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"Le match le plus important de l’année": comment Madrid se prépare pour le grand derby Real-Atlético

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Le Real et l’Atlético s’affrontent ce mardi soir en huitième de finale aller de la Ligue des champions. À Madrid, rien ne surpasse le football, et les supporters des deux camps sont prêts à se mettre dans tous leurs états. 

"Moi, je vois bien un 2-2." Feutre à la main, Carlos note son pronostic sur l’affiche qui trône dans son bar, les “Hermanos Velasco”. Depuis dix jours, chaque habitué du lieu y va de sa prédiction avant le derby de Madrid, en huitième de finale aller de Ligue des champions (ce mardi, 21h).

“Ici, on est au temple de l’Atléti, le temple de la passion rouge et blanche, où tous les supporters se rejoignent", raconte le patron. Sur les murs, les peñas passées par là y ont accroché leur écharpe. Photos, maillots et figurines occupent chaque centimètre restant. "C’est comme un musée", sourit le propriétaire, particulièrement fier de montrer un siège du Vicente-Calderón, l’ancien stade de l’Atlético, reconverti en décoration murale. 

“Pour nous mardi c’est le match le plus important de l’année. Éliminer l’ennemi public numéro 1, c’est le max pour un supporter, et le football c’est ce qu’il y a de plus important à Madrid", assure Carlos. "C’est le plus grand jour de la ville", confirme José, un fidèle client. Il rêve d’une victoire 4-2 des Colchoneros à Bernabéu, mais sait que ces duels tournent rarement en faveur des siens. 

“Être pour le Real c’est très facile. Être pour l’Atléti, c’est indescriptible”

“Les supporters de l’Atléti sont plus nobles car ce sont ceux qui luttent, qui donnent leur sang et qui sont toujours là", lance-t-il. "Être pour le Real, c’est plus facile, mais être pour l’Atlético, c’est une passion. Il faut le vivre, il faut souffrir. C’est indescriptible", acquiesce Carlos.

Mais à Madrid, nombreux sont ceux qui ne partagent pas le point de vue des deux Rojiblancos. Dans la capitale espagnole, il faut choisir son camp. À quelques kilomètres du temple de l’Atléti, celui du Real, le "Rincon de Toñin". C’est le repère des supporters, et le QG de deux peñas. Enlevez le rouge des écharpes, remplacez les photos de Fernando Torres par celles de Raúl, et vous y êtes. 

“Les supporters de l’Atlético ne sont pas humbles, ils sont plus faux qu’une pièce de 3 euros", s’esclaffe Juanjo, bière à la main. De l’autre côté du comptoir, une main sur sa réplique de la coupe aux oreilles, le patron Toñin "El Torero" se réjouit: "Être pour le Real, c’est la meilleure chose qui puisse arriver à quelqu’un." 

“Le derby c’est comme le jour de son mariage"

Dans chaque groupe d'amis, dans chaque famille même la plus madridiste, il y a toujours un Colchonero… alors le derby compte pour beaucoup. "C’est le match de l’année parce que nos voisins de l’Atléti font énormément de bruit et nous embêtent quand ils gagnent", ricane Toñin, qui n’est pas serein. "On est très stressé à moins de 24h du match, le derby c’est comme le jour de son mariage."

Pour le supporter de 55 ans, l’Atléti est le rival numéro 1, mais c’est aussi une question de génération. "Selon nos parents et nos grands-parents c’est le derby le plus important, mais nous l’Atlético était moins fort quand on grandissait, donc notre plus grand rival c’est le Barça", nuance José Luis, d’une quinzaine d'années son cadet. Au moment de trinquer avec Juanjo les deux hommes scandent leur "Hala Madrid" habituel. 

Entre deux tapas, un seul sujet de discussion possible: le derby de ce mardi. Chez l’adversaire, Antoine Griezmann ressort comme le danger numéro 1. "Tu remplacerais Bellingham par Griezmann toi?", demande José Luis. "Non", répond Juanjo sans hésiter. "À la place de Rodrygo, j’y réfléchirais…" avoue José Luis, qui compte surtout sur un autre Français, Kylian Mbappé, "le meilleur joueur du monde, et de loin." 

Griezmann et Mbappé attendus en héros

Pour ce derby aller-retour, le destin de toute une ville est entre les mains de deux Français. Chaque camp attend que son tricolore lui donne le droit de chambrer ses collègues du boulot, et lui permette de dormir l’esprit tranquille, au moins jusqu’au match retour. 

Du côté du “temple de l’Atléti”, c’est bien sur Grizou que l’on mise tout. “J’ai beaucoup d’amour pour Griezmann. Antoine, c’est notre bras droit, nous l’aimons et nous espérons qu’il va encore rester longtemps”, rêve Carlos. 

D’ici peu, il va déménager ses locaux à quelques pas de là, pour que son petit musée devienne un peu plus grand. Un nouveau lieu assez spacieux pour y installer une coupe aux grandes oreilles. Mais avant d’imiter Toñin, encore faut-il que l’Atlético réalise le rêve de tous ses supporters : remporter sa première Ligue des champions.

Edgar Groleau, à Madrid