La Ligue des nations a-t-elle déjà fait son temps ?

La Ligue des nations n'est-elle pas, plus que jamais, un fardeau plus qu'autre chose? La phase de poules de cette troisième édition de la compétition de l'UEFA s'achève ce mardi, et même dès dimanche pour l'équipe de France avec son match au Danemark (20h45). Placées en pleine trêve internationale de septembre, les deux dernières séries de matchs ont rappelé que le calendrier international était surchargé, en plus d'empêcher les sélections européennes de préparer la Coupe du monde au Qatar comme elles le souhaitent, à moins de deux mois du match d'ouverture à Doha.
La FIFA ayant fixé la date limite de mise à disposition des internationaux au 14 novembre, la quasi-totalité des sélections sont dans l'impossibilité de programmer ne serait-ce qu'un match de préparation avant leur entrée en lice dans l'émirat. Ce qui pose question sur la nécessité de maintenir les deux matchs de Ligue des nations en ce mois de septembre. Sans cet impératif, et donc sans l'enjeu des promotions-relégations de la Ligue des nations, les équipes européennes auraient pu en profiter pour choisir leurs adversaires et se rapprocher le plus possible des traditionnelles répétitions générales d'avant-Mondial. Cela aurait, au passage, évité aux Bleus de faire face aux Danois à neuf semaines de leur confrontation au Stadium 974 de Doha.
Imaginée pour remplacer les matchs amicaux jugés sans intérêt, offrir des bouées de secours dans les éliminatoires pour les Mondiaux ou les championnats d'Europe, mais aussi générer des droits TV au bénéfice de l'UEFA et de ses fédérations, la Ligue des nations a reçu un accueil plutôt positif lors de sa première édition remportée par le Portugal en 2018-2019. Après tout, la promesse d'un spectacle plus intéressant était plutôt respectée. C'est moins vrai depuis la deuxième édition remportée par les Bleus, ce qui laisse plus de champ aux critiques.
Italie-Angleterre snobé par le public
Aujourd'hui "ennuyé" d'affronter le pays de Galles pour la neuvième fois en dix ans avec la Belgique, Kevin De Bruyne avait été l'un des joueurs les plus virulents au mois de juin dernier à l'encontre de la Ligue des nations. Celle-ci, au terme de la saison de la longue saison des clubs, avait fatigué les organismes avec ses quatre matchs en moins deux semaines. "Pour moi, la Ligue des nations n'est pas importante. Nous devons jouer ces matchs, mais cela ressemble à une campagne de matchs amicaux", avait-il fustigé. "C'est inhumain", avait aussi dénoncé la star croate Luka Modric.
Il aurait été légitime de penser que ce désintérêt pour la compétition se limitait aux joueurs et au fait qu'ils avaient hâte de partir en vacances. Mais l'alléchant Italie-Angleterre disputé vendredi 23 septembre à San Siro (Milan) laisse penser le contraire. Comme l'apporté Marca, cette affiche de haut standing n'a pas passionné le public italien. À la veille de la rencontre seulement 38.000 des 75.000 billets avaient trouvé preneurs. Et c'est effectivement face à des tribunes clairsemées que la Nazionale s'est imposée 1-0. La faute à la non-qualification des hommes de Roberto Mancini pour la Coupe du monde? Pour la victoire 2-0 des Bleus face à l'Autriche (un jeudi soir), le Stade de France était bien garni, mais pas à guichets fermés. À la télévision, les scores n'étaient ni excellents ni mauvais: 5,2 millions de téléspectateurs.
Mais le débat sur l'intérêt de la Ligue des nations est peut-être essentiellement lié aux grandes nations. Pour l'Irlande du Nord, qui évolue au troisième échelon (Ligue C), cette compétition est considérée essentielle pour l'indice UEFA et la composition des chapeaux dans les futurs tirages au sort. "Nous ne voulons pas tomber en quatrième division, déclarait le sélectionneur Ian Baraclough avant d'affronter le Kosovo. Les résultats dans cette Ligue des nations sont essentiels pour obtenir des points de coefficient avant le prochain tirage, qui aura lieu le mois prochain. Nous savons ce qui nous attend et les joueurs sont pleinement concentrés pour obtenir une victoire". Chacun voit midi à sa porte.