Quelle équipe pour Paris 2024? Retrouvez l'intégrale de l'interview de Thierry Henry dans Rothen s'enflamme

Jérôme Rothen: Bon Thierry, un peu d’excitation aujourd’hui (mercredi) avec le tirage?
Thierry Henry: Oui, c’est tout à fait normal. Tu vois bien toutes les chaises qu’il y a, il y a du monde qui va venir. C’est le tirage pour les hommes, pour les femmes donc c’est tout à fait normal. On en parlait avec Arsène (Wenger) tout à l’heure, peu importe qui tu vas rencontrer, en général, si tu gagnes et que tu peux aller au bout c’est toujours mieux. Mais je n’ai pas de préférence, on respecte tout le monde et ça va être difficile.
Jérôme Rothen: On en parlait, tout à l’heure, avec Hervé Renard. C’est vrai que lui aussi sait l’importance de ce tirage. Mais Jean-Louis rappelait les chapeaux: c’est vrai que ça peut être très compliqué pour l’équipe de France féminine, un petit peu moins pour vous quand même.
Thierry Henry: Oui, mais encore une fois, je me suis retrouvé dans certaines situations, en poules de grands tournois, notamment avec Manu pour l’Euro 2000, où on avait une poule vraiment difficile et on se retrouvait dans d’autres compétitions où la poule pouvait paraître…
Jérôme Rothen: Plus facile?
Thierry Henry: Plus facile oui, et on n’a pas mis de but. Donc, ce n’est pas toujours aussi évident. Bien sûr, il y aura des choses à étudier, regarder et peaufiner. Mais il n’y a rien de facile à ce niveau-là.
Jean-Louis Tourre: Thierry, la question du moment. Comment on prépare cette compétition, les Jeux olympiques, avec autant d’incertitudes? Sur la composition de votre groupe.
Thierry Henry: Pas évident, vraiment pas évident. Encore une fois, je l’ai dit la dernière fois, ce n’est pas chercher des excuses. Mais il y a des faits qui font que tu es à la merci…
Jérôme Rothen: Tu ne maîtrises pas quoi…
Thierry Henry: Il y a pas mal de choses que tu ne maîtrises pas, oui. Il faut avoir pas mal de branches à l’arbre...
Jérôme Rothen: De plan B, plan C, plan D...
Thierry Henry: Oui, c'est ça
Jean-Louis Tourre: Parce que là, même avec l’équipe avec laquelle vous travaillez pour les deux matchs à venir, vous n’avez aucune certitude que ces joueurs seront libérés par leur club.
Thierry Henry: Non, pour l’instant non. Bien sûr, tu peux penser que les clubs français vont libérer leurs joueurs. Mais les clubs, ils n’ont pas à le faire, puisque ce ne sont pas des dates Fifa
Jérôme Rothen: Est-ce que tu as la certitude sur les clubs français? Ils t’ont donné leur accord comme quoi ils laisseront les joueurs à disposition?
Thierry Henry: Oui, c’est dans le titre. C’est les clubs français, donc j’espère qu’ils vont faire le maximum pour qu’on ait la meilleure équipe. Le gros problème, ça sera à l’étranger. A un moment donné, c’est difficile de discuter quand tu prends un "non". Oui, tu ne vas pas t’arrêter au premier non. On va discuter, on va revenir. On va essayer de voir si on peut se rencontrer pour pouvoir discuter. Mais si à un moment donné tu ne peux pas, il n'y a pas une règle qui fait que tu peux discuter avec quelqu’un ou essayer de pousser quelque chose: ça devient automatiquement difficile. C’est pour ça qu’il faut avoir pas mal d’ouverture.
Jean Louis Tourre: Le seul problème qu'il peut y avoir avec les clubs français, c’est si il y a 4 ou 5 joueurs concernés. Et il y a des clubs où ça pourrait être le cas.
Thierry Henry: Oui.
Jean-Louis Tourre: Ils pourraient peut-être dire 'on vous en laisse un ou deux, mais pas tous'...
Thierry Henry: Oui, ça pourrait être le cas. Mais tu penses, ou tu espères, que même si il y en a quatre ou cinq d'un club, ils vont avant tout penser à la Nation.
Jérôme Rothen: Est-ce que tu vas prendre un joueur par ligne en plus des 23 ou tu ne te fixes pas de règle là-dessus?
Thierry Henry: On m’a posé la même question hier, je sais exactement les postes. Je ne peux pas vous dire les lignes. Je sais exactement où on a besoin de joueurs. Après c’est en fonction de qui va pouvoir venir ou pas. Ça, c’est encore un autre débat. Mais oui, on sait effectivement où on va cibler les joueurs.
Emmanuel Petit: J’ai vu ta sortie sur le fait que si jamais ça se passait mal pendant les JO, tu t’attends à te faire défoncer par les gens ou la presse d’une façon générale. Mais tout dépend de l’effectif que tu vas avoir. Aujourd’hui, tu n'as aucune certitude là-dessus...
Thierry Henry: Oui, mais si c’est toi le capitaine du bateau, c’est toi qui prends en fait. Mais il n'y a pas de problème avec ça. On connaît le jeu: si on n'a pas de résultat, c’est tout à fait normal qu’après les gens se retournent vers le gars qui guide. Peu importe qui tu as. On va essayer d’avoir la meilleure équipe mais après tu ne peux pas te tourner et dire "ah, on aurait pu avoir..." C’est l’équipe qu’on va avoir et il va falloir être performant et après il y aura des comptes à rendre et c’est tout à fait normal.
Jérôme Rothen: On a entendu l’histoire des clubs espagnols, notamment le Real qui a envoyé des lettres à tout le monde en disant qu’ils ne libéreraient pas les joueurs. Si on pense à Mbappé au Real Madrid, est-ce que personnellement tu vas t’engager à appeler Florentino Perez et espérer qu’il change d’avis là-dessus?
Thierry Henry: Déjà, j’ai pas son numéro. On va essayer…
Jean-Louis Tourre: Ça, on peut vous le trouver
Thierry Henry: Mais blague à part, on sait très bien que le Real Madrid est une institution, mais encore une fois il faut rester à sa place, essayer d’envoyer un e-mail pour voir si on peut avoir un rendez-vous dans les règles de l’art. Et si jamais il y a rendez-vous, on va essayer de plaider notre cause. Et c’est tout à fait normal.
Jean-Louis Tourre: Vous allez demander un rendez-vous avec le Real en tout cas…
Thierry Henry: On va essayer, oui. C’est tout à fait normal, tu ne peux pas t’arrêter à un non, mais après si le non reste non... Je n’ai pas de cartes en main pour pouvoir essayer d’avoir quelque chose d’autre puisqu'encore une fois, ce ne sont pas des dates Fifa. Le match de vendredi et le match de lundi, les joueurs sont obligés de venir pour des matchs amicaux. Ok, cool. Mais pour la compétition, c’est pas des dates Fifa. Donc, je l’ai dit la dernière fois en conférence de presse, on me pose cette question j’essaye d’y répondre. Je n’ai pas les données. Il y a du monde à la Fifa, là: posez-leur la question...
Jérôme Rothen: Thierry, sur Antoine Griezmann et Olivier Giroud, même si ce sont deux cas différents puisqu'Olivier est en fin de contrat à Milan, est-ce que tu peux espérer un des deux? Est-ce que t’as déjà dialogué avec eux ou pas encore là-dessus?
Thierry Henry: Il y a un Euro à gagner, je ne vais pas commencer à divulguer les joueurs auxquels je pense. Respect d’abord à ce qu’il y a avant, je sais qu’il y a un engouement. Il y a les Jeux olympiques à préparer, on est là pour ça. Mais il y a quand même un Euro à gagner. Donc il ne faut pas s’enflammer, essayer de discuter au bon moment. Les clubs sont en train de jouer en ce moment des quarts de finale de Ligue des champions et essaient d’être dans le Top 4 de leur championnat. Ils essaient de bien terminer la saison. Il faut savoir à quel moment déranger ces clubs ou parler aux joueurs. Ils ont des échéances à l’heure actuelle qui ne sont pas faciles. Donc oui, on va essayer, mais encore une fois ça va être bien élargi, tout ça. Sans rentrer dans les détails, il y a des choses quand même aussi à respecter au niveau du premier tournoi. Je sais qu’on est concentré sur ça les Jeux, mais quand même si on reste français il y a un Euro à gagner. Il ne faut pas tout mélanger. Encore une fois je le répète, je sais où on va au niveau des postes, mais je ne vais pas vous divulguer les noms.
Jérôme Rothen: Mais par exemple un Kylian Mbappé qui a dit et redit qu’il veut faire les JO, est-ce que tu comptes sur les joueurs comme lui pour qu’ils poussent pour les faire?
Thierry Henry: Mais ce n’est pas son rôle. Il n'a déjà pas ce pouvoir et ce n’est pas son rôle. Il y a certaines personnes qui peuvent avoir ce pouvoir. Encore une fois, je n’attaque personne, mais les seules personnes qui peuvent vous dire pourquoi ce ne sont pas des dates Fifa, c’est dans le titre...
Jean-Louis Tourre: On a parlé de la difficulté d’enchaîner Euro et JO… Il y en a un qui n’enchaînera pas puisqu’il a pris sa retraite internationale, mais il a fait acte de candidature en disant hier qu’il serait pourquoi pas intéressé, c’est Karim Benzema. Est-ce que cela peut être une solution pour vous, une possibilité?
Thierry Henry: On en revient au même débat. Je ne parle de personne. Je n’ai cité personne. Toutes les portes sont ouvertes, pour tout le monde. Qui sera dans la liste? Ca aussi c’est encore un autre débat. Papin et Cantona peuvent venir aussi!
Jean-Louis Tourre: Vous auriez pu dire Manu Petit et Jérôme Rothen, ou Pascal Olmeta!
Thierry Henry : Oui, c’est vrai...
Emmanuel Petit: Moi? Non...
Jérôme Rothen: J’aurais préféré que tu me mettes en premier!
Emmanuel Petit : Mais Titi, là les deux matchs que vous allez jouer, c’est des dates Fifa donc tu vas avoir tous les joueurs qui sont mis à disposition par les clubs. Comment préparer une compétition comme les JO en sachant peut-être que tu auras la moitié de l’effectif qui sera présent?
Thierry Henry: C’est ce qu’on est en train d’essayer de travailler et de voir. C’est pas évident... Est ce que tu vas t’adapter à un moment donné à ce que font les joueurs dans leur club ou pas? Ou proposer quelque chose? Tu as quand même un peu de travail avant et le temps pour pouvoir peaufiner quelques tactiques ou pas. On parle en l’occurrence de joueurs qui ne seront peut-être pas là parce qu’ils seront peut-être à l’Euro. C’est pas évident...
Emmanuel Petit: Quelle est ta mission, en fait?
Thierry Henry: Encore une fois, c’est une mission que j’ai acceptée. Je savais comment ça allait être, donc maintenant, il faut pas commencer à bégayer. Vous me posez des questions, je réponds aux questions. Attention en donnant toutes les explications. Je ne suis pas en train de me plaindre.
Jérôme Rothen: Thierry, c’est important, on a bien compris tu ne t’es pas plaint. Et au contraire, nous avons posé des questions et tu as bien répondu. Et à l’arrivée si tu gagnes, ça sera deux fois plus qu’un entraîneur lambda. Et tu prendras la place de Didier dans un an parce que je pense que…
Thierry Henry: Bon alors, là je m’en vais!
[Rires]