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JO 2022 - Big Air: le saut historique de Tess Ledeux vu par la skieuse et son coach

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En finale du Big Air cette nuit (à partir de 3h du matin), Tess Ledeux pourrait bien re-tenter son double cork 1620. Un saut qu’elle seule sait faire chez les féminines en Big Air. Et qui pourrait lui offrir l’or olympique.

Il y a quinze jours, Tess Ledeux a marqué l’histoire du Big Air. Le 21 janvier, en réussissant, aux X-Games, un double cork 1620, elle est devenue la première femme à réaliser une figure de cette difficulté. Un saut qui nécessite une arrivée rapide sur le tremplin, une belle poussée, et une vitesse d’exécution parfaite sur les quelques seconde où elle est en l’air.

L’avoir effectué à deux semaines des Jeux envoie un message à la concurrence... et aux juges. Tess Ledeux et son coach Grégory Guenet nous parlent de cette acrobatie que Ledeux pourrait bien tenter en finale du Big Air cette nuit.

Tess Ledeux: "Envie de faire évoluer mon sport, de marquer l’histoire"

"Je passe deux fois la tête en bas vers l’arrière et je fais deux tours et demi sur moi-même. C’est un saut assez technique et j’attrape mon ski sur le côté. Je le travaille énormément depuis cet été sur tous les entraînements, l’airbag (où les skieurs apprennent leurs sauts)… C’est un saut qui est venu assez facilement pour moi. J’ai essayé, j’ai vu que ça pouvait marcher, être quelque chose dans lequel je pouvais m’aventurer, et au bout de deux ou trois entraînements j’ai vu que ça marchait très bien. Alors je l’ai essayé sur la neige en octobre, puis en novembre. Et la fois d’après c’était aux X-Games et ça a marché! Ça fait un an que je l’ai tenté pour la première fois sur les airbags, où on retombe sur des gros ballons donc on ne prend aucun risque. Ce qui change c’est que c’est nouveau, récent, un peu surprenant et que c’est un saut assez technique qui ne se fait encore que chez les garçons aujourd’hui… C’est bien pour moi de l’avoir fait juste avant les Jeux, ça me rassure car je sais que je peux le passer en compétition et c’est un saut qui peut scorer.

Tess Ledeux le 27 mars 2021
Tess Ledeux le 27 mars 2021 © ICON SPORT

C’est un objectif un peu personnel. J’ai envie de faire évoluer mon sport, de faire progresser le freestyle féminin, marquer un peu l’histoire. Mais je ne me rends pas compte. Pour moi, aujourd’hui, je suis au début de ma carrière et j’ai encore tellement de choses à faire. Ça ne me met pas de pression, pas du tout. Pour moi, on est dix à pouvoir jouer une médaille, et il faudra être forte le jour J."

Grégory Guenet, entraîneur: "Si ce saut est parfaitement exécuté, ça va scorer"

"Quand Tess s’élance sur le saut, elle s’élance de face. Elle fait comme un double saut périlleux vers l’arrière désaxé, puis elle y ajoute 1620 degrés de rotation sur elle-même, donc quatre tours et demi sur elle-même, de vrille en quelque sorte. Et elle pose en marché arrière. Pourquoi personne ne l’avait jamais fait? Les femmes en sports extrêmes progressent beaucoup plus prudemment que les garçons. Mais l’écart se réduit depuis quelques années, en partie grâce à Tess puisqu’elle a souvent ouvert la voie à de nouvelles rotations. Est-ce que c’est parce qu’elle passe son temps avec des garçons à l’entraînement ? Peut-être que ça joue un rôle. Il y a encore des garçons qui gagnent des X-Games et des Coupes du monde en faisant ce saut.

Elle ouvre une voie dans son sport pour les autres filles aussi. On nous le dit souvent. Elle inspire aussi les autres et j’imagine que pour Tess c’est cool d’entendre ça et de vivre ça. Ça inspire les autres, forcément ça motive la concurrence donc c’est à double tranchant. On sait que si ce saut-là est parfaitement exécuté ça va scorer, c’est certain. Comme n’importe quelle athlète qui performe elle est suivie, regardée, sûrement épiée, enviée. C’est le statut des champions, il faut l’accepter."

Par Valentin Jamin (à Pékin)