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Mondiaux de judo: l’heure des jeunes est-elle arrivée dans le clan français?

Romain Valadier Picard au Paris Grand Slam - le 01/02/2025

Romain Valadier Picard au Paris Grand Slam - le 01/02/2025 - FRANCK FIFE / AFP

Du 13 au 20 juin, les championnats du monde de Judo se déroulent en Hongrie, à Budapest. L'équipe de France pourra s'appuyer sur trois jeunes de moins de 23 ans, Romain Valadier Picard, Martha Fawaz et Melkia Auchecorne.

Les championnats du monde de Judo s’ouvrent, ce vendredi, à Budapest (Hongrie). Trois jeunes Français de moins de 23 ans figurent dans la sélection. Un an après les Jeux Olympiques, ils ont l’opportunité de prendre les rênes de leurs catégories devant les titulaires habituels.

-60kg : Romain Valadier Picard à maturité
Il sera le premier à entrer dans la Laszlo Papp Arena, ce vendredi. C’est le plus expérimenté des trois puisqu’il va disputer son troisième championnat du monde. Septième l’an passé à Abou Dhabi, stoppé sur une disqualification, il a encore progressé comme en témoigne sa belle victoire au tournoi de Paris grâce à un judo complet et un état d’esprit de moine: "J’ai combattu quasiment tous les mecs. Tous les voyants sont au vert, je suis légitime à dire que je suis capable d’aller chercher cette médaille."

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Le futur ingénieur sait très bien que la dernière médaille, en championnat du monde, d’un Français remonte à 1991 avec le regretté Philippe Pradayrol, pour de l’or c’est Thierry Rey en 1979… "Aujourd’hui l’objectif c’est de marquer l’histoire du judo français", avance le judoka de Boulogne-Billancourt, 22 ans. "RVP" s’est mis à la page physique de la catégorie. Blessé à une jambe cet hiver, il a renforcé son travail de musculation mais aussi radiographié ses futurs adversaires. Tête de série numéro 8 en Hongrie, il sait qu’il aura peut-être un match pas comme les autres à négocier en quart de finale: un affrontement face à Luka Mkheidze. Le double médaillé olympique tient solidement la caté. Assistera-t-on à une passation de pouvoir ? "S’il y a un bon moment pour moi c’est maintenant!"

-57kg : Martha Fawaz sur la lancée
L’Orléanaise était classée 69e mondiale en septembre. A l’orée de ce mondial, elle a pris l’ascenseur jusqu’à la 7e position de sa catégorie. Une ascension expresse qui ne doit rien au hasard avec des podiums à Zagreb, Tokyo, Tbilissi et une magnifique victoire à Paris grâce à un sasae tsuri komi-ashi magnifique. Fawaz a confirmé lors de l’Euro avec du bronze à l’issue d’une journée où elle a montré sa palette technique.

Cette récompense a été son sésame pour arriver à son premier championnat du monde senior, elle qui n’a jamais brillé dans les grands championnats en catégorie jeune. Cette troisième place la conforte dans la direction imprimée: "Je ne me contente pas de ma petite médaille de bronze. Je me donne à fond, je ne reste pas sur mes acquis. Les petites fautes que je faisais en début de saison sont en train d’être gommées."

Elle a pu tester son changement de statut lors du récent stage de Benidorm où elle a été ciblée par ses potentielles adversaires: "Le regard des concurrentes change. C’est vrai que ce qui m’arrive est un peu nouveau." La future journaliste ne panique pas. Devant elle, il y a la double médaillée olympique Sarah-Léonie Cysique, tête de série 2 en Hongrie, toujours très solide. Fawaz, en lice dimanche, ne se presse pas: "Je garde en tête que cette olympiade restera un marathon. Je suis plus focalisée sur mes performances. Je vise les JO 2028 mais je ne me mets pas la pression avec ça." L’éloge de la patience.

-63kg : Melkia Auchecorne, la pépite
Elle n’a pas une mais deux filles devant elle. Dont une légende: Clarisse Agbégnénou. La sextuple championne du monde s’est retirée après l’Euro (2e) pour donner naissance à son deuxième enfant. On ne la reverra que fin 2026 voire début 2027. L’autre, c’est Manon Deketer, 3e du Mondial 2022 et qui revient à un niveau très intéressant.

La fédération française n’a pas hésité à pousser Melkia Auchecorne, 20 ans sur le rendez-vous hongrois. La judokate de Seine-Saint-Denis est la seule double championne du monde junior tricolore de l’histoire. En senior, elle est déjà montée à la 7e place du ranking planétaire. Une véritable attraction. Il y a de l’appétit à découvrir ce qu’elle a dans le ventre face aux meilleures après son excellent début d’année 2025 marquée par une victoire au Kazakhstan et des podiums à Paris et au Tadjikistan: "Je prends cette sélection comme une chance. Je compte tout donner sans me concentrer sur Manon ou Clarisse."

La judokate licenciée à Chelles est faite d’un drôle de métal. Elle semble parfois impossible à faire tomber. C’est elle qui peut trouver l’ouverture, même loin dans un combat, notamment grâce à son bon ne-waza. "J’ai retenu que je devais me faire confiance, me dire que je suis capable. Je me répète ‘pourquoi pas." Avec ses victoires elle est entrée dans le radar des meilleures. Il faudra encore surprendre pour la jeune femme venue au judo en même temps que ses frères. Si elle reste concentrée, la médaille est accessible.

Morgan Maury