Chaos au Stade de France: sans donner de chiffre, la SNCF parle d'une affluence "rarissime" en plein match

La guerre des chiffres autour des spectateurs sans billet aux abords du Stade de France, samedi 28 mai lors de la finale de la Ligue des champions, s’est retrouvée devant deux commissions du Sénat, ce mardi. Depuis les incidents ayant éclaté lors de l’évènement, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, Didier Lallement, préfet de police de Paris, et la Fédération française de football ont, de concert, estimé entre "35.000 et 40.000" supporters anglais sans billet à proximité du stade, participé à congestionner les accès.
Ces chiffres largement contestés par de nombreux observateurs étaient basés, selon les autorités, sur la fréquentation en hausse dans les transports. L’audition de la SNCF et de RATP ce mardi était donc particulièrement attendue. Mais elle n’a pas vraiment permis de lever le mystère sur ce sujet. Il y a bien eu des comptages "manuels" sur l’arrivée des supporters à bord des transports publics, perturbés par la grève sur la partie sud du RER B (gérée par la RATP) provoquant un afflux massif sur le RER D.
80.000 spectateurs sont venus en transports, selon la SNCF et la RATP
"Le dispositif a permis d'acheminer 37.800 spectateurs par le RER D et 6.200 par le RER B, détaille Christophe Fanichet, président-directeur général de SNCF Voyageurs. En temps normal, le RER B transporte 21.600 personnes, et 9.600 sur le RER D. Nous avons donc transporté plus de 40% de voyageurs supplémentaires par rapport à d'habitude, c'est à dire 44.000 contre 31.200."
La RATP a aussi dévoilé ses chiffres à l’aller. "On avait 36.000 voyageurs entre 16h et 21h pour la ligne 13, a expliqué Philippe Martin, directeur général adjoint en charge des opérations de transport et de maintenance. Ce sont des comptages manuels avec deux agents avec 5% de marge d’erreur. Il y a eu 10.500 voyageurs qui sont partis du sud vers la gare du Nord sur le RER B, a-t-il ajouté. La ligne B au Nord a acheminé 6.200 personnes à Saint-Denis." Cumulés grossièrement (puisqu'ils incluent les autres usagers), ces chiffres atteignent les "80.000 spectateurs attendus" par les transporteurs pour cette occasion.
La SNCF n'a pas compté le nombre de voyageurs en plein match
Quid alors de la fréquentation des lignes de transports pendant la rencontre alors que le gouvernement assure avoir constaté un retour massif de supporters sans billet vers Paris? La SNCF a bien constaté le phénomène, sans produire de chiffres précis. "On ne compte pas parce qu’on remet surtout vite le dispositif en place", a expliqué Sylvie Charles, directrice de Transilien (branche de la SNCF qui gère le RER). "Suite à l’affluence de voyageurs souhaitant revenir à Paris pendant le match, le dispositif d’accueil en gare de la Plaine-Stade de France a été remis en place après la fin de la première mi-temps à 22h52 sur le RER B", a confirmé Fanichet.
A défaut d’estimation précise, Sylvie Charles confirme une fréquentation très inhabituelle en pleine deuxième période de la rencontre, dont le coup d’envoi avait retardé de 36 minutes en raison du chaos pour l’entrée dans le stade. "Par rapport à l’affluence en milieu de match, c’est rarissime, assure-t-elle. Il était 22h50-52. Ce n’était pas la fin du match puisque le début du match avait été retardé, c’était connu. Nous avons une capacité d’adaptation qui est à la demi-heure, voire au quart d’heure ces soirs de match. On savait que le match ne se terminerait pas à l’heure prévue. On a vu du monde arriver. Ce qui nous a été dit, c’est que c’était des gens sans billet qui, n’arrivant pas à rentrer dans le stade, repartaient vers Paris. On a remis le dispositif en place, celui dans la gare de la Plaine Stade de France où on a du personnel qui oriente les voyageurs vers le bon quai. Voilà ce qu’il s’est passé vers 22h45."
Les images "partiellement" conservées
D’autres points ont été abordés lors de ces auditions comme la communication autour de la grève du RER B. La RATP s’est ainsi défendue face aux attaques de la FFF en assurant avoir répondu aux attentes des voyageurs. Autre point sensible: les images de vidéosurveillance que la SNCF confie avoir conservées en raison de l’agression d’un supporter dans la gare La Plaine-Saint-Denis.
"De manière habituelle, les images de vidéo surveillance sont conservées 72h pour des raisons de stockage, confie Sylvie Charles. Dans ce cas précis, comme nous avons eu un incident en gare de Saint-Denis, la sureté ferroviaire a bloqué puisqu'on peut conserver jusqu'à 30 jours. Le vendredi 1er juin, la sureté ferroviaire a reçu un appel de la brigade territoriale des transports demandant de bloquer des images. Une partie a été effacée à la Plaine Saint-Denis mais pas tout. Il y a eu une réquisition (de la Justice) en deux temps, vendredi dernier le 10 juin (lors de l'audition de la FFF)."
"Sur le plan de la sureté, il n'y a pas d'incidents majeurs à l'intérieur de l'emprise SNCF à l'exception d'une rixe d'après match en gare de Saint-Denis avec un supporter anglais agressé, confirme M.Fanechet. Nous avons constaté de nombreux actes de délinquance. Une centaine d'agents supplémentaire a été engagé sur notre réseau. Le dispositif a été adapté au besoin de l'évènement. Cela s'est déroulé dans de bonne conditions, sans congestion."