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Natation: "C'est très compliqué émotionnellement depuis la fin des Jeux", Manaudou évoque son spleen après les JO

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Double médaillé aux Jeux olympiques 2024, Florent Manaudou a annoncé, à L’Equipe, son intention de mettre un terme à sa saison. L’homme aux six médailles olympiques ne disputera donc pas les championnats de France en petit bassin cette semaine ni les Mondiaux en décembre. Et la réflexion pour sa fin de carrière semble entamée.

Un été intense. Peut-être trop. Premier porteur de la flamme olympique en France, porte-drapeau puis double médaillé aux Jeux olympiques 2024 de Paris, avec du bronze en 50 mètres nage libre et en relais 4 x 100m 4 nages, Florent Manaudou est las. L’usure est autant physique que mentale. Un état qui l’amène à renoncer aux championnats de France petit bassin cette semaine à Montpellier ainsi qu’aux Mondiaux en petit bassin en décembre.

"C'est compliqué de se motiver quand il n'y a pas de carotte et avec toutes les émotions à assimiler. La carotte de Paris 2024 était très belle, c'était facile", explique-t-il. C'est dur de dire ça mais un Championnat du monde en petit bassin où je sais que je ne nagerai pas vite et dans un environnement où pendant une semaine, c'est natation, natation, natation, je ne suis pas sûr que ça me fasse du bien mentalement."

"Il est dans cette phase où il a besoin de respirer"

L’effet JO a disparu et la descente est dure à digérer pour l’homme aux six médailles olympiques. "C'est très compliqué émotionnellement depuis la fin des Jeux. Il y a eu le gros down quand je suis rentré à la maison évidemment", reconnaît-il. (…) "Avec l'effet JO à la maison, il y a beaucoup plus de monde qui me reconnaissait, me remerciait, me félicitait. Quand on n'est pas forcément bien, fatigué émotionnellement, ce n'est pas très facile à vivre. Je me suis rarement senti aussi isolé alors que, pourtant, il y a beaucoup de gens autour de moi. Je me sens un peu seul mais j'en ai aussi besoin. Il faut que je sente mes propres émotions."

"Florent fait partie de ces athlètes qui ont vécu des très grandes choses et lui il ne les vit pas que depuis cet été, il les vit depuis beaucoup d'olympiades et les points comptent double à son âge et son niveau d'expérience", nous a confié Julien Issoulié, le directeur technique national. "En plus il a un physique qui est difficile à cacher dans la rue donc il est super sollicité et je pense que ça pèse donc forcément ça met un peu de distance parce qu'il est dans cette phase où il a besoin de respirer et de ne pas être le Florent Manaudou que tout le monde a envie d'approcher, d'avoir une photo avec."

"Je suis en train de faire la transition"

"La période après les Jeux c'est difficile pour tout le monde, pour les coachs, pour les nageurs", abonde son coach James Gibson. "C'est un moment de réflexion, la fin de quatre ans de travail. Particulièrement après des Jeux à la maison qui sont émotionnellement éreintant. Un nageur comme Florent Manaudou est très honnête sur son feeling. (…) Après un moment tellement haut, les Jeux à Paris à la maison avec l'ambiance, il y a forcément derrière un moment de fatigue mentale. En natation ce n'est pas que de la fatigue physique. Il y a aussi la fatigue mentale et il doit y avoir une période de moins bien. Un nageur comme Florent a besoin de cette période de calme, de réflexion, de penser à ce qu'il s'est passé, tous ces moments. Et il faut construire la suite doucement."

La suite justement, peut-elle s’orienter vers une fin de carrière, lui qui affiche 33 ans au compteur? "J'ai l'impression d'être à un carrefour de ma vie, le deuxième grand carrefour de ma vie", explique-t-il à L’Equipe. "Le premier était quand j'ai arrêté les cours pour faire de la natation. Là, c'est un deuxième virage. Ma deuxième vie commence. Je n'ai pas envie d'arrêter totalement, j'aimerais bien faire une dernière saison. Ma réflexion commence et quand je suis dans un projet, je n'arrive pas à penser à l'après. Là, je commence à penser à l'après-2026 parce que je n'ai pas de projet qui me tient suffisamment."

"Je suis en train de faire la transition et je n'ai pas envie qu'elle soit brutale. Pendant des années, je voulais des compétitions en France. On en a eu une, on en a une autre deux ans après (les championnats d’Europe 2026 en France). J'ai envie de partager ça avec le public français. C'est agréable de donner de l'émotion aux gens", savoure-t-il. Comme pour annoncer une dernière danse prochaine?

Mathieu Idiart, avec Julien Richard