JO 2036: comment le Qatar regarde la France pour "prendre exemple" sur Paris 2024?

Le 8 juin dernier, chemise blanche, pantalon beige, lunette de soleil et casque de chantier vissé sur la tête, un homme se promène dans le village olympique des Jeux de Paris 2024. Un homme loin d’être seul, une délégation est présente juste derrière lui. Les ouvriers du chantier olympique ne connaissent pas son importance, ni son identité.
Depuis plusieurs mois, cet homme est bien visible dans l’environnement des JO 2024. Le Cheikh Joaan bin Hamad Al-Thani, président du Comité olympique du Qatar (COQ) et frère de l’Emir du Qatar, a rencontré début juin à Paris, le directeur des Villages olympique et paralympique de Paris 2024. Le Cheikh Joaan bin Hamad Al-Thani avait "salué le travail de préparation de Paris pour accueillir les Jeux olympiques l'année prochaine".
Ce dernier connaît parfaitement la France pour y avoir étudier lors de son passage à l'école militaire de Saint-Cyr. Le lendemain de cette visite, il était aussi présent dans les locaux de Paris 2024, pour la réunion annuelle du conseil d’administration de l’Olympic Refuge Foundation. "Il faut se montrer, de plus en plus, dans toutes les réunions où le CIO a son mot à dire", explique un responsable du COQ. "Il donne l’impression de mieux préparer l’arrivée du Qatar sur la scène olympique", poursuit un dirigeant de Qatar 2022, en charge de l’organisation de la dernière Coupe du monde.
2036 ou après?
Dès le coup de sifflet final de la Coupe du monde 2022, RMC dévoilait le projet qatari pour poursuivre ses investissements dans le monde du sport. Sur un plan international, l’Emirat s’est déjà assuré d’organiser des compétitions sportives comme les Championnats du monde de natation en 2024, juste avant les Jeux de Paris, la prochaine Coupe d’Asie de football ou les Jeux asiatiques de 2030.
"Le calendrier est assez linéaire, avec des événements récurrents comme la Formule 1, et on vient ajouter des événements internationaux comme la natation", poursuit ce responsable du Comité Olympique du Qatar.
Le lot des polémiques autour de l’organisation de la Coupe du Monde 2022 ne semble pas effrayer les décideurs qataris dans ce projet de Jeux olympiques 2036. Candidate malheureuse pour les JO d'été de 2016, 2020 et 2032, Doha ne perd pas espoir. Bien au contraire. 2036 est la première date disponible sur le calendrier. Pour le moment, rien n’est figé.
Lors des dossiers des requérances pour 2016 et 2020, le Qatar avait porté un dossier assez solide. Sites sportifs, transports, sécurité ou même l’aspect financier, l’Emirat avait obtenu des notes convenables dans un des premiers rapports du groupe de travail du CIO. Le très gros point faible du Qatar apparaissait dans la partie logement. Ce rapport n’est pas toujours suivi par la Commission Exécutive du CIO puisque Rio n’avait pas la meilleure note et avait finalement obtenue l’organisation de l’événement.
Très rapidement, en cas d’officialisation de la candidature, des questions vont arriver sur le devant de la scène. Les polémiques aussi. Les infrastructures? Les lieux d’accueil? La logistique? La chaleur? Le Qatar souhaite se servir de l’organisation de la dernière Coupe du Monde pour convaincre progressivement les membres du CIO, c’est l’objectif prioritaire des décideurs de l’Emirat afin de "marquer des points". "Cette phase de requérance a disparu, c’est plus un dialogue avec le CIO aujourd’hui", explique-t-on dans l’entourage du COQ.
Des JO en octobre, des Paralympiques en novembre?
Au fil des discussions, se pose LA question de l’organisation des Jeux olympiques à une autre période que le mois d’août, où les températures peuvent rapidement atteindre les 40 degrés, voire plus, dans les rues de Doha. Avec le réchauffement climatique, certains responsables qataris imaginent difficilement la tenue des Jeux de manière normale en plein été au cours des prochaines années sur l’ensemble des territoires. "En 2036, vous vous voyez faire un marathon dans les rues de New-York en plein été?", commente un proche de la candidature. En 2016 ou en 2020, le Qatar avait pensé à une organisation des JO dans la deuxième partie du mois d’octobre.
Il fera chaud à Paris l’année prochaine, il a fait chaud à Tokyo en 2021. "Pourquoi pas une candidature pour la fin octobre, début novembre? Il faut réfléchir à ces options ça sera important. Le dossier repose sur ça principalement car beaucoup de pays seront surpris de ne pas voir les JO en plein été, comme ils étaient choqués de ne pas voir une Coupe du Monde au mois de juillet et au final ce Mondial en novembre n’a pas eu que des effets négatifs sur les joueurs", termine un responsable qatari. Le CIO pourrait aussi se montrer très sceptique sur l’organisation de la plus grande compétition sportive au monde sur un territoire aussi grand que la Corse. Le projet qatari est encore loin (très loin) d’une victoire. Enfin, le Qatar doit aussi guetter les ambitions de ses voisins, pour le moment sans limite dans le domaine du sport.