Mondiaux de judo: des garçons en phase de réveil

meilleurs résultats préparatoires et une confiance qui grimpe en flèche. Suffisant pour s’extirper de la jungle des tableaux et envisager les JO 2024 plus sereinement?
La baffe ouzbèke a fait mal. Pas deux combats gagnés sur le tatami par un même athlète. Zéro médaille. Les Mondiaux 2022 à Tashkent ont laissé une grande balafre sous le judogi des masculins tricolores. Ce qui devait arriver arriva. À force de ne pas marcher en tournoi, les mauvaises impressions ont fini par se confirmer lors du test ultime.
L’année d’avant, à Budapest, pour un Mondial placé un mois avant les JO, et sans tous les meilleurs, Walide Khyar avait buté au pied du podium en moins de 60 kilos. Même en l’absence de Teddy Riner les années précédentes, les Bleus sauvaient une breloque en bronze grâce à Axel Clerget (-90kg) en 2018 et 2019. La comparaison avec leurs coéquipières féminines faisait mal.
Mkheidze en fer de lance à Doha
"À un moment, on a été pas mal critiqué", se souvient Luka Mkheidze (-60kg). Il faut dire que les Bleus sautaient avant même les gros combats face aux cadors, et sans montrer de grandes ressources physiques ou techniques. "Physiquement, l’écart a été comblé", assure Baptiste Leroy, le patron des masculins. Question tactique et technique, l’écart s’est resserré. Mkheidze, médaillé olympique 2020, sera l’une des trois meilleures chances masculines de médaille à Doha (7 au 14 mai). Deux victoires consécutives en Grand Chelem (Tel-Aviv et Antalya) l’ont placé sur la liste des épouvantails des super-légers.
Le sourire aux lèvres, il a noté que "sur ce que les gars de l’équipe de France ont fait sur les tournois récemment, je me dis qu’on est très fort et que les autres nations doivent se méfier de nous." Pas faux. Des médailles au Masters, en Grand Chelem et des très jolis scalps sont venus récompenser ses progrès.
À Paris, le jeune Maxime-Gaël Ngayap Hambou (-90kg) a sorti le Géorgien Lasha Bekauri, champion olympique en titre, une rareté. Le travail commencé par Christophe Gagliano a été continué par Baptiste Leroy, arrivé comme chef des masculins en fin d’année : "on leur demande de manière récurrente de se donner les moyens de réussir. Cela passe par une rigueur, des routines d’entrainement, d’hygiène de vie... J’ai l’impression sur les stages où on est partis à l’étranger qu’il y a une dynamique de travail. Ils ont tous des prétentions très élevées, ça incite à avoir une pratique à niveau élevée. On va en avoir le cœur net lors de ce championnat du monde. Tout le monde va être au maximum."
"On voit les garçons rentrer avec le même nombre de médailles que les filles, ça faisait longtemps que ça n’était pas arrivé"
Dans plusieurs catégories, la concurrence interne pousse vers le haut. En moins de 66 kilos, Walide Khyar, 9e mondial, bataille avec Daikii Bouba (14e mondial et 2e du Masters) et Maxime Gobert (18e mondial et vainqueur à Antalya). Khyar et Bouba vont au Qatar, pas Gobert mais ce dernier peut rafler la guirlande des Jeux olympiques. Le réveil se traduit par de meilleurs classements mais pas encore des chiffres parmi les têtes de série. Vigilance au premier tour pour ne pas tomber sur un gros poisson.
Alpha Djalo sera le seul avec Khyar à bénéficier d’une mise en action privilégiée (5e). Le moins de 81 kilos du PSG Judo est vraiment monté en puissance sur les derniers mois. L’attaquant parfois perdu dans les attitudes à adopter est devenu un attaquant tranchant. Non qualifié pour les JO, il vient de monter sur le podium de ses 4 dernières compétitions. À Tashkent, il avait buté au 2e tour sur le Géorgien Grigalashvili qui devait tout déboiser jusqu’à l’or ce jour-là. Cette fois, pas de retrouvailles avant le quart de finale avec un cador du circuit, qui devrait être le Brésilien Guilherme Schimidt. Les quarts, l’étape indispensable pour espérer au moins un repêchage.
"Au sein du groupe, il y a une vraie dynamique" note Djalo. On essaye tous de se pousser vers l’avant, avec une notion de travail très importante. C’est ce qui fait que ça se passe beaucoup mieux. On voit les garçons rentrer avec le même nombre de médailles que les filles, ça faisait longtemps que ça n’était pas arrivé."
Riner de retour, mais pas tête de série
Le groupe est plus proche en âge entre les différents appelés. Hors Teddy Riner, aucun trentenaire. Cédric Revol (-60kg) a 28 ans et Maxime-Gaël Ngayap Hambou, 21 balais. Cela rapproche. La jeune génération des "Forces spéciales" avec son slogan "Tout est possible", incarnée par Joan-Benjamin Gaba (-73kg), a peut-être aussi infusée chez les plus anciens.
Pour la première fois depuis les Mondiaux 2017, les Bleus récupèrent dans leur barillet la cartouche Teddy Riner. 18e mondial, le Guadeloupéen n’est pas tête de série. Pas de quoi refroidir la meilleure chance tricolore à Doha, en chasse d’une 11e couronne planétaire. Son statut de capitaine peut rajouter un surplus de cohésion à ces Bleus aux dents longues.
Les masculins débarquent sans moins de 100 kilos. Une petite ombre à un an des JO où il y aura forcément un représentant au coq dans cette catégorie. Kenny Livèze est encore un peu frais et Aurélien Diesse se remet d’une opération. La tâche reste compliquée à Doha mais trois médailles garçon reste un total atteignable. En 2013 à Rio, les Français avaient récolté quatre récompenses avec Riner, Ugo Legrand (2e), Alain Schmitt (3e) et Loïc Piétri (1er).