RMC Sport
Exclusivité

Affaire Quercy, Antoine Dupont, équipe de France féminine... Florian Grill, le président de la FFR, se livre dans Bartoli Time

placeholder video
Le président de la FFR, Florian Grill, était l’invité de l’émission Bartoli Time ce dimanche sur RMC. Coupe du monde de rugby féminin, affaire Quercy, phénomène Antoine Dupont… le dirigeant de 59 ans a évoqué toute l’actualité du rugby français.

L’équipe de France de rugby féminin a atteint les demi-finales de la Coupe du monde 2025, mais a échoué au pied du podium après ses défaites face à l’Angleterre puis à la Nouvelle-Zélande. S'agit-il d’un échec sportif?

Elles n’ont pas gagné sur le terrain, mais elles ont gagné les cœurs. Elles ont montré une belle image du rugby. J’avais dit qu’il y aurait un avant et un après cette Coupe du monde, et c’est le cas. C’est assez impressionnant de voir les affluences dans les stades et les audiences. Elles ont eu un impact sociétal.

L’Angleterre a encore prouvé sa domination dans la discipline… Faut-il aller plus loin dans les structures pour les joueuses?

Complètement. Nous avons mis en place un dispositif en trois étapes. Pour bien jouer à l’international, il faut d’abord bien jouer au niveau national. Premièrement, il y a deux ans, nous avons créé une poule unique en Élite 1. L’année suivante, nous avons commencé à médiatiser la compétition en diffusant des matchs sur Canal+. Aujourd’hui, nous avons trouvé un sponsor titre, Axa, ce qui nous permet d’orienter la stratégie des clubs. Notre objectif est de professionnaliser une trentaine de joueuses. Mais il y a 300 à 400 joueuses au total, qu’il faut réussir à semi-professionnaliser. Et pour cela, il faut continuer à faire monter en puissance l’Élite 1: c’est le principal axe d’amélioration que nous avons identifié. Mais franchement, bravo aux filles, aux familles et au staff, elles ont fait vibrer toute la France. Je pense que le rugby transforme les femmes, mais que les femmes transforment le monde. Elles sont en train de réaliser quelque chose d’assez impressionnant.

Le duo de sélectionneurs, Gaëlle Mignot et David Ortiz, vient de terminer son premier mandat à la tête des Bleues. Avez-vous déjà des pistes pour la suite? On entend beaucoup parler de François Ratier, entraîneur du Stade bordelais, pour prendre le relais...

En bon fils de vigneron, j'aime le temps long. Prenons déjà le temps de nous poser et de faire le bilan de cette Coupe du monde, sans prendre de décisions hâtives sur ce genre de sujet.

La situation de Fred Quercy, qui a tenu des propos véhéments envers le sélectionneur Fabien Galthié dans une interview avant de voir sa licence suspendue, agite le microcosme du rugby depuis quelques jours. Quelle est la position de la FFR à ce sujet?

Nous avons 80.000 bénévoles dans le rugby. Ces bénévoles répètent chaque jour que la règle cardinale du rugby est le respect. J’accepte toutes les critiques et toutes les opinions, mais je n’accepte pas les injures. C’est pourquoi le secrétaire général de la Fédération Française de Rugby, Sylvain Deroeux, a saisi la commission de discipline au sujet de propos injurieux, inacceptables dans le rugby. Cela n’est pas compatible avec les valeurs que nous transmettons dans nos écoles de rugby.

Donc ce n’est ni vous ni Fabien Galthié qui avez demandé la saisine de la commission de discipline dans cette affaire...

Bien sûr que non! Nous traitons environ 6.000 dossiers de discipline par an. Quand on vit du rugby, je crois que nous avons un devoir d’exemplarité. Cela vaut pour les capitaines, les entraîneurs et les présidents. Il y a donc une commission de discipline, et nous la respecterons. Je note que le joueur et le club se sont excusés, et je trouve cela très bien. Maintenant, nous allons laisser faire la commission de discipline. Je rappelle, au cas où quelqu’un l’ignorerait, qu’elles sont totalement indépendantes.

Pourquoi ne pas avoir laissé la Ligue nationale de rugby gérer entièrement cette affaire?

La Ligue a dit que c’est leur prérogative. J’ai confiance en cette commission de discipline, elle prendra sa décision sur le sujet. Mais pardon, il se passe tellement de choses bien plus importantes dans le rugby. C’est un dossier parmi 6 000. Et il y a aussi des choses formidables qui s’y passent. Je suis content que l’on parle des féminines et de la Nations Cup.

Ne craignez‑vous pas que l’image de Fabien Galthié en ressorte écornée?

Vous savez, Fabien est venu à la demi-finale des filles et a remis les maillots. Je vais vous dire ce que j’ai vu: quelqu’un d’incroyablement attentionné, touché par les filles. Il leur a parlé avec le cœur en racontant la demi-finale de 1999. Il les a saisies en les regardant une par une. Nous sommes incroyablement contents du travail que nous faisons avec Fabien. Donc, je voudrais passer à autre chose. C’est un peu une tempête dans un verre d’eau.

Souhaitez-vous que le joueur soit sanctionné de manière exemplaire?

Je ne sais pas. Ce n'est pas moi qui décide. C'est une commission indépendante, je le rappelle.

Les tests-matchs de Novembre approchent pour le XV de France. Se joueront-ils à guichets fermés?

La billetterie fonctionne à plein régime. Pour le match contre l'Afrique du Sud, nous ne sommes pas loin d’afficher complet. Ensuite, nous irons à Bordeaux pour affronter les Fidji. Grâce à la nouvelle négociation que nous avons conclue avec le Stade de France, nous avons désormais la possibilité d’organiser des matchs en province, ce qui est génial. Nous terminerons ensuite avec le match contre l’Australie. Je tiens également à rendre hommage aux équipes de la fédération. L’expérience pour les spectateurs est désormais incroyable.

Antoine Dupont ne sera pas là pour les matchs, car il est encore blessé. On l’a vu au Parc des Princes pour le Ballon d’or d’Ousmane Dembélé, mais aussi aux États-Unis, où il a rencontré le PDG d’Apple, Tim Cook. Il devient une véritable marque internationale. En êtes-vous fier ?

J’en suis incroyablement fier. Nous avons pour objectif de développer la marque "Les Bleu(e)s" à un niveau mondial. Les All Blacks ont créé leur propre marque et comptent 300 millions de fans dans le monde. Il y a de nombreux pays qui aimeraient voir la France comme leur deuxième nation préférée. Quand j’ai la chance d’avoir un ambassadeur comme Antoine Dupont, qui profite – entre guillemets – d’un moment où il peut s’engager ainsi, c’est une opportunité exceptionnelle. Avec tout l’aura qu’il a acquise pendant les Jeux, c’est une chance formidable.

Parfois, certains joueurs se dispersent en dehors du terrain. Avez-vous une légère crainte quant à son retour au plus haut niveau?

C'est un immense champion. Vous n'imaginez pas le niveau d'exigence d'Antoine. Il a réussi à passer du XV au VII. J'ai une confiance totale en lui. C'est bien mal le connaître que d'imaginer qu'il n'a pas envie de s'y recoller en emportant tout sur son passage.

Concernant la disparition de Mehdi Narjissi en Afrique du Sud il y a un an, l'enquête est toujours en cours et ses parents réclament justice. Comprenez-vous leur colère? Craignez-vous d’être mis en examen dans cette affaire?

Écoutez, j’ai beaucoup de compassion pour la famille. Je ne peux rien dire à la colère d’une famille. J’ai décidé de ne pas m’exprimer sur ce sujet tant que l’enquête est en cours. La justice dira ce qu’elle a à dire et nous le respecterons.

Ce moment a choqué la France entière. Essayez-vous d'apprendre de cette situation...

(Il coupe) Comment imaginer une seule seconde que l'on ne puisse pas comprendre cette émotion? Bien sûr que l'on a été... Moi, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. J'ai décidé d'appeler directement la famille quand j'ai appris la disparition de Medhi. On a accompagné... (Il cherche ses mots) C'est difficile de trouver le bon ton dans ces moments. J'ai fait de mon mieux, avec tout mon cœur et toute mon âme. Maintenant, la famille ne peut pas le voir ainsi. Et je le comprends, je l'accepte. Il n'y a rien de pire que de perdre un enfant.

Bartoli Time