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Judo: Agbégnénou conteste sa sélection pour les Mondiaux... préférant disputer les Europe

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Clarisse Agbégnénou a décidé de contester sa sélection pour les prochains championnats du monde en juin pour lesquels elle est sélectionnée. La triple championne olympique aurait préféré disputer l’Euro en avril avant de faire une pause pendant un an. La judoka a décidé de faire appel de la sélection.

Sur le tatami comme dans la vie, Clarisse Agbégnénou est difficile à déséquilibrer et encore plus à faire tomber. Elle combat à chaque fois pied à pied qu’il s’agisse d’une adversaire japonaise en face, de sa vie personnelle ou professionnelle. Mardi, le comité de sélection de la fédération française de judo a dévoilé sept des neuf noms qui vont représenter la France aux prochains championnats d’Europe (du 23 au 27 avril à Podgorica) chez les féminines.

Le nom de Clarisse Agbégnénou n’y figure pas. En moins de 63 kilos, c’est Manon Deketer, 2e du tournoi de Paris, et la jeune Melkia Auchecorne, double championne du monde junior et 3e à Paris, qui ont été choisies. Logique dans la construction de la sélection féminine pour le rendez-vous continental: que des filles qui se sont montrées à Paris à l’image de Léa Fontaine, victorieuse en plus de 78 kilos.

Les armes lourdes de l’équipe de France comme Agbégnénou ou Romane Dicko (+78 kilos) ont elles été préemptées pour les Mondiaux prévus fin juin à Budapest. Teddy Riner est aussi appelé pour la Hongrie et lui aussi, comme Agbégnénou et Dicko, n’a pas combattu depuis les JO 2024 sur le circuit de la fédération internationale.

"C'est l'année idéale, l'année une d'une olympiade pour faire cela détaille la manager de l'équipe de France", Frédérique Jossinet. "Clarisse a une place réservée aux championnats du monde, ça vaut cher. On estime que c'est nos numéros unes qui vont aux Mondiaux. Beaucoup sont en reprise et l'Euro est déjà dans six semaines. Leur sélection pour les Europe est méritée, on ne leur a pas donnée."

Agbégnénou: "Me consacrer à ma vie privée"

Contester une sélection pour un championnat du monde, le rendez-vous phare de la saison, bizarre non? La championne olympique 2020 des moins de 63 kilos s’en est expliquée dans quatre messages Instagram: "Je suis en reprise depuis les Jeux olympiques et mon seul but était de reprendre progressivement. C’est-à-dire faire une compétition avant les championnats d’Europe et me positionner sur les championnats d’Europe pour aller chercher un 6e titre européen qui serait plus que symbolique pour moi. Cette année j’avais aussi peut-être décidé de faire l’impasse sur cette année, de me consacrer à ma vie privée. J’ai décidé de changer, de faire un petit bout de l’année dans le judo. Je voulais pousser jusqu’aux championnats d’Europe et après me consacrer à ma vie privée. Je vois dans ces sélections qu’on n’écoute pas mes envies, mes choix."

Un nouveau titre mondial pour égaler Tamura?

La judoka licenciée à Champigny-sur-Marne a exposé ses désirs il y a quelques jours. Une démarche qui a été appréciée. Elle devrait disputer sa première compétition depuis les JO dans deux semaines à Tashkent. Elle voulait se servir de ce tournoi comme tremplin pour les Europe si jamais elle était sélectionnée puis de s’arrêter: "Faire des compétitions jusqu’aux championnats d’Europe, de faire une pause et de revenir un an plus tard", explique-t-elle sur son compte Instagram. "J’espère que mon message sera compris, c’est pour ça que je tiens à faire appel de cette sélection pour que je puisse honorer mes engagements personnels et de façon symbolique faire cet Euro pour emmener un autre résultat à mon palmarès."

En somme obtenir un 6e sacre pour égaler son nombre de couronnes mondiales. La judoka s’excuse auprès de ses coéquipières des moins de 63 kilos et de l’équipe de France. Une nation ne peut pas aligner plus de deux combattants par catégorie sur un championnat officiel. Difficile pour la fédération de retirer Deketer ou Auchecorne pour mettre Agbégnénou. La première a déjà une médaille mondiale et l'autre est prometteuse. La sextuple championne du monde rencontrera de nouveau la fédération ce vendredi pour planifier la suite de la saison, preuve que le dialogue n'est pas rompu. La judoka la plus titrée du judo tricolore n'est jamais avare en rebonds. Un septième titre mondial la mettrait au niveau du record de la Japonaise Ryoko Tamura.

Morgan Maury