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JO 2024 (athlétisme): "Peut-être 10% de chance d'être au départ", Mayer pessimiste sur sa participation au décathlon

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Toujours convalescent, Kevin Mayer est apparu triste à quelques jours du début du décathlon des Jeux olympiques de Paris. Le Français, longtemps favori pour la médaille d'or, ne sait toujours pas s'il pourra s'aligner au début des épreuves.

Recordman du monde et double vice-champion olympique en titre, Kevin Mayer rêvait de boucler son incroyable aventure par la médaille d'or du décathlon lors des JO 2024 à Paris. Mais après avoir peiné pour boucler les minima en raison de pépins physiques, le Français de 32 ans s'est finalement blessé à la cuisse à quelques semaines de l'événement planétaire. De quoi remettre en cause sa participation lors de la première journée de compétition vendredi.

"C'est un miracle de ouf si ça passe", a-t-il affirmé ce mardi face à la presse et les larmes aux yeux. "La progression que j'ai eue cette dernière semaine me laisse espérer peut-être 10% de chance d'être au départ du 100 m."

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"Saisir ma chance et d’aller jusqu’au bout de cette aventure"

Terminés les rêves de gloire, ou tout simplement un troisième podium consécutif, Kevin Mayer espère simplement tenir sa place et boucler ce décathlon olympique devant les Français.

"La blessure d’un point de vue entraînement je n’ai pas recouru etc donc je ne peux pas donner de… J’ai tout fait pour faire en sorte qu’il y ait le moins de soucis possibles. Après voilà, une rupture partielle d’un tendon à 95% c’est quelque chose pour laquelle beaucoup de personnes vous donneraient zéro chance", a encore expliqué le principal à quelques jours de ses débuts aux JO de Paris. "J’ai décidé de saisir ma chance et d’aller jusqu’au bout de cette aventure même si elle n’est pas facile du tout. Aujourd’hui ça fait trois semaines que j’ai fait mon deuil sur ce que j’espérais à Paris. Aujourd’hui je suis devant la presse, je ne veux qu’une chose: c’est être devant le public français."

Et Kevin Mayer d'enchaîner: "On parle beaucoup du futur et de vendredi matin mais j’essaye d’être dans l’instant présent et je le suis depuis un mois pour faire en sorte que chaque minute soit utilisée pour que ce putain de tendon qui a pété sans me prévenir soit au mieux possible et que j’ai une chance de faire, d’être au Stade de France. Mais c’est sûr que je fais du décathlon, je ne fais pas… Si je devais faire du tennis, je jouerais au tennis. Si je devais faire du basket, je ferais du basket-ball. Je ne dis pas que je serais aux JO… Mais c’est du décathlon, c’est dix épreuves à fond ou quand on est à 80%, les perfs passent de 10 secondes 50 à 12 secondes 5."

Kevin Mayer sur son état physique avant les JO 2024: "Donc ce n’est même pas utile d’y aller si j’y vais à 80%."

Mayer espère prouver son savoir-faire "dans la lumière"

Envieux sur la situation de ces autres sportifs qui, même blessés, peuvent bénéficier de quelques jours de récupération supplémentaire ou de matchs moins importants pour se préparer tel que le basketteur Kevin Durant avec la Team USA.

"Aujourd’hui si je suis là c’est que par choix donc j’ai tout donné, tous mes proches ont aussi été incroyables avec moi dans ce moment difficile. Ils m’ont rassuré sur le fait qu’ils étaient impressionnés par ce que j’avais fait dans l’ombre. Malheureusement je ne suis pas sûr de pouvoir prouver ce que je sais faire dans la lumière", a encore regretté Kevin Mayer devant les journalistes. "Clairement depuis septembre je me suis fait une sorte d’entorse de la hanche et j’ai le nerf sciatique qui est comprimé et je sens toujours des fourmis dans ma jambe. Donc je vais tout faire pour que ça n’arrive pas mais en même temps, les haies étaient très sensibles. Dès que je faisais des haies c’était très sensible sur ma hanche."

"Si ça passe au 100m… je vais faire les haies de la mauvaise jambe"

Pas au mieux pendant plusieurs mois, Kevin Mayer semblait tranquillement monter en puissance en vue des JO 2024. Malheureusement pour lui, son corps l'a rattrapé avec cette blessure.

"Le plan marchait super bien, je suis super nul en qualifs comme d’habitude et tout montait comme d’habitude. Et là voilà, il se passe ce qu’il se passe. C’est un deuil et je ne fais pas du tout référence au deuil que l’on connait quand on perd une personne mais je vis avec les Jeux de Paris depuis mille ans, depuis huit ans", a finalement glissé l'athlète de 32 ans. "Et c’était un rêve, et même pas un rêve de gosse parce que je n’imaginais pas faire les Jeux en étant gosse, un rêve d’avoir des médailles et de faire des Jeux à la maison avec une potentielle médaille. Tout ça fait que j’emploie le mot deuil pour dire à quel point il a fallu que je prenne du temps pour me dire que non, je ne ferais pas ce que je prévoyais de faire. Même si ça passe au 100m… je vais faire les haies de la mauvaise jambe parce que je ne peux absolument pas le faire de la bonne jambe, c’est sûr et certain. Le ramené sur la longueur je ne suis absolument pas sûr que ça passe."

Avant de voir Kevin Mayer conclure, un brin désabusé: "C’est le décathlon, on prend des chocs dans tous les sens et avec un tendon en moins… Voilà."

Jean-Guy Lebreton avec NP et AT