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EXCLU RMC SPORT

Toulouse: "Si vous ne jouez pas au foot, il faut changer de métier", Comolli livre les clés de la montée

En deux ans, il a ramené le Toulouse Football Club en Ligue 1. Avant de jouer le dernier match de la saison à Ajaccio (samedi, 19h), Damien Comolli est un président heureux. Comment il a redressé le TFC, l’importance de l’identité du club, les conseils de son mentor Arsène Wenger, la data qui guide ce travail, ou encore l’émotion personnellement forte vécue le week-end dernier pour le titre, Comolli décortique pour RMC Sport de manière passionnée la trajectoire de ces derniers mois.

Damien, avez-vous vécu les derniers jours comme une récompense du travail effectué depuis votre arrivée au club ?

J’ai vécu ces derniers jours dans une espèce de plénitude du travail bien fait, du travail accompli. D’un succès planifié d’une certaine manière. On a tout fait pour enlever le plus d’incertitudes possibles et planifier où on voulait aller, comment on voulait aller et quand on voulait aller. Et je le vis dans un sens à la fois de communion avec toute notre communauté, tous nos supporters, et de fierté de leur avoir donné de la fierté. On reçoit des emails, des messages de gens qui nous disent: nous sommes fiers de Toulouse, fiers du TFC, fiers d’être Toulousains, fiers de la ville. Et ils nous le témoignent en permanence ! Vous marchez dans la rue, on vous arrête tous les cinq mètres Les deux choses les plus entendues sont "merci" et "félicitations". Et ça à tout instant ! Dans les restaurants, dans la rue… et je vous passe samedi et dimanche soir. "Merci pour ce que vous avez fait, de nous avoir rendu notre fierté". C’est pour ça que je vous parle de plénitude en fait.

Quel était votre constat en arrivant au club ?

Ça peut paraitre très, très loin dans le temps alors que c’était il n'y a même pas deux ans ! Mais tellement de choses se sont passées depuis. Il faut se souvenir qu’on a commencé à discuter avec Olivier Sadran pendant le premier confinement. On a eu le temps de beaucoup analyser l’équipe. Et quand on est arrivé, on avait une idée assez claire de ce qu’il fallait changer, des joueurs dont il fallait se séparer et le genre de joueurs qu’il fallait faire venir. Dans notre esprit c’était très clair. La genèse part de là. Ensuite, la deuxième chose qu’on a regardée, c’est ce qu’il fallait pour monter en Ligue 1. Combien de buts il fallait marquer, combien il ne fallait pas encaisser, comment créer des situations de buts. L’âge moyen des joueurs, leur nationalité, la nationalité de l’entraîneur, combien de temps les équipes qui sont montées - et on est remonté jusqu’à 17 saisons avant - étaient restées ensemble avant de monter. Pour savoir si on peut monter avec une équipe neuve ou s’il faut deux, trois, quatre années de vie commune. Donc on a regardé énormément, énormément de facteurs. J’avais une idée assez précise de ce qu’il fallait faire ou pas faire et où on voulait aller.

Et ensuite ?

Quand je suis arrivé au club, les trois premières semaines, j’ai rencontré tous les joueurs sans exception, le staff technique en place, tous les salariés sans exception et j’ai discuté avec pas mal de monde dans la ville et Olivier Sadran évidemment. Et je me suis rendu compte qu’il y avait une cassure complète entre la ville et le club. Il fallait reconnecter les gens au club. Moi je fais ce boulot pour rendre les gens heureux. Je fais ce boulot pour prendre du plaisir bien évidemment, mais on en prend tellement peu… par contre, je veux voir les gens heureux. Quand on joue le Paris FC (le 2 avril dernier, victoire 2 buts à 1), on est à guichets fermés, le résultat était pour moi moins important que le bonheur des gens. Et j’ai vu des gens heureux. Des gens qui ne venaient plus au stade ou qui n’étaient jamais venus au stade. On a été en reconquête de notre public mais aussi en conquête d’un nouveau public. Et le jour de ce match, j’ai vu des familles, un public très féminin… et ça c’est grâce à la politique tarifaire de notre directeur général Olivier Jaubert. On veut un stade très populaire et il le restera en Ligue 1. On veut qu’il y ait beaucoup de diversité dans le stade. Et en voyant le bonheur et tous ces sourires, je le répète, c’était pratiquement plus important que le résultat. On ne pouvait pas développer un club en nous coupant de tous ces éléments autour. Je me suis attaché à faire ça dès le premier jour.

"Je ne supporterai pas d’être président d’une équipe qui ne joue pas au foot"

Vous avez beaucoup parlé d’identité à votre arrivée. Est-ce dû à votre passé dans certains clubs (Monaco, Saint Etienne, Liverpool, Fenerbahçe, Arsenal…) ?

Oui. J’ai toujours pensé que ce qui manquait dans le foot français en général, c’est quelle identité ont les clubs. Et comme c’est quelque chose que j’ai vécu à l’étranger, que ce soit à Fenerbahçe ou Liverpool, vous imaginez à Liverpool (!), à Arsenal ou Tottenham, c’est quelque chose de très fort. Donc dès ma première conférence de presse, j’ai parlé d’identité, de valeurs. Et ensuite il y a deux aspects : tourné vers l’extérieur, on a développé l’aspect "debout, toujours", l’aspect résilience. On est le club de retour en Ligue 1, le club qui tombait mais se relevait tout le temps. C’était un aspect très important pour que notre communauté de supporters s’identifie. Et après on a fait un travail tourné vers l’intérieur, sur notre culture, nos valeurs, notre identité interne. On a réuni tous les collaborateurs du club et ont leur a demandé ce que représentait le TFC. On a fait un gros travail là-dessus.

Qu’est-ce qui ressortait ?

Plusieurs points. Le TFC, c’est "mixité". Mixité de gens, de religions, d’immigration. Le TFC, c’est "manque d’ambitions". Une ambition qui manque ou comment développer une culture de succès. "To lose", en anglais. "Comment aller de to lose à to win". Ce n’est pas moi qui l’ai dit, ce sont les collaborateurs qui l’ont écrit. Mais aussi une énorme fierté par rapport aux Pitchouns. C’est un indicateur fort de la culture du club, les Pitchouns. Ce sont quelques éléments, mais qui sont le marqueur de notre identité, de nos valeurs et de vers où on veut aller à l’avenir.

Vous terminez meilleure attaque avec le record de buts inscrits, vous avez le meilleur passeur, potentiellement le meilleur buteur (Healey, 20 buts). Que dit tout ça de votre saison ?

J’entends souvent que ce sont les défenses qui font gagner les championnats. En fait, on a regardé et c’est faux. Ce sont les meilleures attaques qui font monter en L1. Donc on est parti du principe qu’il fallait attaquer pour monter. Ma culture footballistique, qui me vient surtout d’Arsène (Wenger), c’est que si vous ne jouez pas au foot, il faut changer de métier. Et je ne supporterai pas d’être dirigeant ou président d’une équipe qui ne joue pas au foot. Ça m’est impossible. J’aurai l’impression de trahir l’héritage qu’Arsène m’a transmis. Et ensuite, la saison dernière a été une telle injustice, avec ce qu’il s’est passé à Nantes, on nous a volé à tous une année de notre existence en Ligue 1. Dans le vestiaire, on était tous en pleurs. Moi le premier. J’ai dit aux joueurs : on va revenir plus fort ! Je vous donne ma parole d’honneur. Et le premier jour de la préparation, on n’a pas dit "on veut monter". A l’extérieur on le disait. En interne, on a dit : "on veut être champions". J’ai fait une présentation et sur la dernière slide, c’était le trophée de L2. Et j’ai dit aux joueurs qu’il n’y avait que cela qui nous intéressait. Et d’une certaine manière. On va attaquer et ne jamais s’arrêter.

Vous avez changé d’entraîneur lors de la dernière intersaison (Montanier a remplacé Garande). Avez-vous parfois commis des erreurs ?

Bien sûr. Je prends je ne sais combien de décisions par jour. Comme un chef d’entreprise. La différence, c’est que nous, la mauvaise décision de la semaine, on la paye 45 fois par an le week-end, en comptant les matchs de Coupe. Bien évidemment qu’on a fait des erreurs. Et c’est normal. Le 1er août, ça fera 30 ans que je suis dans le foot de haut niveau. Je pars du principe, maintenant avec l’expérience, que celui qui réussit, ce n’est pas celui qui prend le plus de bonnes décisions, mais celui qui fait le moins d’erreur. Quand il restait 16 matchs, avec mon responsable stratégie sportive, on a été voir Arsène Wenger et on lui dit: il reste 16 matchs, si on en gagne 10, on est champion de France. On en était persuadés. Et d’ailleurs tous nos facteurs de performance au niveau data nous montraient qu’on pouvait le faire. J’ai gagné trois Premier League avec lui. J’ai eu une contribution minimale, mais enfin j’étais là. Ce qui m’avait marqué à l’époque, c’est qu’il ne faisait aucune erreur. Il y avait une espèce de flow qui montrait que ça allait venir. Je sentais exactement la même chose ici. Et ce qui m’avait marqué dans son management, c’est qu’il était d’un calme incroyable, et qu’il ne faisait pas d’erreur. Je lui ai dit : "Arsène, quelles sont les bêtises qu’il faut qu’on évite ?" Vous savez ce qu’il m’a dit ? "Laisse l’entraîneur tranquille". Et je l’ai dit à Philippe (Montanier). Il en a rigolé. Donc pour revenir à la question, c’est celui qui en fait le moins qui va y arriver.

Et comment cela s’est-il traduit pour vous ?

Dans la programmation de la saison, dans la manière dont on a approché le style de jeu et dans l’entraîneur qu’on a pris. Il a absolument transformé le jeu de cette équipe ! Il a fait un boulot incroyable. Il a une personnalité qui fait qu’il est adoré des joueurs et de tout le monde dans le club. Il pense au club avant de penser à lui. Quand il vous dit : "le premier recrutement, c’est le centre de formation", il le pense vraiment. Et il a insufflé cette dynamique positive. A la mi-temps des matchs, il disait toujours qu’il fallait mettre un but de plus. "Et il faut en mettre, faut en mettre, faut en mettre". Donc la première bonne décision qu’on a prise, c’est celle-là. Une des leçons que je retiens de cette saison, c’est que vous optimisez le talent des joueurs en ayant le bon style de jeu. Et Philippe l’a fait. Je ne parle pas de 4-4-2, de 4-3-3, tout ça, on s’en fout. C’est l’intention de les pousser tout le temps à aller de l’avant, à marquer sans s’arrêter.

"Ils ont regardé les 34 dernières équipes qui sont montées directement. On a tout analysé, tout décortiqué"

Vous avez évoqué la data. Le club a beaucoup été associé à ce mode de travail. Pouvez-vous nous parler de votre fonctionnement ?

Redbird (l’actionnaire majoritaire) s’appuie sur une société aux Etats-Unis appelée Zelus. Elle travaille sur le basket, sur le base-ball, en NFL et même en Inde dans le cricket. Et bien sûr dans le foot. Et je les remercie de leur travail depuis qu’on a racheté le club. Donc on est un club qui prend toutes ses décisions avec l’aide de la data et des statistiques. Que ce soit dans le recrutement, dans notre style de jeu, car elle nous aide à affiner notre style, sur les coups de pieds arrêtés… on analyse nos adversaires, notre équipe, nos joueurs sur un plan individuel. On analyse comment on doit aborder une saison, avec notre responsable stratégie Selinay Gürgenc et notre responsable data Julien Demeaux. Ils font un travail énorme de projection, ce sont un peu les cerveaux derrière la machine. Par exemple, ils ont passé des mois à utiliser la data pour optimiser la masse salariale de la saison prochaine, qui sera bien inférieure à tous les autres clubs.

C’est-à-dire ?

C’est-à-dire, comment est répartie la masse salariale. Sur quels joueurs ? Combien de joueurs ont devrait avoir sous contrat ? Quel est le nombre optimal de joueurs ? Comment on répartit l’argent. Notre budget transfert, on le répartit comment ? Sur quels joueurs ? Quels profils ? Quels postes ? Qu’est-ce qu’il faut pour rester en Ligue 1 ? Ils ont regardé les 34 dernières équipes qui sont montées directement. On a tout analysé, tout décortiqué. Et bien sûr, il y a le recrutement. On couvre environ 70 championnats dans le monde. De premier ou de deuxième niveau selon les pays. Dans certains pays on couvre le 3e et 4e niveau, comme en Angleterre. En France on descend jusqu’au National. Ce qui nous permet de faire le recrutement qu’on a fait sur les deux dernières années. Mais on n’est pas là pour donner des leçons. D’autres modèles peuvent marcher. On est très modestes et très humble dans notre approche.

On peut encore travailler sans data ?

Regardez la finale de la Champions League. Vous avez le Real Madrid et Liverpool. Un club qui est le plus grand du monde, qui base tout sur des investissements, une capacité financière incroyable, une culture du succès qui est inégalable et qui doit avoir la plus grosse masse salariale au monde. C’est le Real Madrid. En face, vous avez un club qui a une masse salariale bien inférieure, qui en est à sa troisième finale de Champions League en cinq ans et qui base tout sur la data. Tout ! Toutes leurs décisions sont basées sur la data aussi. Ce qui veut dire que les deux modèles marchent. Nous c’est une approche qu’on a choisie parce qu’on y croit. Mais ça s’arrête là. On respecte le travail des autres.

Il n’y a donc pas un joueur recruté par le TFC qui n’a pas été détecté par la data ?

Pas un.

Ni l’entraîneur ?

Ni l’entraîneur.

Il le sait ?

Il le sait, bien sûr. On lui a tout montré.

Que lui avez-vous montré ?

On a dit à Philippe: pour monter en Ligue 1, voilà le style de jeu dont un club a besoin. Votre style de jeu, sur certains aspects, correspond à ce que l’on recherche. On a même été plus loin, on a regardé combien de joueurs du centre de formation il avait fait débuter dans sa carrière. Parce que pour nous c’est quelque chose de très important. Et on lui a dit: il y a des aspects de votre jeu qui correspondent un peu moins à ce qu’on veut faire pour monter en Ligue 1. Est-ce que vous êtes d’accord avec ça ? Et il faut qu’on soit alignés avant que vous ne veniez. Il nous a répondu: je suis complètement aligné. Donc tous les joueurs et l’entraîneur. Et tous les coups de pieds arrêtés, offensifs ou défensifs, c’est la data qui nous aide à les définir. Bon après, bien sûr que vous avez le pied de Branco (van den Boomen) ou la tête de Rasmus (Nicolaisen) et d’Antho (Rouault). Mais au départ, c’est la data.

"Ma mère m’a dit: pfff, t’en as fait du chemin !"

L’année dernière, le TFC a vendu deux de ses meilleurs joueurs, Amine Adli et Manu Koné. Allez-vous pouvoir garder Branco Van den Boomen ?

Je n’ai pas la réponse. Pour deux raisons: la première, c’est qu’il y a une deuxième chose que nous a dit Arsène Wenger: "vous serez champions de France si tout le monde place l’intérêt collectif au-dessus de l’intérêt individuel". Et nos joueurs ont eu un mérite incroyable, c’est de se dire qu’ils sont en mission. Comme moi. Ils savent où je veux emmener le club. Et ils se sont dits que cette mission devait prendre le pas sur leurs intérêts. A aucun moment un joueur m’a dit qu’il avait une offre. Je sais qu’ils sont sollicités. Moi je me suis dit que je ne parlerai pas aux agents avant la fin de la saison. Ce qui veut dire que je ne sais pas ce qu’il se passe. Et le deuxième élément, c’est qu’il est à un âge (bientôt 27 ans, ndlr) et vu la saison qu’il a faite, s’il y a des clubs qui arrivent et qui sont en Champions League, comment il fait pour dire non ? Et même si, nous, on lui fait un contrat au maximum que nous pouvons faire, c’est déjà la moitié de Montpellier, Lorient, etc. Et je ne vous parle pas des clubs étrangers… Je vais discuter avec lui, mais je ne sais pas. Mais on a fait assez en terme de recrutement sur les deux dernières saisons. Vous soulignez qu’on a perdu ces deux joueurs et malgré tout notre équipe était plus forte que l’année dernière. Donc je demande à notre communauté, nos supporters de nous faire confiance. Si on perd des joueurs, ce qui n’est pas notre intention, faites-nous confiance pour les remplacer.

Pour finir, un mot sur Redbird Capital, l’actionnaire majoritaire. On imagine les Américains satisfaits ?

Ils sont enchantés. Il y avait deux représentants présents le week-end dernier. Ils ont bien fait la fête. Moi je tiens à les remercier. D’abord d’avoir cru en le TFC. Ils nous soutiennent, nous amènent plein d’idées. J’ai envoyé un email à Gerry Cardinale, le patron du fonds, pour le remercier. C’est une aventure extraordinaire. La qualité du travail, le relationnel entre Redbird et le TFC, c’est fabuleux. Ils sont très contents, très ambitieux, ils veulent aller en haut. On est en train de regarder pour investir sur un nouveau centre d’entraînement. C’est beaucoup, beaucoup d’argent. Et ils ont été les premiers à dire que le club devait être top 6 en Ligue 1.

Ils sont là pour longtemps alors ?

La durée moyenne d’une détention d’une société de Redbird est de douze ans. Ils sont là pour très longtemps, quand on parle de nouveau projet, de nouveau centre d’entraînement, on parle de projet structurant à dix, quinze, vingt ans. On parle de projet de stade, comment l’améliorer sur les vingt prochaines années. Donc évidemment, on parle de très, très long terme.

Vous ne voulez pas évoquer le prochain mercato dans le détail. Par discrétion ?

Toujours. J’ai toujours travaillé comme ça et je l’ai appris de personnes beaucoup plus illustres que moi. Déjà à Monaco ou à Arsenal. Et ça marche donc j’y crois.

Vous avez confirmé Philippe Montanier dans son rôle l’an prochain.

(Il coupe) Je ne comprends pas pourquoi cette question est sortie en fait. J’ai été surpris. Philippe ça fait deux mois et demi qu’il m’a donné son programme de préparation. Tous les matchs amicaux, les stages, tout est prêt. Et c’est le programme de Philippe Montanier. Donc bien évidemment.

Il avait signé deux ans. Avez-vous la volonté de le prolonger ?

D’abord il faut que j’en parle avec les actionnaires. C’est quelque chose qui est dans un coin de ma tête, mais on a eu tellement de choses à faire. S’il avait été en fin de contrat, on en aurait fait une priorité, ce n’est pas le cas. On ne s’en est pas parlé. Ce n’est pas un enjeu. Franchement.

De quoi rêvez-vous ? De la visite du PSG ou de Marseille au Stadium l’an prochain ?

Non, je n’ai pas de rêves. Vous savez, je suis né à Béziers, dans une ville de rugby à 140 kilomètres d’ici. Je n’ai jamais été footballeur professionnel. Je me retrouve président d’un club de Ligue 1 à 140 kilomètres d’où je suis né. Il y avait ma mère dans la salle des Illustres dimanche au Capitole (où l’équipe a été reçue pour célébrer le titre, ndlr). Elle m’a regardé, elle m’a dit "pfff, t’en a fait du chemin !" (il souffle, presque ému). Donc des rêves, je n’en ai pas. Mon rêve, c’était de travailler dans le football professionnel et il a été dépassé, vous n’imaginez pas. Si on m’avait dit que je remporterai la Premier League, la Cup, la League Cup, que je serai champion de Ligue 2, pfff, c’est impossible. Donc j’ai arrêté de rêver. Comme je vous disais, on est ambitieux, on ne va pas faire de complexe, on va avoir beaucoup d’humilité. On est content du travail qui a été effectué sur ces deux ans, mais on sait qu’on peut faire mieux. Plus. On pense que le club est à 50% de son potentiel. On a vendu pratiquement toutes nos hospitalités pour la saison prochaine. On avait le dîner de gala du "Toulouse Football Cœur" (le fonds de dotation du club) sur la pelouse lundi dernier, on n’a pas pu fournir toutes les tables. Le téléphone sonne en permanence. Ça vous donne une idée du potentiel du club. On ne rêve pas ! Notre place est là-haut, ce n’est pas un rêve. Alors on sait qu’on ne va pas avoir le ballon quand on va jouer contre Paris, pas de problème. Mais notre place est à cette table-là, où on sera la saison prochaine.

Propos recueillis par Wilfried Templier