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Badminton: "Etre numéro 1 mondial un jour", Alex Lanier ne cache pas ses ambitions

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Sa trajectoire fulgurante fait de lui un candidat au titre européen. A 20 ans seulement, Alex Lanier est le premier joueur de badminton français à intégrer le top 10 mondial. Et le Normand, élu révélation mondiale de l'année 2024, ne cache pas ses ambitions avant de disputer ses premiers championnats d'Europe sénior en simple: gagner le titre. Un nouveau statut que l'étudiant en sciences formelles à la Sorbonne (quand le badminton lui laisse le temps) assure gérer assez simplement. "Conscient de son niveau" et habitué, déjà, aux attentes. "Chalengeant et stimulant", assure Alex Lanier dont l'objectif assumé là aussi est "d'être numéro 1 mondial".

Est-ce que c'est une pression différente d'arriver sur ce championnat d'Europe en étant dans le top 10 mondial, une première pour un Français? 

Oui c'est différent. Avant j'étais beaucoup plus un outsider. C'était des matchs où pour aller chercher le titre je me serais dit qu'il allait vraiment falloir très bien jouer, que je sorte un exploit. Maintenant c'est complètement différent. Je pense que je suis conscient de mon niveau, de mes aptitudes. Je sais que je pars aux championnats d'Europe en position de favori. Donc c'est chalengeant. C'est différent et ce sera peut-être aussi amusant dans ces conditions-là."

C'est lourd à porter comme pancarte?

"Oui et non, ça l'a toujours été. Je m'y suis habitué et c'est plus challengeant donc ça me stimule un peu plus. C'est vraiment un sentiment qui évidemment est stressant et qui est dur à porter, mais j'aime bien être dans cette position là et j'aime bien sentir que ça va être dur de gagner. Ce n'est pas que je n'aime pas les victoires faciles, mais quand c'est plus dur c'est tout de suite plus savoureux et je préfère gagner dans ces conditions."

Cette nouvelle attente c'est un point que vous travaillez?

Je le travaille avec une préparatrice mentale. Il y a énormément de travail là-dessus. Après, il y a aussi énormément d'années d'expérience avec des tournois où j'étais en position d'outsider et d'autres où je devais gagner. Que ce soit en junior mais aussi dans certaines compétitions sénior où on descend en niveau. Donc au fil des années j'ai ma propre expérience et je m'en sers"

Être dans le top 10 mondial ça représente quoi?

"Je ne sais pas trop... J'ai toujours visé très haut, donc top 10 c'est un point de passage important et c'est normal de le noter. Mais on vise de gagner les plus grands tournois, d'être un jour numéro un mondial. C'est un point de passage dont je suis fier évidemment, mais ça ne change pas grand-chose à ma vie quoi..."

Est-ce que vous avez la sensation que tout va très vite pour vous? 

"Non ça me paraît plutôt normal. On fait les efforts à l'entraînement, je me donne à l'entraînement, on fait les choses bien et intelligemment. Ok des fois ça ne va pas marcher, des fois on va faire des erreurs on va perdre des tournois, des matchs. Mais je pense qu'on fait les choses bien donc il n'y a pas de raison non plus qu'il n'y ait pas de résultats. Que ce soit rapide ou lent. Mais il y a forcément des résultats et c'est plutôt normal honnêtement avec tout ce qu'on fait à l'entraînement. Donc je ne suis vraiment pas surpris que les efforts qu'on fait tous les jours à l'entraînement ça paye au bout d'un moment."

Sur quels points il est encore possible de progresser pour monter au classement mondial?  

"Il me faut plus de consistance. Il y a des fois où quand je suis fatigué, j'ai encore des hauts et des bas. Ça m'arrive de faire beaucoup plus de fautes que normalement. Techniquement je vais devoir travailler pour que mon jeu soit plus efficace, que je me fatigue moins. Et être moins fatigué ça va m'aider à être plus consistant. J'aurai une plus grande marge d'erreur en améliorant ma technique. Et il y a encore le côté tactique que l'on peut toujours peaufiner."

Dans quel état mental et physique vous êtes sorti du All England où vous avez été sorti en demi-finales ?

"Complètement mort ! Il m'a manqué de la fraicheur pour arriver en finale, de réussir malgré la fatigue à tactiquement rester solide et à vraiment trouver des solutions. Mentalement je pense que j'ai un peu lâché. Et il va falloir travailler sur ça pour essayer de moins lâcher ou du moins trouver d'autres solutions quand je suis fatigué. Après cette demi-finale, ça a été dur mentalement de repartir. Je ne m'attendais pas forcément à avoir un contrecoup aussi gros. Je me suis senti vraiment faible, fatigué mentalement et physiquement. Et c'était dur de se reposer et aussi de regagner de l'énergie. J'étais vraiment surpris du contre-coup quand même."

Vous êtes passionné du jeu d'échecs, en quoi c'est aussi une aide pour le badminton?

"Il y a un aspect vraiment stratégique aux échecs. Il y a cet aspect "coup d'après" où une simple erreur peut te faire perdre la partie. C'est une intelligence de réflexion un peu. Je trouve que ça m'apporte énormément, ça me permet de réfléchir à pourquoi je fais ce coup-là au badminton, pourquoi je vais vers cette voie-là et ce sera quoi les conséquences de ce que je fais. J'aime énormément le lien qu'il y a entre le bad et les échecs. Et je m'en sers plutôt comme ça, même si aux échecs je ne suis pas professionnel, j'ai quand même un bon niveau, mais ce n'est pas mon métier donc je joue plus instinctivement."

Vous avez été nommé récemment révélation de l'année, comment gérez-vous ce nouveau statut d'étoile montante du Badminton français et mondial? 

"Ça aussi ça va... Il y avait peut-être moins cette notion de médias quand j'étais plus petit, mais depuis tout petit il y a cette notion de "ok, je suis en avance". Il y avait quand même les projecteurs sur moi-même en junior, donc j'ai toujours eu cette sensation et j'ai toujours eu cette pression qui était autour de moi. A force je me suis habitué et je joue avec. C'est quelque chose qui me va très bien et je m'y suis fait."

Quels sont vos objectifs personnels et collectifs sur cette saison? 

"J'aimerais bien aller chercher une médaille sur ces championnats d'Europe. Gagner le titre, c'est mon objectif. Il y a les championnats du monde aussi en août à Paris, donc aussi aller chercher le titre. Et ensuite il y a plein de tournois. Il faut aller chercher un titre en Super 1000 ce serait bien. Et pourquoi pas aussi rentrer dans le Top 5 mondial avec des résultats plutôt constants. Ce serait un des objectifs de cette de cette saison." 

Julien Richard