JO 2018. Danse sur glace: Papadakis et Cizeron ont-ils été pénalisés par une juge canadienne?

Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron - (AFP)
Encore une polémique autour des juges dans le monde du patinage artistique. Didier Gailhaguet, le président de la Fédération française des sports de glace (FFSG), n’a pas accepté la note attribuée par une membre du jury à Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, médaillés d’argent en danse sur glace derrière les Canadiens Tessa Virtue et Scott Moir malgré leur record du monde lors du programme libre.
Problème soulevé par le dirigeant français: les règlements internationaux permettent à la juge en question, Leanna Caron, canadienne et présidente de sa fédération, de faire partie du jury. Ce qui interroge Gailhaguet, les grands rivaux du couple français étant, donc, canadiens.
"Il y a un problème que nous avons mentionné depuis un bon moment, a lâché le président de la FFSG. Les règles permettent à la juge canadienne d’être aussi présidente de la Fédération canadienne en même temps. Si elle peut le faire, elle a le droit de juger. Sur le plan de l’éthique, c’est quelque chose qui n’est pas terrible, ça donne une mauvaise image." Gailhaguet ne digère pas la note adressée aux Français lors du programme court: "L’ensemble des juges les a mis premiers sur la note artistique. Elle les met huitièmes. Bon. No comment."
Un problème soulevé avant le début des JO
Le dirigeant avait regretté la présence dans le jury de son homologue canadienne avant même le début des JO. "Quand vous avez des présidentes de fédérations qui se sentent obligées d’être dans le jury pour mieux défendre les leurs, je me dis que ça sent la panique à bord et que finalement, c’est plutôt de bon augure, avait-il estimé. Jamais une telle idée ne nous serait venue à l’esprit. Il y a des règles, un code d’éthique… Et lorsque je vois des présidents faire des petits cadeaux aux juges… C’est plutôt bon signe pour nous."
Guillaume Cizeron a tempéré dans l’émission Bourdin Direct, diffusée sur RMC et BFM TV. "Dans le règlement, la meilleure note et la plus mauvaise sont de toute façon effacées lors de notre passage donc ça ne rentre pas dans la ligne de compte", a rappelé le Français. Le système de notation est ainsi fait: le jury est composé de douze juges mais seules les notes de neuf d’entre eux, tirés au sort par un ordinateur, sont prises en compte. La meilleure et la pire note sont ensuite retirées, de manière à pondérer le résultat final. Si la note de Leanna Caron peut poser question, elle n’a donc pas pénalisé les Français, qui ont quand même décroché le record du monde du programme libre et battu d'un point les Canadiens sur cette deuxième épreuve.
En avril 2017, la médaille d’argent du couple français aux Mondiaux malgré un programme libre époustouflant (déjà derrière Virtue et Moir) avait révolté la FFSG. "Il serait bienvenu que des esprits obscurs et tortueux issus d’une quelconque hégémonie s’éclairent sans arrière-pensées du sublime rayonnement de ces deux sportifs et comprennent que si cela venait à se reproduire, cela générerait un scandale mondial nuisible à la crédibilité de ce sport", prévoyait alors Gailhaguet. Ce dernier avait lui-même été au coeur de l'un des plus gros scandales de l'histoire des Jeux d'hiver il y a seize ans.
À suivre >> JO 2018: le direct commenté
Pour mémoire, Gailhaguet avait été suspendu pour une durée de trois ans après que Marie-Reine Le Gougne, une juge internationale française, avait révélé avoir subi des pressions de ce dernier afin de placer un couple russe en tête du programme libre des JO de Salt Lake City. En contrepartie, les Français Marina Anissina et Gwendal Peizerat, en lice dans l'épreuve de danse sur glace et futurs médaillés d'or, auraient dû obtenir la faveur des juges russes. Le système de notation avait été revu suite à cette affaire. Mais tout n'a visiblement pas été réglé.