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Juventus: deux victoires en douze matchs, un jeu qui ennuie, un mercato moyen... Allegri est-il dépassé?

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La Juventus est mal en point, après deux défaites en deux matchs de Ligue des champions, et seulement deux succès en six journées de Serie A. Un an après son retour, Max Allegri est sous le feu des critiques. Son contrat longue durée peut-il le protéger d'un départ prématuré?

"Je ne me sens pas en danger", a déclaré Massimiliano Allegri après la défaite 2-1 de la Juventus contre Benfica. Il y a pourtant matière à. Après huit matchs en ce début de saison, le bilan du club turinois fait peine à voir: deux victoires (à domicile contre Sassuolo et la Spezia), quatre nuls et deux défaites (en deux journées de Ligue des champions, ce qui est une première). Pis, cette marche au ralenti dure en fait depuis... le mois de mai, avec une série de quatre matchs sans victoire en clôture de la saison passée. En réalité, la Juventus ne compte donc que deux succès sur ses douze dernières rencontres officielles.

Un tel rythme pose forcément la question de l'avenir de l'entraîneur. D'autant que la seule bonne fenêtre de la première moitié de saison pour opérer un changement de technicien vient de s'ouvrir avec le début imminent de la trêve internationale (la seule avant la Coupe du monde 2022).

#AllegriOut

Rappelé à l'été 2021 pour redresser la Vieille Dame après la première expérience ratée d'Andrea Pirlo en tant que manager, Max Allegri n'a pas réussi à récupérer le Scudetto. Après tout, les effectifs de l'Inter et de l'AC Milan sont devenus meilleurs. Le départ de Cristiano Ronaldo et les difficultés du club sur le plan financier ont pesé lourd dans le mercato (De Ligt parti au Bayern, Paredes et Milik arrivés en prêt à la dernière minute). Mais la qualité des joueurs à disposition est-elle une raison suffisante pour expliquer la maigre proposition en matière de football ?

Contre Benfica, à Turin, la Juventus a été dominée et a concédé 19 tirs. Face à la Fiorentina (1-1), Arkadiusz Milik et ses coéquipiers n'ont tiré que quatre fois. Et contre la Salernitana, il a fallu un but de Leonardo Bonucci dans les arrêts de jeu pour sauver un nul 2-2 en dépit d'une possession à 62%. "Depuis un peu plus d'un an, les adversaires de la Juventus n'ont même plus besoin de faire un bon match pour prendre des points à l'Allianz Stadium, constate Johann Crochet, spécialiste du football italien dans l'After Foot sur RMC. Même une équipe moyenne peut venir faire des points sur le terrain de la Juventus. Ça devient catastrophique".

Forcément, le hashtag #AllegriOut ne cesse de gagner en popularité sur les réseaux sociaux. Le mécontentement se manifeste aussi en-dehors du web, avec les supporters de la Curva Sud qui n'hésitent plus à siffler.

"La stratégie de l'espérance"

La presse n'est pas plus tendre. Dans un récent édito, la Gazzetta dello Sport tirait à boulets rouges: "La Juve a empiré. Dans l'équipe d'Andrea Pirlo (...), on entrevoyait une lueur de football, peut-être prétentieux, mais la tentative était appréciable. La restauration de Massimiliano Allegri a provoqué une régression. L'équipe rumine le ballon en attendant que quelqu'un trouve la solution d'un geste individuel. Ça pourrait être défini comme la stratégie de l'espérance". Pour la légende Alessandro Del Piero, une "réflexion interne" est nécessaire: "La Juventus a de réels problèmes pour créer des occasions et maintenir l'intensité, surtout en Europe."

Max Allegri n'a jamais été connu pour être un apôtre du beau jeu, ni des expérimentations footballistiques complexes à la Pep Guardiola. Il ne manquait pas de le faire savoir lors de son premier passage couronné de cinq titres de champion national et ponctué de deux finales perdues de Ligue des champions. "Dans les courses hippiques, il suffit de mettre le museau devant. Pas besoin de gagner avec 100 mètres d’avance. Le museau devant. Le nez. Photo finish, le nez devant suffit", avait-il dit lors de la saison 2018-2019. "Si vous voulez que mon équipe produise du beau jeu, il n’y a pas de problème, je mets deux latéraux offensifs, des milieux de qualité mais à la fin de la saison, on finit 3e, 4e", avait-il soufflé.

À l'époque, les résultats permettaient d'entendre ce discours. Mais à présent, les déclarations persuasives du pragmatique "Mister" de 55 ans passent mal et donnent l'impression d'un navire sans capitaine. Une équipe avec moins de talent peut-elle être coachée comme une équipe de joueurs expérimentés et en pleine confiance? Après la défaite à Benfica, il n'a en tout cas pas été question d'un mea culpa explicite ou d'une annonce de future changements. "C'est le football, ce sont des choses qui arrivent, il faut juste se taire et travailler, a-t-il simplement lâché. Je n'ai aucune critique à faire à l'équipe, je comprends que c'est un moment difficile du point de vue psychologique".

Allegri protégé par son contrat... mais jusqu'à quand?

Les dirigeants de la Juventus vont-ils simplement attendre que Paul Pogba, Wojciech Szczęsny et Federico Chiesa soient de retour de blessure? Que Angel Di Maria soit en pleine possession de ses moyens? Ou tout simplement que Max Allegri trouve la clé dans sa fameuse "gestion humaine" tant louée dans son livre Gagner c'est si simple pour remettre l'équipe d'aplomb?

Le meilleur argument en faveur du coach pour le moment est son contrat, qui court jusqu'en 2025. Ce qui pourrait dissuader sa direction de le licencier prématurément. À un supporter mécontent, le patron Maurizio Arrivabene a d'ailleurs tout simplement répondu: "C'est toi qui va payer ensuite?" Mais si la situation empire, les dirigeants devront sans doute évaluer le coût des défaites en Ligue des champions et d'une possible non-qualification pour la saison prochaine. Surtout avec Zinedine Zidane et Thomas Tuchel sur le marché.

https://twitter.com/julien_absalon Julien Absalon Journaliste RMC Sport