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JO 2022: pourquoi la France est aussi forte en biathlon

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Avec cinq médailles depuis le début des Jeux olympiques 2022 de Pékin, dont quatre pour Quentin Fillon Maillet (trois en "solo", une en relais mixte), le biathlon est le principal pourvoyeur de médailles pour la délégation française. Une réussite qui n'est pas si étonnante. Avant le relais hommes (mardi, 7h30), explications.

Des Jeux olympiques rêvés pour le biathlon français. En sept courses depuis le début de la compétition, les biathlètes tricolores sont montés cinq fois sur le podium (deux médailles d'or et trois en argent). Une réussite qui n'est ni surprenante, ni nouvelle, tant la discipline cartonne dans les rangs français depuis les Jeux d'Alberville (1992). Explications.

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Un sport riche et varié

Si le biathlon rapporte autant de médailles à la France, c'est d'abord parce qu'il existe sept épreuves au sein de la discipline: l'individuel (apparu aux JO en 1960), le sprint (1980), la poursuite (2002), la mass-start (2006), le relais (1968 pour les hommes, 1992 pour les femmes), le relais mixte (2014) et le relais mixte simple (pas encore inscrit au programme olympique).

Preuve de la réussite du clan tricolore, au moins une médaille a été remportée dans chaque épreuve, à l'exception de la mass-start féminine (4 en individuel, 4 en sprint, 8 en poursuite, 3 en mass-start masculine, 8 en relais, 2 en relais mixte). Et la moisson n'est peut-être pas terminée, puisqu'il reste quatre courses avant la fin des JO 2022 (mass-start masculine et féminine, ainsi que les relais par genre).

Le pourvoyeur de médailles numéro 1

Avec 31 médailles décrochées aux Jeux, dont 11 titres (série en cours), la France est la troisième nation dans l'histoire de la discipline, derrière l'Allemagne (57, dont 20 sacres) et la Norvège (50, dont 20 titres également).

Depuis 2006, la discipline est le pourvoyeur principal de breloques pour le clan français (5 à Pékin, 5 à Pyeongchang, 4 à Sotchi, 6 à Vancouver, 4 à Turin, 2 à Salt Lake City, 3 à Lillehammer, 1 à Albertville). Seule l'édition 1988 à Calgary reste vierge pour le biathlon. En France, la médaille d'or obtenue par le relais féminin aux Jeux olympiques d'hiver d'Albertville en 1992 (Anne Briand, Véronique Claudel, Corinne Niogret) a été le point de départ de l'intérêt pour le biathlon.

Des résultats constants cette saison

Les résultats impressionnants de Pékin sont dans la lignée de ce que réalise l'équipe de France en Coupe du monde. Organisée entre novembre et mars, la saison est découpée en 10 étapes organisées sur un week-end. Pour l'édition 2022, sept d'entre-elles se sont déjà déroulées, et les Français ont été performants, avec pas moins de 31 podiums (un en relais mixte, 15 chez les filles et 15 chez les garçons). A titre de comparaison, la Norvège, autre grande nation du biathlon, en totalise 28.

Des résultats constants qui se traduisent au classement général puisque chez les hommes, Quentin Fillon Maillet, déjà quadruple médaillé à Pékin, est en passe de remporter son premier gros Globe de cristal, récompense décernée au leader du classement général en fin de saison. Les autres Français sont également bien placés puisqu'Emilien Jacquelin est 2e, Simon Desthieux 9e et Fabien Claude 12e. Les deux premiers cités ont d'ailleurs porté le dossard jaune de leader en début de saison.

De leur côté, les filles ne sont pas dans la course pour le gros Globe mais sont bien placées aux alentours du top 10: 7e place pour Justine Braisaz-Bouchet, 9e pour Anaïs Chevalier-Bouchet, 10e pour Anaïs Bescond et 12e pour Julia Simon. "C'est aux coachs qu'il faut poser la question. Moi, je suis bêtement le plan, sourit Anaïs Bescond, la doyenne des Bleues (34 ans). On a une culture du sport qui est la bonne, à la fois très pédagogique et en apprenant les bonnes choses au bon moment avec le bon timing. Dans le développement de l'athlète, on n'a pas les yeux ouverts là-dessus, on est en train de faire notre chemin."

Les champions se succèdent

Si Martin Fourcade reste l'un des biathlètes les plus titrés (7 gros Globes, 83 victoires en Coupe du monde, quintuple champion olympique) et connu du grand public, le premier succès français remonte aux années 1990 avec Anne Briand et Emmanuelle Claret, vainqueures de la Coupe du monde en 1995 et 1996. La tradition s'est poursuivie avec Marie Dorin-Habert et Anaïs Bescond, quadruple et triple médaillées olympiques.

Chez les hommes, Raphaël Poirée (quatre Coupes du monde en 2000, 2001, 2002, 2004), Vincent Defrasne, Vincent Jay et désormais Quentin Fillon Maillet perpétuent la tradition des champions français dans la discipline. "C'est presque de la magie à chaque Jeux olympiques. On progresse, on a de plus en plus de moyens, on se bat avec les grosses nations au niveau de la glisse. Mais il faut de la chance pour enchaîner les bons athlètes et les grands champions", sourit Martin Fourcade.

Les clubs se développent en s'appuyant sur le ski de fond

Avec de tels résultats, le grand public s'intéresse de plus en plus au biathlon, d'autant que la discipline est l'une des seules de l'hiver à être diffusée en clair, sur La Chaîne L'Equipe, toute l'année, offrant davantage de visibilité. En parallèle, les sites alpins sont de plus en plus nombreux (133 clubs de biathlon). Une grande majorité se trouve dans des régions montagneuses (avec un record de 24 en Haute-Savoie).

Mais on en trouve aussi dans d'autres régions: (Yonne, Île-de-France, Pas-de-Calais)... Il est possible de prendre part à des stages d'initiation avant d'envisager une implication plus poussée, voire de la compétition. Si le biathlon a peu de pratiquants en France, il s'appuie sur une base beaucoup plus large avec le ski de fond.

Un sport pratiquable toute l'année

La poudreuse est indispensable pour pratiquer le "vrai" biathlon. Mais il ne neige pas pendant douze mois en France. Même les pros doivent s'en accommoder (d'où ces compétitions tassées entre novembre et mars).

Le reste de l'année, quand la neige fait défaut, on peut toujours s'adonner au biathlon en troquant les skis traditionnels pour des skis-roulettes. Une fois chaussés, vous pouvez dévaler les pistes.... de bitume ou les pistes cyclables. Les stands de tirs ne sont pas toujours assez grands et les amateurs doivent se contenter de tirer à 10 mètres (contre 50 m pour les biathlètes olympiques).

Analie Simon, avec Julien Richard