Coupe du monde: l’Angleterre terrasse les All Blacks, bouleversement planétaire

Quel exploit! D’entrée, le XV de la Rose a donné le ton en montrant une belle solidarité pour répondre au haka des All Blacks. Derrière, les Anglais ont réussi à enchaîner pour battre la Nouvelle-Zélande (19-7) en demi-finales de la Coupe du monde de rugby ce samedi à Yokohama (Japon). Pour la première fois de leur histoire au Mondial, les Néo-Zélandais se sont inclinés contre les sujets de Sa très gracieuse majesté après un duel dominé de bout en bout par l’Angleterre.
Les Anglais ont tiré les premiers
Le couteau entre les dents, les protégés d’Eddie Jones sont rentrés dans ce match avec la volonté d’imposer un gros rythme. Rarement mise en difficulté lors de ce Mondial nippon, invaincue dans la compétition depuis 2007, la Nouvelle-Zélande n'a pas réussi à digérer le début de match canon des Anglais. Et après seulement deux minutes, les Britanniques ont trouvé la faille dans la défense des Kiwis.
Déjà prépondérant lors de la dernière victoire anglaise en 2012, Manu Tuilagi a lancé ce nouveau duel de la meilleure des manières en marquant son troisième essai de la Coupe du monde (7-0, 2e). Derrière, les doubles tenants du titre ont eu beaucoup de mal à réagir à la suite de l’essai le plus précoce qu’ils ont encaissé lors d’un match de Coupe du monde.
Sans un sauvetage de Scott Barrett, Jonny May aurait même pu donner une belle avance à son équipe avant la fin des dix premières minutes. Après cette entame ratée, les All Blacks ont couru après le score pendant tout le match. En vain.
Une défense en béton armé
Il faut bien l’avouer, la défense du XV de la Rose lors de cette demi-finale est un modèle du genre. Efficaces dans les déblayages, agressifs sur chaque impact ou presque, les Anglais n’ont pas reculé. Si les All Blacks ont eu la possession, ils n’ont pas réussi à se montrer dangereux face au bloc britannique. Attendu au tournant et habituel étincelle du jeu néo-zélandais, Aaron Smith a déçu et n’a que trop rarement trouvé des espaces ou réussi à accélérer le jeu. Et face à la domination stérile des hommes de Steve Hansen, ceux d’Eddie Jones ont su briller par leur efficacité. Sans un passage à vide de l’un de ses partenaires, Sam Underhill aurait même pu accroître l’avance anglaise avant la mi-temps. Si bien que les Blacks ont donné l’impression de bien s’en tirer à la pause avec seulement dix points de retard (10-0, 40e).
Dans son histoire, l’Angleterre n’avait jamais battu la Nouvelle-Zélande lors d’une Coupe du monde. Ce samedi, le XV de la Rose a écrit l’histoire à plus d’un titre. Avant cette demi-finale nippone, seule l’Australie avait réussi à museler aussi bien les All Blacks en 1991 (16-6) et 2003 (22-10). Grâce à leur incroyable défense, les coéquipiers de Maro Itoje ont réalisé pareil exploit ce samedi.
Farrell et Ford ont porté le coup de grâce
Et à l’inverse du XV de France, incapable de conserver une belle avance acquise en première période contre le pays de Galles en quarts, l’Angleterre a su finir le travail. En alignant George Ford et Owen Farrell face aux Kiwis, Eddie Jones comptaient sur ses deux ouvreurs pour dicter le rythme du match. Et le duo ne s’est pas manqué. Tels de vrais métronomes, les deux hommes ont alterné jeu au pied et relances à la main pour casser les assauts néo-zélandais et aider leur équipe à rester en tête. Pragmatiques à souhait, les deux buteurs n’ont rien raté (hormis un drop osé de Ford en première période) et ont tranquillement fait grossir l’avance anglaise. En face, Beauden Barrett et Richie Mo'unga n’ont pas tenu la comparaison. Sans espace, les deux maîtres à jouer des All Blacks n’ont rien apporté à leur équipe.
Sans une incroyable erreur de l’alignement anglais, la Nouvelle-Zélande n’aurait même pas sauvé l’honneur ce samedi. Après l’essai de l’espoir marqué par Ardie Savea (13-7, 57e), George Ford (4/4 au pied) a éteint tout suspense après deux pénalités supplémentaires (19-7, 70e). Derrière, il a suffi de faire tourner le chrono pour rejoindre la finale de la Coupe du monde. Après le coup de sifflet final, les fans anglais ont exulté.
Vers une finale 100% européenne?
Après s’être offert le scalp du grandissime favori de ce Mondial, l’Angleterre n’a pas le droit de se manquer samedi prochain en finale. Reste à connaître le nom de son adversaire. Ce sera peut-être le pays de Galles pour la première finale de l’histoire entre deux nations de l’hémisphère nord. Sinon, la bande emmenée par Eddie Jones aura une belle revanche de la finale 2007 contre l’Afrique du Sud à jouer.
Si les Springboks semblent tenir la corde avant ce duel contre le XV du Poireau, les Anglais ont prouvé ce samedi que cela ne voulait rien dire. Quatre ans après une piteuse élimination dès les poules de la Coupe du monde, le XV de la Rose est tout près de retrouver le sommet du rugby mondial. Si seulement cela pouvait donner des idées aux Bleus de Fabien Galthié pour 2023.