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Badminton: "c'est vraiment incroyable", la vive émotion de Lanier après son sacre européen

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Il était attendu et a répondu présent. Alex Lanier, 20 ans, dixième mondial, est allé chercher son premier titre européen en simple homme et le premier, dans cette discipline, dans l’histoire du badminton français. Pour RMC Sport, le badiste est revenu sur sa performance aux Europe organisés à Horsens au Danemark.

Alex, que représente pour vous ce premier titre européen ? Il doit y avoir beaucoup d’émotions.

Beaucoup d'émotions, oui, forcément. Après, c'était dur aussi sur le match de vraiment les sortir, dans le sens où j'ai eu une semaine assez dure mentalement et physiquement. Je suis arrivé physiquement un peu plus diminué, mentalement aussi un peu fatigué. Donc, je me suis pas mal battu pendant toute la semaine. Et arrivé sur cette finale, je n’avais pas le choix que de gagner. C'était vraiment "all-in" sur cette finale. Ensuite, de gagner, c'est vraiment incroyable. Je suis vraiment fier de tout le boulot qu'on a fait. Mais il y a aussi énormément de fatigue. Donc, en termes d'émotions c'était vraiment dur, de vraiment apprécier cette victoire et de faire sortir un petit peu. Pour l'instant, il y a un peu trop de fatigue, disons.

Comment avez-vous géré cette semaine où tu étais le favori de ces championnats d’Europe ?

Ce n’est pas évident. J'ai commencé la semaine en étant l’un des favoris, mais pas forcément le favori. Et ensuite, il y a eu des forfaits, il y a eu des abandons. Donc, d'un coup, de se retrouver un peu catapulté sur le papier en tant que meilleur joueur, c'est une pression en plus que je n'avais pas forcément eu avant. Il fallait vraiment gérer ça de la meilleure des façons. Un peu se rappeler qu'on a fait du bon boulot. Notamment à l'entraînement, c'était vraiment bien ce qu'on a fait. Et je pense que j'avais aussi énormément confiance en mes capacités et en ce que je savais faire. Donc, c'était aussi très important de se rappeler qu'on joue au bad et que c'est vraiment important d'être focalisé sur ce qu'on doit faire sur le terrain, plutôt que de se dire "ok, je suis le favori, je dois gagner", ou alors, "ok, je dois aller au bout de ce tournoi". Il ne fallait pas se focaliser là-dessus et je ne l'ai pas fait. Je pense qu'on a bien géré ce moment-là et on a bien géré la compétition mentalement en tout cas.

En demi-finale, vous avez joué Christo Popov, puis en finale Tomi, son grand frère. Ce n’est pas facile non plus de jouer ses compatriotes à ce stade de la compétition ?

C'est un peu particulier, mais finalement pour moi, ça ne change pas grand-chose. Dans la préparation, ça n'a pas changé grand-chose. Je sais que les deux, ce sont des adversaires qui sont très forts et ils l'ont prouvé. Et ils ont un niveau qui est vraiment en train de monter aussi. En fait, jouer un compatriote, évidemment, ce n'est pas évident, mais c'est surtout les jouer alors que je sais qu'ils jouent très bien en ce moment. Ils sont en forme. Ils ont aussi la confiance. Donc c'est ça qui est d'autant plus dur à faire. Et je pense que je devais aussi élever mon niveau de concentration. Je devais élever mon niveau physique aussi. Et comme on a pu le voir sur cette demie contre Christo, où ça a été vraiment très compliqué, le but était de ne rien lâcher et de vraiment être concentré à 100% sur ce qu'il faut faire.

Si on vous avait dit il y a quelques mois qu'à 20 ans, vous seriez dixième mondial avec ce premier titre européen, vous l'auriez cru ?

J'aurais été plutôt surpris. Maintenant, j'aurais dit que c'était clairement dans mes cordes, que c'était possible. On fait les choses bien à l'entraînement. On a un staff qui est incroyable aussi. Je suis plutôt bien entouré. Je pense que de faire les choses bien, de les faire intelligemment, ça permet aussi d'être plutôt serein de ses capacités et de progresser le plus vite possible. C'est ce que j'ai fait. Donc c'est surprenant, évidemment. Mais j'ai toujours su que j'avais les capacités pour progresser aussi vite et pour apprendre de nouvelles choses et les assimiler très, très vite.

Vous avez eu des douleurs physiques au début de la compétition, il a fallu puiser dans vos ressources pour aller chercher ce résultat ?

C’était un peu en dents de scie. J'ai démarré, c'était plutôt ok physiquement, même si j'étais un peu diminué. Mais ce n'était pas catastrophique, disons. Ça ne l'est toujours pas d’ailleurs. Ensuite, il y a eu des matchs plus compliqués. Je pense aux quarts de finale, puis ensuite, la demi-finale, où physiquement, j'ai senti que j'avais des douleurs dans le dos, dans l'ischio aussi. Je suis arrivé sur la compétition avec une douleur au dos que j'ai déjà eue par le passé. C'était aussi un petit peu stressant. J'étais un peu dans le doute à ce niveau-là. Mais en même temps, ce ne sont pas des douleurs qui ont tellement augmenté. En fait, elles sont restées plutôt au même niveau, même si les matchs étaient de plus en plus durs. Ce qui, pour moi, est plutôt positif. Et ça me donne de la confiance de se dire "ok, c'est normal, j'ai des douleurs, la saison est rude, c'est dur. C'est une période où il y a beaucoup de tournois". C'est normal que mon corps réagisse comme ça. C'est normal qu'il ait des douleurs. Une fois que je sais que ce n'est pas une grosse blessure ou que je ne risque pas grand-chose, entre guillemets, ça me permet de continuer, de vraiment mettre de l'intensité dans mes matchs sans avoir peur de me casser.

Un mot sur les résultats d'ensemble de l'équipe de France sur ces championnats, trois médailles, en simple homme. Quel regard portez-vous sur ce résultat collectif ?

Si on regarde toute l'équipe de France en général, c'est incroyable. Toutes les médailles qu'il y a, ça ne fait que tomber. C'est vraiment dingue. En fait, on se soutient tous ensemble. On sait ce qu'il faut faire pour arriver au meilleur niveau. On sait ce qu'il faut faire pour être le plus fort possible. Il y a énormément de soutien, énormément de travail grâce au staff, grâce vraiment à toute l'équipe qu'il y a autour de nous. Et c'est incroyable que ça arrive sur une des plus compétitions la plus importante. Enfin, pour certains, c'est vraiment leur compétition de l'année aussi. Et c'est incroyable qu'ils arrivent à performer, que tout le monde arrive à performer. C'est un moment qui est d'autant plus plaisant quand il y a énormément de Français et qu'on peut partager vraiment cette expérience. Même si le bad, c'est un sport individuel, avoir la chance de pouvoir voir un autre Français, de pouvoir s'échauffer le matin avec un mec qui va jouer sa finale aussi dans un autre tableau. Ce sont des moments qui sont vraiment incroyables. C'est mieux que d'être tout seul à s'échauffer soi-même.

Qui plus est, réussir cette performance au Danemark, chez eux, nation phare du badminton en Europe, ça ajoute un peu plus de satisfaction ?

C'est d'autant plus plaisant. Ça me fait toujours plaisir de battre ces Danois qui nous ont tellement battus. Surtout au Danemark, c'est vraiment important aussi. Et puis, on tape aussi un grand coup. On montre qu'on est devenu l’une des meilleures nations européennes. Et je pense qu'on montre aussi au monde entier, même si on ne les a pas joués, qu'on a un niveau qui est très solide. Et que peut-être dans les années à venir, il y aura des résultats sur la scène mondiale. Il y en a déjà. Mais on n'a pas encore de médailles olympiques, ni de médailles en championnats du monde. Je pense qu'on fait de plus en plus peur aux nations asiatiques. Ils savent qu'on a le potentiel pour gagner. On l'a très bien montré cette semaine, tous ensemble, qu'on est une des meilleures équipes en Europe, mais aussi dans le monde.

Quelle est la suite de la saison ?

Là, c'est une petite semaine de vacances. C'est le moment de faire une pause. C'est le moment de se reposer bien comme il faut. Prendre soin un peu de mon corps aussi. Et que mentalement aussi, j'arrive à me relaxer plus ou moins. Puis, il y aura une tournée asiatique Singapour-Indonésie. Mais ce sera un peu plus tard.

Propos recueillis par Kévin Morand