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EXCLU RMC SPORT

"La DNCG a prouvé que Bordeaux avait mal fait son boulot": la colère du président de Villefranche-Beaujolais, qui veut jouer en L2

Alors que Bordeaux attend fébrilement la décision du CNOSF (Comité national olympique et sportif français), l’avenir du club de Villefranche-Beaujolais (National 1) est lui aussi suspendu à celui des Girondins. Le championnat de Ligue 2 reprend dans moins de 10 jours, et aucune des deux équipes n’est assurée d’y participer. Une situation insupportable pour le président du club rhodanien, Philippe Terrier, qui dénonce un manque d’équité sportive. Entretien. 

Philippe Terrier, la décision du CNOSF (concernant Bordeaux) va tomber dans les prochaines heures, voire les prochains jours, qu’attendez-vous de celle-ci ?

Aujourd’hui, je suis très inquiet par rapport à cette décision. Il y a des influences qui sont mises en place. On n'est plus du tout dans l’équité sportive. La DNCG avait fait son travail correctement. Bordeaux a mal travaillé et n’a pas apporté les éléments à temps à la DNCG et aujourd’hui, tous les jours, on apprend quelque chose de nouveau. Ou la DNCG est reconnue et on considère qu’elle a fait correctement son travail, ou on pense que la DNCG ne sert à rien, qu’on peut y passer en racontant n’importe quoi, en apportant n’importe quel document et après faire appel. Si Bordeaux est repêché avec le CNOSF et l’influence des ministres, je pense que ça fera jurisprudence. Il y aura la justice des gros qui seront allés taper là où il faut, et les petits clubs, qui ont fait leur boulot, on ne les considérera pas. Villefranche sera le nouveau Luzenac de l’année 2022. 

Justement, vous parlez d’équité sportive. Vous pensez que Villefranche n’est pas respecté à sa juste valeur ou que Bordeaux est un trop grand club qui n’est pas amené à disparaitre ?

Les médias ne parlent que de Bordeaux. On parle très peu de Villefranche, c’est inadmissible. Dans la réalité, un budget comme celui de Bordeaux représente 40 années de budget d’un club comme Villefranche pour s’occuper de 650 licenciés, 35 équipes de gamins. On se débrouille pour faire le boulot proprement et il y a des gens qui ont réussi à dépenser 120 millions d’euros et à être déficitaire à la fin de l’année, et c’est eux qui vont être repêchés ? C’est complètement scandaleux. Parce que politiquement, ils auront des appuis, parce qu’ils auront raconté des salades à tout le monde. À la fin, c’est le riche qui va gagner et le pauvre qui va perdre. Personnellement, j’en appelle au gouvernement. Si on n’a pas la chance d’être reçu par le ministre, je demande qu’il y ait une justice dans ce pays. La DNCG a bien fait son travail, ils ont prouvé que Bordeaux avait mal fait son boulot. Donc qu’on respecte la DNCG et le FC Villefranche.

Il y quelque temps, vous parliez d’essayer de vous défendre, comment vous vous prépareriez ? Quels arguments vous avanceriez ?

On n’est pas du tout dans l’environnement de Bordeaux, on n’arrive pas avec 50 avocats, une armada de journalistes, des politiques. On est juste un petit club qui fait son travail. Bien sûr qu’on essaiera de se défendre mais on n’aura jamais les moyens d’activer une grande bataille. On veut juste de l’équité et qu’on laisse les pouvoirs sportifs prendre la décision. C’est à la DNCG et la Fédération de le faire, pas aux politiques. Je tiens à signaler qu’à Bordeaux, la seule personne qui a eu une parole intelligente, et c’est incroyable, c’est Philippe Poutou qui a dit que les politiques de Bordeaux avaient fait n’importe quoi. 

Si la décision du CNOSF n’est pas favorable à Bordeaux, malgré leurs recours possibles au COMEX de la FFF et au tribunal administratif, est-ce que vous vous considéreriez déjà en Ligue 2 ? 

Bien sûr ! Je me considèrerais en L2. Je veux bien qu’ils aient des recours, qu’ils aient tous les pouvoirs mais à un moment il faudra taper du poing sur la table et dire ça suffit. Il y a un petit club qui a fait son boulot. Alors d’accord, sportivement on a raté deux fois les barrages, mais ce qu’on a fait avec nos moyens, c’est exceptionnel. Il faut reconnaitre nos qualités sportives et les qualités de gestion. Il faut nous laisser tranquille et nous laisser travailler. Bordeaux est peut-être en danger, mais nous aussi. On ne sait pas ce qu’il faut dire aux sponsors, aux coachs, aux joueurs, aux futures recrues. Ils nous mettent dans un état catastrophique. Bordeaux n’avait qu’à faire le boulot normalement. Il fallait présenter un dossier correct à la DNCG lors de leur deuxième passage. Ils n’ont pas été capables et subitement, on nous raconte des histoires de 14 millions, c’est inadmissible. Ou ils savaient faire, ou ils ne savaient pas faire et on s’arrête là.

Pour en venir à Villefranche, selon les débuts des championnats de N1 (mi-août) et L2 (30 juillet), la préparation change. Finalement, où en êtes-vous ?

La LFP nous avait rassuré en nous disant que si jamais on était repêché, on jouerait surement les deux premiers matchs en décalé. On a des matchs amicaux en ce moment, avec un joueur blessé encore contre Grenoble. Notre effectif est tellement petit que mon coach m’a dit qu’il ne savait pas s’il pouvait faire encore deux matchs amicaux. À la moindre blessure, je ne peux pas composer une équipe.

Et au niveau du recrutement, qui change également selon la division dans laquelle vous jouerez, où en êtes-vous ?

On a signé beaucoup de jeunes. On a fait le pari de jeunes talents. Même s’ils ne peuvent peut-être pas prétendre à être titulaires en L2, ils pourront faire des apparitions. Dans tous les cas, ils seront là pour composer le groupe et pourquoi pas aider notre réserve à monter en National 3. Au dernier moment, on fera des joueurs qui croient en notre projet et pourraient s’intégrer à l’équipe. 

Vous aviez choisi le stade Jean-Laville à Gueugnon comme stade d’accueil, le votre n’étant pas homologué pour la L2. Il y avait une visite de prévue dans la deuxième quinzaine de juillet pour l’homologation, est-ce que ça avance ?

C’est aujourd’hui que la Fédération vient homologuer tous les travaux qui ont été faits. Il faut savoir que les travaux ont été pris à notre charge. Gueugnon veut bien nous rendre service mais les frais sont à notre charge. Donc on a engagé des frais sans savoir si ça va servir à quelque chose ou pas. On marche sur la tête. 

Comment voyez-vous le futur ? Vous aimeriez avoir plus de clarté ?

Je n’imagine même pas ne pas être en Ligue 2. Ce n’est pas possible que la Fédération se mette dans une situation aussi comique. Je ne vois pas comment la DNCG pourrait accepter. Bordeaux s’est quand même permis de critiquer le travail de la DNCG. Quand j’ai vu ça, je me suis dit que ces gens se permettent des choses impossibles. Pour moi, on est en Ligue 2, c’est une évidence, ça ne peut pas être autrement. 

Donc vous avancez dans le flou, c’est difficile de se projeter ?

Même si ces dernières heures on est tendu, le groupe est solide mentalement. On aura les ressources de rebondir au bon moment. La LFP pourra être fier d’avoir sauvé Villefranche et on montrera qu’on a bien notre place en L2.

Propos recueillis par Youlian Boubnov