JO de Paris 2024: "On marche sur la tête", l’incompréhension d'athlètes français après l’annonce d’une aide pour les sportifs ukrainiens

L’annonce a suscité une sacrée incompréhension. Présente à Liévin (Pas-de-Calais) en fin de semaine dernière avec des sportifs ukrainiens, Amélie Oudéa-Castéra a indiqué que ces derniers allaient bénéficier d’une aide d’un million d’euros en vu des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
"Mon ministère va débloquer une aide spécifique d'un million d'euros pour permettre à la délégation ukrainienne qui va se rendre à ces Jeux olympiques et paralympiques d'être le mieux préparée possible, a détaillé la ministre des Sports. On veut que l'Ukraine puisse être incarnée de la plus belle des façons (...) Cette aide prendra la forme de "stages de préparation" et d'un "centre de préparation aux Jeux qu'on va essayer de bien définir avec les équipes ukrainiennes."
Si elle part d’une bonne intention, celle de tendre la main aux sportifs d’un pays ravagé par la guerre depuis maintenant un an, cette aide n’a pas été très bien perçue dans les rangs des sportifs hexagonaux. S’ils n’ont bien évidemment rien contre le soutien de leurs pairs ukrainiens, certains athlètes tricolores, dont beaucoup éprouvent de grosses difficultés financières pour s’entraîner tout au long de l’année, n’ont que très peu goûté à cette annonce.
"Beaucoup de sportifs français qui font les Jeux vivent avec le Smic"
"On marche sur la tête", a déploré Alexis Miellet sur Twitter. Au regard des nombreuses réactions indignées sur les réseaux sociaux, le champion de France du 1.500m, qui préférerait "garder ces millions pour les sportifs français en galère, pas pour (leurs) futurs concurrents", a su mettre les mots sur le sentiment de nombreux athlètes tricolores. "Coucou aux athlètes qui préparent les JO de 2024 sous le seuil de pauvreté ou obligés de faire des appels aux dons pour financer leur saison", a de son côté réagi Ayodélé Ikuesan, vice-championne d'Europe du relais 4x100 m en 2014 et également maire-adjointe du XVIIIe arrondissement de Paris, sur les réseaux sociaux.
"Les sportifs avec qui j'en ai parlé ne comprennent pas trop, a confié Alexis Miellet à L’Equipe. Privilégier nos sportifs ce n'est pas tomber dans un extrême, c'est juste logique. Beaucoup de sportifs français qui font les Jeux vivent avec le Smic, d'autres travaillent. Ce ne sont pas des conditions optimales. Alors, quand on voit qu'il y a 1 million d'euros qui peut être débloqué pour nos concurrents, je ne comprends pas le principe. Je n'ai aucun problème avec le fait d'aider l'Ukraine. Mais aider les sportifs ukrainiens, dont beaucoup s'entraînent d'ailleurs à l'étranger, c'est différent."
Face à cette grogne, Amélie Oudéa-Castéra a été contrainte de réagir pour défendre l’initiative de son ministère. "Cette aide correspond à un montant supplémentaire pour le budget du ministère des Sports, qui n'est en aucun cas retiré au soutien que nous apportons aux sportifs français, a assuré la ministre des Sports dans les colonnes de L’Equipe. Ce million d'euros est à mettre en regard des plus de 200 millions d'euros que nous investissons chaque année dans la haute performance, pour aider nos fédérations, nos sportifs tricolores et leurs coaches à se préparer aux Jeux."