"Ce Mondial veut dire beaucoup": le grand test de Romane Dicko sur les championnats du monde de judo

Le destin, ou plutôt le hasard, est taquin. Ce jeudi, il a mis sur la route de Romane Dicko au premier tour des championnats du monde de judo l’Italienne Asya Tavano. La Transalpine avait battu la Française d’entrée aux Mondiaux 2023 à Doha. Dicko était arrivée auréolée de son titre conquis l’année précédente à Tashkent (Ouzbékistan) et d’une aura d’invincibilité. Tavano avait fait tomber la Parisienne, mal préparée, et mis au jour plusieurs failles. Cette gifle XXL avait réveillé la plus de 78 kilos.
Dicko a un compte à régler sur ce championnat du monde 2025. Sept semaines après avoir conquis avec la manière une 5e couronne continentale, elle sait qu’elle n’est jugée que sur l’échéance hongroise: "C’est le grand bassin" confirme-t-elle. "Les Europe, je maîtrise. À Budapest, il y a des grosses têtes qui n’étaient pas à l’Euro. Je pense aux Asiatiques et à Souza la Brésilienne championne olympique."
Beatriz Souza avait mis fin au rêve d’or de la judoka licenciée au PSG judo lors du rendez-vous olympique de Paris 2024. Une stratégie militaire pleine de patience peaufinée à grands coups de data par ses coachs à Sao Paulo. Le plan s’est déroulé exactement comme prévu au Grand Palais éphémère. Dicko a baissé de pied après deux minutes et Souza l’a cueillie. "Ce Mondial veut dire beaucoup", annonce Dicko. "Ce sera le rebond par rapport aux JO. C’est pour me montrer à moi aussi que Paris est vraiment derrière moi et que j’avance vers Los Angeles 2028."
Une nouvelle coach
À Podgorica, fin avril, elle a traversé le championnat d’Europe comme un canter d’entraînement. Hormis la demie face à Léa Fontaine, elle a ventilé la concurrence. Dicko sait qu’elle doit changer. Elle travaille beaucoup son ne-waza (le judo au sol). En finale, elle a réajusté une position qui pouvait laisser filer l’Israélienne. Debout, elle a entamé un chantier sur sa mobilité. Bouger avant d’attraper, attraper puis bouger. Lourde, musclée et pas empotée, elle a besoin de cette qualité pour briser la défense des lourdes plus massives, comme Souza par exemple. "Aux Europe, l'objectif était de faire du beau judo. J’ai même mis un o soto-gari (fauchage). J’ai d’autres solutions et c’est rassurant", décrypte-t-elle.
C’est aussi le début de sa relation avec une nouvelle coach en équipe de France, Jane Bridge. Dicko n’a plus Séverine Vandenhende pour l'entraîner. Cette dernière a été remerciée par la fédération française. L’athlète avait écrit un long message sur les réseaux sociaux pour la remercier. Le tableau de Dicko est un sacré défi. Après Tavano, ce sera vraisemblablement la dangereuse Chinoise Ayiman avant la colossale turque Ozturk en quart. En demie, attention avec l’une des deux Sud-Coréennes, la Russe Startseva ou la Japonaise Takhashi. Pour peut-être des retrouvailles avec Souza en finale comme c’était le cas à Tashkent: "Souza n’est pas ma rivale plus qu’une autre", coupe Dicko. "Une compétition de judo est imprévisible. Beaucoup de filles sont arrivées après les Jeux Olympiques."
Dicko ajoute qu’elle doit aussi progresser sur le plan mental. Tanner son cuir, souffrir pour gagner. Elle sait qu’il n’y a pas que des victoires expéditives. C’est le moment de se préparer à la difficulté: "J’ai du mal à comprendre comment je peux gagner sur les mêmes filles en tournoi... et aux mondiaux ou aux Jeux je n’y arrive pas. Il y a forcément quelque chose qui se passe. Ça ne peut pas être physique. Il faut que j'aille chercher plus loin dans mes retranchements, plus loin dans ma tête." En descendant du tatami après son titre chez les moins de 73 kilos, Joan-Benjamin Gaba n’avait parlé que de ça, La tête, le mental, la lucidité. À Budapest, l’étudiante en maths a un joli problème devant elle. Elle sait y faire.
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