée à la gloire de Balotelli. Le tout avec beaucoup d’admiration dans la voix et… un des nombreux maillots de l’Inter de l’ancien Milanais, « celui qu’il portait lors de son premier but avec le club, il avait 17 ans ».
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« Ici, il n’a rien de fait de particulier, assure le tenant de l’établissement. Il était très éveillé à l’école et c’est vrai que ce n’est pas facile à gérer. Après, si on peut appeler ça des conneries… Ce qu’il a fait quand il était grand, il le faisait déjà quand il était petit. Avec toutes les péripéties qu’il a connues, il s’est créé des inimitiés. Mais moi, je l’ai toujours respecté et je l’ai toujours vu comme une belle personne et un grand joueur de football. Après, ce que pensent les autres, ça ne m’intéresse pas. Moi, je le respecte comme je l’ai toujours respecté et je le redis, les bêtises qu’il a pu faire, tous les autres les ont faites… Même nous, on les a faites, mais on ne s’en rappelle pas ! »
"Tout ce qu'il fait, il ne le fait pas par méchanceté"
Pas sûr que tout le monde préfère passer le temps sur le banc de son équipe nationale avec une tablette… plutôt que de soutenir les copains. Par exemple. Mais rien ne semble en mesure d’écorner le souvenir du jeune Balotelli, joyeux drille et ambianceur, à en croire le chauffeur de bus qui a accompagné, pendant cinq ans, ses aller-retours au stade de Lumezzane. « Des fois, il trouait les bouteilles des autres et lançait de l’eau, mais ce sont des trucs de jeunes. En revanche, lui ne sortait jamais le soir. Quand on allait faire des rencontres à Milan, c’était le seul à être réveillé dans le bus, se remémore le chauffeur. Il rendait tout le monde joyeux, il blaguait. »
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Une joie de vivre difficilement maîtrisable pour sa mère, se souvient Dario Lazzarin, son ancien entraîneur à l’Oratorio, à l’origine de sa bascule entre le bon club de quartier et l’entité formatrice de Lumezzane. « Elle me disait que quand il se réveillait, c’était un tremblement de terre. Il courait partout. Le soir, elle le mettait au lit tôt, pas parce qu’il était fatigué mais parce que pour eux, c’était fatiguant de le suivre… Il ne connaissait même pas les résultats de football. Tous ses amis lui disaient "Regarde la Juve, Manchester, ils ont joué" mais lui ne connaissait pas les résultats. » Ni forcément le sens de la mesure. Quand sa mère l'avait rejoint à Manchester et envoyé faire des courses, « il avait acheté plein de choses, mais pas juste de la viande et des pâtes, il avait aussi acheté une table de ping-pong », lâche dans un rire Dario Lazzarin. « Quand il faisait les choses, il les faisait en grand ».
Une statue de lui dans sa maison de Brescia
Alors rien d’étonnant, en fouillant un peu, d’apprendre que Mario Balotelli a fait faire une statue à son effigie dans sa maison de Brescia. A taille réelle, évidemment, au dernier étage d’un endroit somptueux, surplombant toute la ville et avec une vue privilégiée sur le stade Rigamontti. « Ici, il n’a jamais rien fait d’étrange, même si un jour son permis lui a été retiré, confie le journaliste du Giornale di Brescia, Cristiano Tognoli. Une fois, il a voulu rentrer dans une prison pour femmes, parce qu’il a trouvé une porte ouverte et il voulait voir comment c’était. Dehors, il est vu comme quelqu’un de méchant, comme un bad boy. Mais en vrai, il est fondamentalement bon. Il s’arrête faire des autographes, des photos. Il ne refuse jamais de faire des selfies avec les enfants. Mais de l’extérieur, il donne cette image superficielle et a un comportement maladroit, mais tout ce qu’il fait, il ne le fait pas par méchanceté. Mais ça lui a donné cette image de bad boy. » Une image qui fleurit partout dans le monde aujourd’hui. Sauf à Nice. Et à Brescia, la terre de « Super Mario ».