Mondial hand: Pauletta Foppa, "le bébé des Bleues, meilleure pivot du monde" qui porte la France

L’époque où elle a débuté le handball n’est finalement pas si lointaine. Facile donc pour Pauletta Foppa de se remémorer... qu’elle n’avait pas accroché avec cette discipline. "J’étais en – de 12 ans, se souvient-elle. Le hand c’était de la passe à 10, il n’y avait pas de poste. C’était plus un sport pour se dépenser, sortir de la maison et avoir des potes en dehors de l’école. Je ne trouvais pas ça ouf (rires)."
Depuis, la joueuse formée à Montargis s’est rattrapée. Elle est même devenue une référence mondiale à son poste alors qu’elle fêtera ses 21 ans le 22 décembre prochain. "C’est la meilleure pivot du monde", lâche Olivier Krumbholz.
L’intéressée n’a pas changé pour autant. "Mon caractère? Peace, naturelle, décrit-elle. Je prends les choses comme elles viennent, je ne me suis pas trop posé la question de savoir si je progressais vite ou pas, j’essaie de ne pas trop faire tâche sur le terrain (rires). Je me laisse vivre et ça paie donc tant mieux." A Tokyo, Foppa avait impressionné tous les observateurs: meilleure buteuse des Bleues, meilleure pivot de la compétition. "Elle a des qualités exceptionnelles, poursuit le sélectionneur. Elle ne m’étonne pas. Je l’ai sortie des juniors à 17 ans pour la prendre avec nous. Elle n’était pas majeure qu’elle était en équipe de France, c’est vous dire si on avait repéré son potentiel."
Nze Minko: "La puissance d’une fille de 100 kilos, la vitesse d’une fille de 60"
Parce que la jeunesse est bien loin d’être un défaut dans cette équipe de France, Foppa a su saisir sa chance et impressionne ses coéquipières. "C’est une pépite Pauletta, souffle l’arrière Estelle Nze Minko. Elle est déterminée, elle a un caractère impressionnant, très mature. Elle ne dégage pas d’appréhension. Elle a la puissance d’une fille qui ferait 100 kilos et la vitesse d’une fille qui en ferait 60. C’est la joueuse moderne par excellence. Tu peux lui envoyer des ballons pourris elle va les attraper, elle a une main exceptionnelle."
En Espagne, la pivot de Brest continue sa progression. Elue joueuse du match contre la Pologne (5/5) et la Russie (5/6), elle continue de faire parler ses qualités: une prise de balle exceptionnelle et une capacité à aimanter les ballons. "Elle aime le but, elle est attirée par ça, elle aime le ballon, analyse sa coéquipière au poste Béatrice Edwige, de 13 ans son aînée. Elle n’est pas encore la pivot parfaite mais elle est amenée à le devenir. Elle construit ça petit à petit."
Pourtant depuis le début de la compétition la meilleure pivot de la dernière édition de la Ligue des champions est nettement plus ciblée par les défenses adverses, conscientes du danger.
Pineau: "Elle va continuer à casser tout ce qu’elle peut casser"
"On me titille bien depuis le début du Mondial, confirme-t-elle. Je reçois pas mal de coups. On m’attend au tournant mais ça libère d’autres solutions parce que les défenses seront un peu plus focalisées sur moi. J’ai changé certaines choses de mon jeu. Je fais des leurres pour montrer qu’on va jouer avec moi alors que pas du tout. Les défenses sont tellement dans l’anticipation qu’elles oublient l’arrière qui a la balle. Il faut jouer avec elles, les endormir pour les surprendre d’une autre manière." Le staff technique a un maximum ménagé son joyau, qui a franchi la barre des 100 buts marqués en sélection.
Depuis les Jeux, Pauletta Foppa accumule les minutes en club et la fatigue s’est faite ressentir lors de la préparation. "Mais personnellement je n’ai pas gagné de Mondial et j’aimerais le gagner en Espagne, souligne-t-elle. On a tellement envie de faire quelque chose dans ce mondial."
"J’ai rarement vu ça à cet âge, confie Allison Pineau 270 sélections en Bleue. Elle a faim en plus, elle va continuer à casser tout ce qu’elle peut casser." A Granollers, et malgré ses titres de championne d’Europe en 2018 et olympique en 2020, Foppa reste la benjamine du groupe. "Un bébé", comme le soulignent plusieurs de ses partenaires, qui se transforme une fois les pieds posés sur le parquet. En quart de finale, la France aura bien besoin de son phénomène pour faire sauter le verrou de la défense suédoise, une des plus rudes oppositions du handball mondial.