JO 2022: qualifs dans un centre commercial, trajets en van... le parcours fou du skieur du Timor Oriental

La cérémonie d’ouverture
"C’était un super moment. On avait décidé de prendre une tenue que l’on porte dans les cérémonies au Timor, les cérémonies spirituelles ou les cérémonies d’accueil quand un dignitaire vient dans un village. On portait un tais. C’est une espèce de grande jupe pour les hommes. C’est une tenue de respect. Chaque couleur représente une région du Timor Oriental. Les autres athlètes étaient surpris par notre tenue et nous ont demandé des photos."
Les quatre dernières années
"J’ai eu quatre années assez compliquées. Après PyeongChang, il y a eu pas mal de questionnements. Je ne savais pas si j’allais arrêter. J’ai finalement décidé de continuer. J’avais dit au Timor que je commençais à vieillir, que ça commençait à être cher. Le Timor m’a dit qu’il fallait continuer à avoir un représentant aux JO d’hiver. Toute ma famille est au Timor. Je me suis dit ‘allez j’y retourne’. Je suis ravi d’avoir pris cette décision. J’ai toujours le support de mon coach. Pendant ces quatre ans, on a essayé de faire le maximum d’entraînements et de courses. Ca a été très ralenti avec la pandémie. On a pu tirer quelques courses. On a été beaucoup plus restrictif alors qu’avant on allait se préparer dans l’hémisphère Sud. On a quand même pu participer aux Mondiaux mais c’est sûr qu’on était moins présent."
La galère du Covid
"C’est toujours une galère financière et logistique. J’ai décidé de contacter d’autres athlètes dans le même cas de figure que moi, des gens qui sont comme moi le seul représentant de leur nation. On a créé un groupe Whatsapp appelé "les athlètes exotiques". On s’est mis ensemble et ça nous a permis de budgétiser nos sorties, de couper le prix du coaching, des transports, des hôtels, des courses. On s’est adapté. Par exemple, on était parti faire des entraînements en Bosnie. On pensait prendre nos voitures personnelles, d’autres arrivaient en avion, ça s’est avéré trop compliqué. On a loué un van à 6, 100 euros la journée. On a bien rentabilisé le prix de la fourgonnette."
La qualification olympique à... Dubaï
"On est au mois de novembre quand les stations ne sont pas forcément ouvertes. On est allé à Dubaï pour disputer quatre slaloms. Ca s’est passé dans un dôme situé dans un centre commercial. On s’est retrouvé avec plein d’autres petites nations. Il y avait des Saoudiens, des Jordaniens. On a fait cette course. L’avantage de cette piste c’est qu’elle est courte, les écarts sont plus petits, et ça se fait en trois manches contre deux habituellement. Ca change du cadre normal. On fait notre course et après on va dans le désert."
La relève au Timor ?
"Avec ma mère, on voulait, en 2020, apporter pendant la journée olympique, présenter le ski alpin au Timor. On avait choisi les skis à roulettes. On a les premières sensations de glisse. Malheureusement avec la pandémie on n’a pas pu faire cette journée mais ça reste le projet. D’amener ça au Timor permettrait d’avoir peut-être un jeune qui a de l’endurance et de le mettre sur des skis de fond."
Des JO réussis ?
"D’avoir des tests PCR négatifs tous les jours (rires). C’est la première fois que je me qualifie en géant. Faire une petite performance en géant ce serait formidable et en slalom ce serait de terminer la course en skiant vraiment à mon niveau, sans mettre le frein à main. Pour le petit challenge ça serait de battre mon ami portugais Ricardo Brancal."