RMC Sport

"Je ne suis pas fait pour ça de base": Léon Marchand raconte sa popularité énergivore depuis son triomphe aux JO de Paris 2024

placeholder video
Huit mois après les Jeux olympiques de Paris 2024, Léon Marchand s’est confié ce lundi lors d’une interview en visio accordée à plusieurs médias français, dont RMC Sport. Le nageur français aux quatre titres olympiques, revenu aux États-Unis pour s’entraîner après une escale en Australie, a notamment expliqué comment il gère sa folle popularité depuis son été doré.

Une quinzaine pour changer de dimension. Léon Marchand est devenu une icône nationale en survolant les Jeux olympiques de Paris 2024 l’été dernier. Le nageur originaire de Toulouse a enflammé l’Hexagone en remportant cinq médailles, dont quatre en or, dans le bassin de La Défense Arena. De quoi devenir l’une des personnalités préférées des Français. Un statut avec lequel doit désormais composer le champion de 22 ans, comme il l’a expliqué ce lundi lors d’une interview en visio accordée à plusieurs médias, dont RMC Sport.

"En fait, là moi je n’ai plus le choix. Si je ne me sers pas de cette énergie, je vais la subir continuellement. Et je suis capable de m’en servir. Je m’en suis servi par exemple aux Jeux olympiques la première semaine parce que j’avais quand même une popularité avant. Et j’étais favori du 400m 4 nages en arrivant à Paris. Je me suis très bien servi de cette énergie. Quand je parle de l’énergie que je perds, c’est quand je dois dire merci à beaucoup de personnes dans la rue pour tout ce qu’ils me disent, prendre beaucoup de photos… Tout ça, ce n’est pas grand-chose, mais quand tu le répètes tous les jours, c’est une énergie... Elle ne part pas parce que je la donne aux gens, mais je ne suis pas fait pour ça de base. Et ce n’est pas quelque chose qui me galvanise. C’est plus quelque chose que je dois faire en plus, c’est un bonus, un job à part entière."

"On s'habitue vachement vite à tout ça"

Revenu s’entraîner dans son fief américain d’Austin (Texas), sous les ordres de son coach Bob Bowman, Léon Marchand assure avoir digéré le fait d’être l’une des idoles de la nation: "C’est même un peu triste parce qu’on s’habitue vachement vite à ce que les gens me disent merci pour cet été. On me l’a dit tellement de fois que ça ne me rend pas aussi heureux que la première fois. Je préférerais que ce soit nouveau à chaque fois et que je me dise: ‘Merci, c’est incroyable d’entendre ça’. Mais je trouve qu’on s’habitue vachement vite à tout ça. Là, ça fait depuis janvier que je n’ai pas pris beaucoup de photos parce que je n’étais pas en France. Je pense que quand je vais revenir il y aura toujours un petit moment d’adaptation. Mais on s’habitue vite à ce genre de choses, et c’est un problème justement parce que c’est incroyable que les gens puissent réagir comme ça. Et les gens sont respectueux en général, il n’y a aucune attente. C’est juste merci de m’avoir fait passer ces moments-là en août. C’est hyper positif et il ne faudrait pas trop s’habituer à tout ça."

S'il vient disputer les championnats de France à Montpellier, du 14 au 19 juin prochains, Léon Marchand devra composer avec l'engouement des supporters, des médias et des curieux. "Je n’ai pas besoin de me préparer pour ça, je sais comment le gérer", assure-t-il. "Là, j’ai fait le plus dur. Bien sûr qu’il y aura encore d’autres challenges, mais je n’ai pas du tout peur de rentrer en France ni rien. (…) Je n’ai pas peur de la popularité que j’ai en France. Ce qu’il faut préparer, c’est plus l’environnement. Aux championnats de France, il y a énormément de nageurs, il faudrait que ce soit bien encadré, qu’il y ait de la sécurité et que tout le monde n’ait pas accès à moi pendant toute la semaine. Donc il y a un peu plus de préparation qu’avant en termes de logistique. Mais je suis prêt à rentrer, il n’y a pas de souci."

"Il y a très peu de personnes qui me disent non"

Avec toute cette folie autour de lui, le héros des JO de Paris a-t-il peur de prendre la grosse tête? "Oui, grave", sourit-il. "J’ai peur et en même temps, je sais que les personnes qui sont les plus proches de moi me le diront ou me le feront comprendre. J’ai confiance en eux donc ça va. Moi, je n’ai pas l’impression d’avoir changé mais j’ai l’impression que tout le monde me voit différemment. Donc tu ne sais pas trop comment gérer tout ça."

Difficile également d'envisager de nouvelles relations comme si de rien n'était avec son nouveau statut. "Même parmi les gens que je connaissais avant, il y a des gens qui me traient différemment, il y a très peu de personnes qui me disent non", témoigne Léon Marchand. "Les relations sont différentes, à part avec mes proches. C’est pour ça que j’ai essayé de prioriser en France les relations avec les gens que je connaissais d’avant en qui j’ai confiance plutôt que d’avoir de nouvelles personnes qui viennent tous les jours. Mais oui, ce n’est pas facile. (...) Pour la suite, ce n’est pas que ça me fait peur, mais ça sera plus difficile d’avoir confiance en la personne, je pense. Après, on verra, je vais m’adapter. Je ne peux pas me plaindre de tout ça, parce que je l’ai cherché, ça fait partie du job. Ce sont juste des nouveaux challenges pour moi."

Alexandre Jaquin avec Julien Richard