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Qu'est ce que la méningite bactérienne, cette infection qui a causé la mort d’une handballeuse de 21 ans?

Jemima Kabeya lors du match entre Plan-de-Cuques et Saint-Amand (D1 féminine), le 24 avril 2023

Jemima Kabeya lors du match entre Plan-de-Cuques et Saint-Amand (D1 féminine), le 24 avril 2023 - Johnny Fidelin/Icon Sport

Jemima Kabeya, la gardienne du club de handball de Plan-de-Cuques (D1 féminine), est morte ce lundi à l’âge de 21 ans après avoir été admise à l’hôpital pour une méningite bactérienne. Cette infection peut être fatale en vingt-quatre heures si elle n’est pas traitée rapidement, comme nous l’explique le docteur Alain Ducardonnet, consultant santé pour BFMTV.

Jemima Kabeya, la gardienne du club de handball de Plan-de-Cuques (D1 féminine), est morte ce lundi à l’âge de 21 ans, après avoir contracté une méningite bactérienne. Dr Alain Ducardonnet, de quoi s’agit-il?

La méningite est une inflammation des méninges, qui sont des enveloppes autour de la moelle épinière et du cerveau. Cette inflammation peut se transformer en infection. Il y a les méningites virales, qui représentent 70-80% des cas, et les méningites bactériennes dans 20-30% des cas. La méningite virale se soigne globalement bien, mais la méningite bactérienne est souvent beaucoup plus grave et peut aboutir à un décès en moins de vingt-quatre heures, parce que c’est quelque chose qui s’installe extrêmement vite.

Quels sont les symptômes permettant de la détecter?

C’est tout le problème de la méningite bactérienne. Au départ, pendant deux-trois jours, ce sont des symptômes très banaux: maux de tête, petites nausées, voire vomissements… Donc on se dit simplement: ‘Je ne me sens pas très bien’. Mais tout va s’accélérer très vite. Il faut vraiment faire attention à une éventuelle raideur de la nuque. Si on a la nuque crispée, c’est assez significatif de la méningite bactérienne. A ce moment-là, c’est une véritable urgence. Il ne faut pas attendre en se disant qu’on ira consulter le lendemain. Il faut appeler tout de suite le Samu (le 15), parce que l’infection va être galopante et entraîner des complications neurologiques très graves, qui aboutissent à l’arrêt du cœur.

Comment attrape-t-on une méningite bactérienne?

Ce sont des bactéries qui sont généralement dans la sphère ORL. Les bactéries les plus classiques sont les méningocoques, mais il en existe beaucoup. Elles rentrent souvent par une infection banale, au niveau des oreilles, du nez ou de la gorge. Elles vont passer dans le sang et créer une infection généralisée, qui va se focaliser en particulier au niveau des méninges. Ça va donner cette méningite bactérienne, qui va affecter l’ensemble du système nerveux, dont le cerveau et la moelle épinière.

Existe-t-il des profils à risque?

Pas vraiment, si ce n’est les gens qui ont un système immunitaire un peu plus fragile. Mais là, il s’agissait d’une sportive de haut niveau et l’activité sportive améliore le fonctionnement du système immunitaire. Ça correspond vraiment à la méningite bactérienne aigüe, qui, malheureusement, est fatale en vingt-quatre heures. On dit qu’avec une méningite de ce type, on n’est pas bien dans la journée, on se couche le soir et on ne se réveille pas. C’est vraiment une urgence.

Le timing de prise en charge est primordial dans ces cas-là…

Si on se déclare rapidement et qu’on va tout de suite à l’hôpital avec le Samu, on reçoit des doses massives d’antibiotiques et d’autres médicaments pour diminuer l’inflammation, et on peut tout à fait renverser la vapeur. Dans ces cas-là, on arrive à sauver une majorité de personnes. Le problème, c’est quand on arrive trop tardivement et que l’infection est trop importante pour que les antibiotiques puissent agir. C’est pour ça que dès qu’il y a des symptômes importants, des vomissements et la nuque qui est raide, il ne faut pas hésiter à appeler le Samu pour être pris en charge. Il vaut mieux faire un excès de zèle que de passer à côté, parce que ça peut aller très vite.

La méningite bactérienne est-elle contagieuse?

Oui, les bactéries peuvent tout à fait être transmises, en éternuant ou en toussant notamment. Après, les bactéries ne passent pas forcément au niveau des méninges, mais ça peut arriver. C’est pour ça qu’après avoir détecté une méningite bactérienne chez un patient, on fait immédiatement une enquête pour trouver les cas contact et les traiter avec antibiotiques, au cas où ils auraient attrapé la bactérie. C’est ce qui a dû se passer pour l’entourage de la handballeuse décédée tragiquement.

Le travail de prévention autour de la méningite bactérienne est-il suffisant aujourd’hui?

Malheureusement, c’est très hétérogène. Le problème, c’est aussi quand ça touche des jeunes, parce qu’ils ne pensent pas à des maladies graves. Ils pensent que c’est passager, parce qu’ils ont fait la fête, qu’ils ont mal mangé ou qu’ils ont attrapé un rhume. Les méningites à méningocoques, qui sont les plus fréquentes sur le plan des bactéries, représentent 600 à 800 cas par an, avec 10 à 15% de décès. Depuis un certain nombre d’années, il existe un vaccin anti-méningocoques et il a été rendu récemment obligatoire pour les enfants.

https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport