JO de Paris 2024: bientôt possible de se baigner sans risques dans la Seine à Paris?

"Me baigner dans la Seine? Absolument pas je trouve ça répugnant", "La Seine c’est un peu la poubelle de Paris"... sur les quais de Seine, rares sont les Franciliens décidés à enfiler leur maillot de bain si le fleuve devenait baignable. Pourtant, il y a 30 ans déjà, Jacques Chirac s’engageait à ouvrir la Seine à la baignade, sans succès. Mais en 2016, Anne Hidalgo, nouvelle maire de Paris, prend le relais et annonce que la Seine deviendra accessible dès 2025, après que le fleuve aura accueilli plusieurs épreuves des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
C’est au niveau du Pont Alexandre III que les épreuves de nage en eau libre, de triathlon et de Paratriathlon se dérouleront. Mais le chemin jusqu’à la baignade est encore long.
Interdite à la baignade à cause des bactéries
S’il est interdit de faire trempette dans le fleuve, c’est parce qu’il est jugé impropre à la baignade depuis 2006 en raison des bactéries. Des prélèvements sont effectués une fois par mois hors période estivale et une fois par semaine l’été, par une entreprise partenaire de la Mairie de Paris.
"Dans ces analyses, on recherche la présence de deux genres de bactéries: les indicatrices fécales et les entérocoques intestinaux. Ce sont des bactéries qui peuvent engendrer des gastros, des inflammations de la peau…", précise Paul Kennouche, ingénieur de la ville de Paris en charge de l’eau et de l’assainissement. Ces bactéries sont en partie causées par les eaux sales déversées par les 35.000 bateaux d’habitation et pavillons. Mais surtout, elles sont liées au réseau d’égouts parisien.
Le système francilien est unitaire, c’est-à-dire que les eaux de pluie et les eaux usées sont mélangées puis envoyées dans la station d’épuration. Problème: en cas de forte pluies, pour éviter les inondations ou que les eaux d’égouts ne remontent dans la ville, le mélange "eaux usées + pluie" est jeté directement dans la Seine. Impossible donc d’envisager de se baigner.
1,4 milliard d’euros pour dépolluer la Seine
Objectif pour la Mairie de Paris: ne pas faire comme à Rio en 2016, où les athlètes avaient participé à des épreuves dans la baie de Guanabara, pourtant suspectée de porter des maladies telles que l’hépatite A. Un corps avait même été retrouvé dans l’eau une semaine avant le début des épreuves. Pour limiter les risques, un programme qualité de l’eau et baignade d’1,4 milliard d’euros a été lancé en France en 2016. Il comprend plusieurs volets.
Certaines actions ont déjà été menées et à l’approche des Jeux, la Mairie de Paris sanctionne tout facteur de pollution de la Seine. "Par exemple, il y a quelques années, 90% des bateaux d’habitation déversaient leurs eaux usées (sanitaires, douches…) dans la Seine. Ce n’est désormais plus le cas. Les travaux sont terminés et chaque péniche a désormais jusqu’à 2024 pour se raccorder au réseau d’égouts", explique Pierre Rabadan, adjoint aux sports à la Mairie de Paris. Mais le plus gros facteur de pollution de la Seine reste lié à la saturation des égouts.
Une cuve de 45.000 m3 construite dans la capitale
Pour éviter la contamination de la Seine en cas d’orage ou de fortes pluies, une cuve est en cours de construction sous la capitale près de la gare d’Austerlitz. 50 mètres de diamètre pour 30 mètres de profondeur, censés prendre le relais en cas de saturation des égouts.
"Ce lieu qui fait environ 45.000 m3 d’eau, c’est une capacité importante qui va nous faire passer d’une capacité de stockage des eaux usées d’un mois à six mois, précise Pierre Rabadan. Le bassin d’Austerlitz va retenir le mélange 'eaux usées + pluie' le temps que les intempéries s’arrêtent et une fois que c’est fini, au lieu de tout mettre dans la Seine, on envoie les eaux dans les stations d’épuration. Cela évite de contaminer la Seine et on préserve la baignade."
Coût total de l’installation: 80 millions d’euros. Les travaux s’achèveront en 2024, quelques mois avant le début des Jeux. "Pour l’instant, 50% des prélèvements d’eau de Seine atteignent la qualité baignade. Avec tous les travaux en cours, on espère atteindre les 90-95% d’ici 2024", ajoute Paul Kennouche.
La Seine devra donc être propre pour les Jeux de Paris, lors desquels des prélèvements seront réalisés en continu, mais pas seulement: 22 sites de baignade devront être laissés en héritage aux Franciliens après l’événement.