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JO 2022 (biathlon): Fillon Maillet, l'anti-star aux portes de devenir le plus grand athlète français aux Jeux

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Sensation de ces Jeux de Pékin avec une cinquième médaille décrochée sur le relais ce mardi, le biathlète français Quentin Fillon Maillet réalise une moisson historique que personne, pas même lui, n’avait vu venir.

Il est l’homme de ces Jeux, le leader incontestable des sports d’hiver français. Longtemps dans l’ombre de la figure écrasante de Martin Fourcade, dont il a fini par s’affranchir, le Jurassien Quentin Fillon Maillet prend enfin la lumière. La métamorphose est saisissante pour l’athlète de 29 ans si souvent effacé derrière l’imposant Fourcade. Leader de la Coupe du monde, Quentin Fillon Maillet réalise un début de saison tout simplement exceptionnel.

Depuis ses débuts sur le circuit, en 2013, année où il intègre l’équipe de France de biathlon, il courait après la gloire sans jamais parvenir à y goûter jusqu’ici: six succès en Coupe du monde avant cette saison, déjà cinq avant les Jeux. Sauf accident, un premier gros globe de cristal lui tend les bras fin mars. "Il a progressé au niveau du tir de manière assez franche et ça l'a fait gagner en confiance et en sérénité", jugeait Fourcade avant le relais argenté des hommes ce mardi.

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Bjørndalen le fait rêver plus jeune

Le principal intéressé a une autre explication, et elle se situe dans la tête. L’une des clés de sa réussite est de ne plus avoir peur de gagner, le Français gère mieux les attentes du public à son égard. Libéré de ce poids, le combattant surnommé "Morbac", pour sa capacité à s’accrocher coûte que coûte en course, saisit toutes les opportunités de briller cette saison, enfin habité par cette confiance qui le fuyait.

Quentin Fillon Maillet s’impose comme le digne héritier de Martin Fourcade. Le petit garçon timide qui rêvait de gloire dans sa chambre aux murs tapissés par les posters à l’effigie du Norvégien Ole Einar Bjørndalen a bien grandi, et se prend à rêver d’un improbable "Grand Chelem", lui qui visait une simple médaille d’or individuelle. Il lui reste pour cela une dernière épreuve, la mass-start, vendredi.

Ce qu’il réalise depuis le début des Jeux est historique. Deuxième avec le relais hommes mardi, Fillon Maillet compte désormais deux titres (Individuel et poursuite) et trois médailles d'argent (relais mixte, sprint et relais hommes) sur les pistes de Zhangjiakou. Une performance plus réalisée depuis près d'un siècle dans l'histoire de l'olympisme français, Jeux d'été et d'hiver confondus.

Il façonne ses propres carabines

Jusqu'à présent, seuls l'escrimeur Roger Ducret (trois médailles d'or et deux en argent) et l'archer Julien Brulé (une médaille d'or, trois en argent et une en bronze) sont parvenus à atteindre un tel niveau. Une sixième médaille le ferait rentrer encore un peu plus dans le panthéon du biathlon mondial, consacrant plusieurs décennies de travail passées à perfectionner sa technique à chaque entraînement, à chaque course.

Songez que Fillon Maillet est monté sur des skis à l'âge de quatre ans, et que le ski de fond est tout aussi rapidement entré dans sa vie. "Mes parents regardaient le biathlon et j’avais été intrigué par ce sport ou je pensais qu’ils tiraient avec une arbalète”, se rappelait le biathlète au micro de RMC Sport.

Teddy Riner, une source d'inspiration

C’est dans le Haut-Jura, à Saint-Laurent en Grandvaux, 2000 habitants, que ce monstre de compétition a forgé ses armes, grandissant un cocon qui a permis son éclosion. "Tout le monde n’a pas forcément cru en moi, mes proches oui", confiait-il à RMC Sport. Biathlète extrêmement complet, le natif de Champagnole est aussi efficace sur les skis qu’il l’est au tir, où il s’est imposé comme une référence.

S’il est aussi impressionnant dans cet exercice essentiel, c’est parce qu’il connaît parfaitement ses armes. Et pour cause, il conçoit ses carabines lui-même depuis 2009, en bois, comme les arbalètes qu’il assemblait dans l’atelier familial plus jeune, rapportait un article du Monde daté de 2019.

Employé des douanes françaises comme une vingtaine d’autres skieurs, Quentin Fillon Maillet prend exemple sur d’autres sportifs, et notamment du judoka Teddy Riner, triple champion olympique, pour ses qualités mentales et son refus de la défaite: "Teddy est une source d'inspiration pour moi, avouait-il à Olympics.com. Il est tellement fort ! Il gagne à tous les coups. Il n'est pas seulement très fort physiquement, mais il l'est aussi mentalement. Quand on gagne autant de titres..."Une belle source d’inspiration dans la quête de l’or sur la mass start.

QM