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JO 2024: délégation secrète, timing "à la seconde près"… dans les coulisses des bateaux de la cérémonie d’ouverture

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Le grand jour est arrivé. A partir de 19h30 ce vendredi, 85 bateaux précisément transporteront près de 7.000 athlètes sur la Seine pour la cérémonie d’ouverture des JO de Paris. Tout a été finalisé en secret ces derniers jours pour les bateliers, aux premières loges de ce défilé "dément", selon leurs premières constatations.

Ils sont les acteurs principaux pourtant un peu oubliés d’une parade hors du commun. Vendredi à partir de 19h30, 85 bateaux embarqueront près de 7.000 des 10.500 athlètes olympiques pour leur faire vivre une cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques encore jamais-vue: sur un fleuve, la Seine. Eux - les bateliers - ont déjà aperçu une partie de cette mystérieuse grande première. Depuis une semaine, ils ont enchainé trois répétitions, dont la dernière mercredi soir jusque tard dans la nuit dans des conditions presque similaires à celles de ce vendredi soir. A l’exception des athlètes, des centaines de milliers de spectateurs… et d’une grande partie du trajet emprunté entre le Pont d’Austerlitz et la Tour Eiffel.

La nationalité de la délégation gardée secrète jusqu’au dernier moment

"On a vu une petite partie du show et il va être vraiment dément", s’enthousiasme Salim Akacem, qui sera à la barre de l’une des embarcations. "Ils l’ont fait pour qu’on ne soit pas surpris de voir des gens à droite, à gauche, qui sautent pendant la cérémonie." La flotte - complétée par dix autres bateaux de secours pour pallier d’éventuels impondérables de dernière minute (panne, avarie...) - a ainsi composé avec des BMX au milieu de l’eau, des jets d’eau, le tout avec un timing à respecter à la lettre pour coller à la création de Thomas Jolly, metteur en scène de la cérémonie. "C’est très millimétré, on a des horaires de passages sous les ponts à respecter à la seconde près", explique le batelier de la compagnie Paris Water Way.

L'un des bateaux qui participera à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 sur la Seine
L'un des bateaux qui participera à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 sur la Seine © Paris Water Way

Et la magie a opéré lors de ce test quasiment grandeur nature. "On a eu les félicitations de Thomas Jolly, du préfet de région, des organisateurs, la trace est bien rodée, bien timée", se félicite Michel De Vallois, également batelier. "Thomas Jolly a bâti son show autour des bateaux et pour que cela fonctionne, il faut que le ballet des bateaux soit bien réglé. C’est le cas et on espère que ce sera aussi le cas ce soir."

Avec les autres capitaines, Salim Akacem et Michel De Vallois retrouveront chacun leur bateau de 12 places vers 15h ce vendredi, en amont d’Austerlitz (Ivry, BNF…) où ils sont amarrés et couvés précieusement par l’armée. Tous ont été passés au peigne fin après avoir été choisis par le comité d’organisation. "Il y a eu une visite par les services compétents pour les homologations, déminage avec des plongeurs dessous, des chiens dessus et l’équipage a été scanné. Au niveau sécuritaire, on ne peut pas faire mieux", énumère Salim Akacem.

Des dédommagements entre 20.000 et 100.000 euros par bateau

Jeudi, les services de Paris 2024 s’activaient pour parer les engins aux couleurs de JO dans un souci d’uniformité. Vendredi, en plus de ces nouveaux attraits, les bateliers découvriront aussi la nationalité de la délégation qu’ils transporteront. Un secret très bien gardé pour des raisons de sécurité. Salim Akacem ignore encore la langue qui sera parlée sur son bateau ce soir:

"Il y a déjà un drapeau de la délégation mais il est bâché. Il est bien cousu, on ne peut rien faire."

Michel De Vallois a, lui, réussi à découvrir la nationalité des sept athlètes qui monteront à ses côtés en compagnie de son co-pilote et d’une régisseuse accompagnant chaque délégation. Mais il garde le secret. "On n’a pas le droit d’en parler", glisse-t-il.

Tous s’attendent à vivre une expérience unique. Quitte à y perdre un peu financièrement. Car le trafic est totalement interdit par arrêté depuis une semaine sur la Seine. Un gros manque à gagner pour ces professionnels en pleine saison estivale. Mais Paris 2024 a essayé d’amortir cette perte avec des indemnisations entre 20.000 euros – "le montant que l’on peut gagner en une semaine au cœur de la saison" - et 100.000 euros accordées selon la taille des bateaux et le nombre mis à disposition par les compagnies.

Vendredi, il y en aura pour tous les gabarits entre les monstres capables de transporter 1.000 personnes et quatre délégations et les XS (12 places) qui représenteront environ 25% du contingent. Tous effectueront le trajet de 42 minutes à 9km/h, puis déposeront leurs athlètes sur les quais à partir du Pont d’Iéna et sur un kilomètre. Les sportifs retrouveront la Terre ferme pour se rendre au Trocadéro où la cérémonie se clôturera jusqu’à l’allumage de la vasque olympique. Les bateaux en auront fini de cette parenthèse enchantée, un peu coûteuse mais surtout unique. "Je suis très heureux, c’est une visibilité pas négligeable pour l’entreprise", conclut Michel De Vallois. "On met notre bateau à disposition parce qu’on fera ça une fois dans notre vie, on s’assoit sur un peu d’argent mais c’est pas grave."

Nicolas Couet Journaliste RMC Sport