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Natation: grande première pour le Centre aquatique olympique de Saint-Denis

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Le Centre aquatique olympique de Saint-Denis accueille ce week-end sa première compétition de natation avec le Giant Open organisé par la fédération française de natation. Le seul équipement pérenne construit pour les Jeux olympiques avait accueilli l'été dernier les épreuves de water-polo, de natation artistique et de plongeon. Si l'héritage pour la Seine-Saint-Denis a beaucoup été mis en avant dans un département où un enfant sur deux entre au collège sans savoir nager, ce bassin doit aussi être un héritage pour le haut niveau. Les championnats d'Europe de natation y seront organisés en 2026, un club est en cours de construction et le centre d'entraînement national du plongeon y sera installé dès la rentrée.

Le 2 juin prochain, les portes du Centre aquatique olympique (CAO) s'ouvriront enfin au grand public. Quasiment un an après les épreuves de natation artistique, de water-polo et de plongeon des Jeux de Paris, Patrick Ollier, le président de la Métropole du Grand Paris, maitre d'œuvre de l'ouvrage, dévoilera les anneaux olympiques posés sur la façade, privilège rare d'un héritage olympique.

Les nageurs de l'équipe de France de natation le découvrent ce week-end à l'occasion du Giant Open, meeting organisé depuis l'an dernier par la Fédération française de natation et pour la première fois dans ce CAO. Ils sont conquis par le bassin et sa toiture ondulée en bois.

"C'est un beau bassin. On a l'impression d'être dans un championnat du monde", s'enthousiasme Béryl Gastaldello, triple médaillée des derniers Mondiaux en petit bassin à Budapest. "Je le trouve super cool, prolonge Maxime Grousset, le champion du monde du 100m papillon. On devrait faire toutes les compétitions ici parce qu'on peut y accueillir du monde". "On a enfin une piscine où on peut accueillir des grands évènements", abonde Yohann Ndoye Brouard, médaillé de bronze à Paris sur le relais 4x100m 4 nages. "Il était temps parce que c'est la capitale quand même ici", lance Béryl Gastaldello.

Le centre aquatique olympique à Saint-Denis, en mai 2025
Le centre aquatique olympique à Saint-Denis, en mai 2025 © RMC Sport

L'héritage olympique tant attendu

Pour la première fois depuis les championnats d'Europe de Strasbourg en 1987, la France va organiser une compétition majeure en grand bassin. "Il y a un lieu identifié en France qui peut accueillir un grand évènement, depuis le temps qu'on en parlait...", sourit Alain Bernard, champion olympique du 100m nage libre. "En 2008, en partant pour les Jeux de Pékin, on avait posé la première pierre d'une piscine qui n'avait jamais vu le jour. Grace à l'organisation des Jeux à Paris, ce site est là."

Un site qui a bien changé depuis les JO l'été dernier. Une tribune latérale a été enlevée et a laissé place à des terrains de padel. Pour le Giant Open, 3.000 spectateurs peuvent assister à la compétition. En 2026, cette tribune latérale sera de nouveau installée pour retrouver une capacité conforme au cahier des charges d'European Aquatics. "C'est important pour une fédération d'avoir des rendez-vous réguliers, explique le DTN par intérim Denis Auguin. Même si c'est beaucoup de travail et parfois beaucoup d'argent, on ne peut pas toujours être dans une logique comptable des choses. Il faut aussi être dans une logique de développement et montrer que l'on est capables d'organiser des choses".

Car s'il a beaucoup été question d'héritage olympique pour la population du 93 avec ce centre aquatique, le haut niveau veut aussi se faire une (grosse) place. Vendredi, la Métropole du Grand Paris a signé une convention de partenariat avec la Fédération française de natation pour installer le Centre national d'entraînement du plongeon. 700 mètres carrés de locaux sont mis à disposition avec une salle de musculation, des vestiaires et un espace de 360 mètres carrés d'entraînement à sec spécialement conçu pour le plongeon aussi. Et bien sûr les plateformes et plongeoirs utilisés pendant les JO, unique site aux normes internationales en France.

Le centre aquatique olympique de Saint-Denis, en mai 2025
Le centre aquatique olympique de Saint-Denis, en mai 2025 © RMC Sport

"Les jeunes voient les seniors plonger et ça leur donne envie de faire ça un jour"

"Ça peut être le point de départ, l'impulsion dont ce sport avait besoin, lance Loïs Sczymczak, 8e des Jeux à Paris sur le 10m synchronisé avec Gary Hunt. On ne pouvait pas attendre des résultats et une grande équipe de France s'il n'y avait pas ce point de départ. Sans ce point de départ, c'est un sport qui allait tomber probablement aux oubliettes. Ça peut tout changer, l'avenir nous le dira".

Avec son coéquipier, il sera impliqué dans le club qui va voir le jour, adossé au CAO. "C'est complètement différent quand tu crées un club, poursuit Gary Hunt. Les jeunes voient les seniors plonger et ça leur donne envie de faire ça un jour. Si eux peuvent le faire, moi je peux le faire". Loïs Sczymczak enchaîne: "Ça peut créer chez certains des vocations. Gary par exemple a commencé par la natation et c'est en voyant les plongeurs s'entraîner qu'il a eu envie de faire ce sport".

Le club aura une section plongeon et une section natation de haut niveau. Dans la convention signée vendredi, 2.671 heures par an de lignes d’eau sont prévues pour l’entraînement des membres de l’équipe de France de natation course. "L'intérêt de ce futur club, c'est de transformer un héritage en quelque chose de concret, assure Lazreg Benelhadj, le vice-président de la FFN et président de la ligue Île-de-France. L'héritage est une notion assez vague. Là, on est dans le concret. On veut continuer à faire vivre cet équipement qui est d'une technicité incroyable. Et je pense qu'un équipement de cette technicité là doit recevoir des grands techniciens et des grands nageurs".

Développer la natation en Seine-Saint-Denis

Si le projet est encore loin d'être opérationnel, il assure que "de grands nageurs viendront dans cette structure avec aussi un ancrage local du club." Le recrutement d'un directeur technique est lancé. Une oportunité pour la FFN d'utiliser cet équipement neuf. "Le haut niveau dépend beaucoup des collectivités et la piscine c'est quelque chose que l'on partage énormément, prolonge Lazreg Benelhadj. Et dans ce partage, c'est dur de mettre à disposition les moyens pour du haut niveau. Donc cet équipement qui arrive et qui n'est pas encore pleinement occupé pouvait mettre de la place pour le haut niveau et il y a de la place pour en mettre".

"C'est super parce qu'une grosse structure en France capable d'accueillir des nageurs comme aux États-Unis, il n'y a que l'INSEP, lance Béryl Gastaldello. C'est important de créer d'autres infrastructures. Si on veut de la réussite, il faut mettre des moyens en place".

Présente vendredi au CAO pour la signature de la convention de partenariat avec la FFN, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France espère voir "émerger la nouvelle génération, les petits Léon Marchand". "Nous avons besoin d'un club de haut niveau en Seine-Saint-Denis. C'est un très grand territoire de sportifs et on a besoin de faire de la natation un sport de référence en Seine-Saint-Denis. Ce centre olympique va vraiment nous y aider".

Et en attendant les futurs Léon Marchand, le vrai, le quadruple champion olympique pourrait bien enflammer ce centre aquatique olympique en août 2026. Pour retrouver un peu de folie olympique. Maxime Grousset, le médaillé de bronze avec Marchand dans le 4x100m 4 nages, a déjà les yeux qui brillent. "Avec un public blindé, ça peut faire beaucoup de bruit".

Julien Richard