JO 2022: comment le duo Papadakis-Cizeron a relevé la tête après la déception de 2018 et l'épisode de la robe

Leur sourire est crispé. Ce 20 février 2018, Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron sont sur le podium de leurs premiers Jeux olympiques, médaille d’argent autour du cou. "Mon pire cauchemar est arrivé aux Jeux", avoue alors la patineuse, les larmes aux yeux face aux journalistes, après cette deuxième place.
>> Toutes les infos en direct sur les JO 2022
La frustration vient du scénario : ils échouent à 0,79 point du duo vainqueur canadien Tessa Virtue et Scott Moir, après avoir largement gagné la danse libre. Mais surtout, ils ont été pénalisés par quelque chose qu’ils ne maîtrisaient pas. Le tour de cou de la robe de Gabriella Papadakis s’est décroché au début de la danse rythmique, obligeant les Français à finir leur programme sans que la danseuse ne se dénude.
"On a construit là-dessus"
Avant ces JO de Pékin, ils ont demandé à ce que l’épisode ne soit plus abordé en conférence de presse, car le sujet revient toujours. "On me pose souvent la question donc je suis obligée d’y penser, souriait Gabriella Papadakis lors des championnats de France. Mais ça a ouvert des portes de réflexion… Je pense qu’avant, on n’avait pas conscience qu’il y avait toujours une part de chance, d’incontrôlable. Ça n’a pas été facile de revenir après, il y a eu beaucoup de questionnements après cette expérience car on n’avait pas vécu ce qu’on voulait vivre." "On a construit là-dessus, ajoute Guillaume Cizeron. Ça nous a donné encore plus la rage de gagner, on est passé tellement proche."
Après cette frustration, les tricolores se relèvent. Ils continuent de s’entraîner au Canada, remportent toutes les compétitions auxquelles ils prennent part. Jusqu’en janvier 2020 et les championnats d’Europe, où ils sont battus par le couple russe Sinitsina-Katsalapov. "On sait très bien pourquoi on n’avait pas gagné, avec un petit peu de mauvaises performances, se souvient Cizeron. Mais ça permet de ne pas être trop serein…"
Une pause de vingt mois
Un léger accroc au goût amer qui sera pendant longtemps leur dernier concours… Car les championnats du monde, en mars 2020 sont ensuite annulés en raison du Covid. Et les Français ne concourront plus pendant vingt mois, à cause de la pandémie, de restrictions de voyages et de certaines impasses effectuées.
"Ça n’a pas été facile de s’arrêter si longtemps, avoue Gabriella Papadakis. Mais on a réussi à en faire quelque chose de bénéfique pour notre préparation. On s’est posés de nouvelles questions." Guillaume Cizeron acquiesce : "Ça nous a permis de prendre le temps de créer nos programmes. D’habitude, on fait toujours un petit peu au plus pressé et là on a vraiment pris le temps d’avoir des chorégraphes sur Montréal (où ils s’entraînent), avec qui on a travaillé vraiment plus en longueur."
Grands favoris
A la rentrée 2021, les quintuple champions d’Europe et quadruple champions du monde sont prêts à rechausser les patins. Ils reviennent avec des programmes qu’ils considèrent comme les plus aboutis et complexes qu’ils aient fait, sur des thèmes et des danses qui leur tiennent à cœur. Lors de leur retour sur la glace début octobre à Epinal, ils s’imposent facilement, comme partout où ils se présenteront jusqu’aux Jeux. Avec des notes qui montent régulièrement très haut.
Assez pour rebattre les Russes, devenus champions du monde et une nouvelle fois champions d’Europe en leur absence ? Les Français, considérés comme grands favoris, ne le sauront pas avant… ce samedi. Car la finale du Grand Prix à Osaka, qui devait avoir lieu en décembre 2021 a été annulée. Et les tricolores ont renoncé à se présenter aux championnats d’Europe il y a quelques semaines en Estonie, estimant que les conditions sanitaires y étaient risquées.
La paire russe a néanmoins connu quelques difficultés, battue à deux reprises par des couples américains lors de l’épreuve par équipe de ces Jeux. Mais pas encore, donc par les Français. "Ça ne change pas grand-chose", pour Guillaume Cizeron. "C’est peut-être plus excitant pour le public mais même si on les avait affrontés et gagnés que ça aurait été la même chose ici, dit-il. On se concentre sur ce qu’on a à faire dans nos propres chorégraphies." Et si elles sont parfaitement réalisées, l’or pourrait bien remplacer l’argent d’il y a quatre ans.