Judo: Agbégnénou dénonce "une différence de traitement" entre Riner et elle dans son conflit avec la Fédération

Elle dénonce un manque de respect. Et ne compte pas lâcher. Depuis le Grand Slam de Tel Aviv mi-février, qui marquait son retour à la compétition individuelle, un conflit oppose Clarisse Agbégnénou et la Fédération française de judo, agacée par la décision de la double championne olympique 2021 de porter le judogi de son sponsor personnel plutôt que celui de l'équipe de France.
Elle demande de l'équité
La judoka de 30 ans s’était affichée en Israël avec la marque Mizuno, alors que la Fédération a signé un partenariat avec Adidas. L’instance avait décidé en réponse de la sanctionner en la privant de son coach Ludovic Delacotte pour le tournoi. "Je me suis sentie seule, sans soutien, à un moment où j’avais besoin d’être accompagnée pour retrouver mes sensations", déplore-t-elle dans une interview accordée vendredi au Parisien. Sans mâcher ses mots. Concrètement, la Française veut faire comme Teddy Riner et avoir le droit de porter la marque de son choix, au nom de l'équité.
"En tout cas, je constate qu’il y a une différence de traitement entre lui et moi, explique-t-elle. En ce qui me concerne, on me sanctionne et on expose le sujet dans les médias. Mais, quand il s’agit d’un poids lourd de l’équipe masculine, on négocie et on trouve un accord. Est-ce parce que je fais moins peur que lui ? Parce que je suis une femme, que je n’ai pas sa carrure ? Mais, moi aussi, j’ai des besoins et des envies et, moi aussi, j’ai un statut. Pour qu’on reconnaisse ma légitimité, j’ai dû attendre de conquérir cinq couronnes mondiales et un titre olympique."
Après de longues négociations, Riner avait été autorisé à arborer le logo Under Armour en 2017 alors que la fédération était en contrat avec les Japonais de Mizuno. Depuis 2020, le triple champion olympique et décuple champion du monde porte un judogi estampillé Fight Art, sa propre marque.
Contacté par RMC Sport le 17 février, le président de la Fédération avait expliqué vouloir "trouver un accord" avec Agbégnénou. "On doit s'asseoir, écrire un contrat. On lui a proposé une convention très honnête, qui représente des montants certains et qui correspond à un quart du budget de l'équipe de France féminine. Donc on la respecte, avait indiqué Stéphane Nomis. Elle ne peut pas dire qu'on ne la respecte pas. Ce qui est aussi important pour nous, c'est qu'elle est maman, on le comprend, on accepte les choses. On est dans des avancées, on n'est pas là pour bloquer."