Double Contact - Médine: "La Coupe du monde au Qatar a un goût amer"

Le stade Océane lui a offert un moment inoubliable au printemps dernier. A l’occasion du 150e anniversaire du Havre Athletic Club, Médine s’est produit dans l’enceinte de l'équipe de sa ville avant le derby contre le Stade Malherbe de Caen. Face à des tribunes noires de monde. Mais les visiteurs ont un peu gâché la fête en s’imposant 4-2 lors de ce choc de Ligue 2 entre voisins normands.
"On a perdu et les Caennais nous l’ont fait savoir, sourit Médine, qui a reçu un petit message chambreur d’Orelsan ce soir-là. Leurs supporters ont fait un truc qui m’a blessé à vie: à la fin du match, ils ont chanté ‘Joyeux anniversaire’. Et ça, je l’ai là!"
Le Havre pour sa ville, le PSG à cause de son oncle
S’il soutient le club doyen du foot français, Médine est également un supporter du PSG, à cause de son oncle qui l’a emmené au Parc des Princes dans son enfance. Parmi les footballeurs actuels, il apprécie N’Golo Kanté, pour son "caractère apaisé" et Karim Benzema, pour son "profil algérien".
Déçu que les Fennecs ne soient pas qualifiés pour la Coupe du monde 2022, l’artiste de 39 ans espère que les Bleus parviendront à briller au Qatar. Mais lui ne regardera pas la compétition. C’est ce qu’il nous confie lorsqu’on le rencontre après la sortie de son projet "Médine France" (disponible depuis mai).
"Le Mondial 2022? Je ne vais pas faire semblant"
"D’habitude, je suis toutes les Coupe du monde, mais celle-ci a un petit goût amer, de par les histoires qui sont liées aux conditions de travail dans lesquelles les ouvriers ont bâti les stades. J’ai ma conscience qui me titille un peu et qui m’empêche de détourner le regard de certains sujets clivants. On a toujours en tête que c’est un sport, qu’il ne faut pas mélanger avec la politique, que c’est fédérateur… Mais mon esprit ne peut pas s’empêcher de penser à ces milliers d’ouvriers, qui parfois ont perdu la vie en construisant des stades pour le plus grand plaisir de la planète."
"Chacun a sa conscience pour soi, est libre d’évoquer ce sujet ou pas, de le mettre en lien avec d’autres moments de l’Histoire, poursuit-il. Moi, personnellement, j’ai vu les articles passer, je ne vais pas faire semblant, comme si de rien n’était, alors que je sais qu’il y a des Indiens, des Philippins, des Sri-Lankais, qui ont versé du sang pour le plaisir de l’humanité. C’est assez glauque quand même."
"La boxe, c’ est une métaphore de la vie"
Même s’il suit l’actualité du ballon rond, Médine, qui pratique une activité sportive soutenue afin de pouvoir manger sans retenue (c’est lui qui le dit), est surtout un amoureux du noble art. Un sport qu’il a découvert très tôt, dans les pas de son père, entraîneur de boxe. Lui-même est aujourd’hui président d’un club, la Don’t Panik Team, basé au Havre. Son frère aussi enseigne avec les gants.
"La boxe, c’est très complet, illustre le punchliner du Mont-Gaillard. C’est l’inverse de ce qu’on pourrait croire. Tout le monde pense que c’est de la violence, de l’agressivité, mais c’est de la maîtrise de soi, du self-control. Tu utilises d’avantage les jambes que les bras. Pour les gens, c’est contradictoire. Tout le monde pense que c’est un truc de chiffonniers, on se fout sur la gueule et c’est le premier qui tombe. Mais non, c’est une métaphore de la vie la boxe."
"J’ai envoyé le livre de recettes de ma meuf à Evan Fournier"
Après avoir grandi en appréciant la hargne de Mike Tyson et l’allonge des frères Klitschko, Médine a suivi avec admiration la carrière de Tyson Fury: "Je ne l’aimais pas au début, parce qu’il est non conventionnel. Mais tu finis par aimer le personnage. C’est le gitan dans le film Snatch, qui fait croire à tout le monde qu’il ne sait pas combattre mais qui te sèche avec sa gauche!" Il suit aussi de près la trajectoire de Tony Yoka. Avec un œil bienveillant: "Je regarde ses combats, je le trouve assez précis. C’est un très bon combattant. J’aime sa stratégie et sa vision. Je trouve qu’il a une boxe intelligente."
Connecté à plusieurs athlètes français, le rappeur de Seine-Maritime (actuellement en tournée et au Casino de Paris le 19 octobre) partage ses souvenirs d’un brunch avec la boxeuse Estelle Mossely ou d’une rencontre dans les loges du Parc des Princes avec la judoka Audrey Tcheuméo. Il se rappelle aussi d'une discussion avec Evan Fournier, l’ailier des Knicks: "J’étais content d’échanger avec lui parce que je kiffe aussi le basket. Ça fait partie des sportifs dont j’aime l’état d’esprit. Je crois que je lui ai envoyé le livre de recettes de ma meuf. Toujours dans la bouffe (sourire). S’entraîner plus pour manger plus, ça parle à pleins de sportifs ça!"
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