
FFR-Laporte: entre démissions et Haute Autorité, le point sur la situation

Bernard Laporte - AFP
Laporte a contre-attaqué. Dans les colonnes du journal Le Parisien, le président de la FFR s’est défendu d’avoir mis une quelconque pression sur la commission d’appel qui jugeait le Montpellier de Mohed Altrad le 29 juin dernier. Et pour lui, toutes ces attaques ne seraient que politiques: "ça vient de gens qui ne supportent pas de me voir à ce poste. J’ambitionne de réformer le rugby français au profit du rugby amateur et de l’équipe de France, ce qui dérange." Mais quand il indique que Philippe Peyramaure, premier membre démissionnaire de la commission d’appel (nommé par la Ligue Nationale de Rugby), est "instrumentalisé", c’était sûrement sans compter sur des départs en cascade de l’instance ces dernières heures.
Car sur les treize membres de la commission d’appel, ils sont maintenant six à avoir jeté l’éponge. Ce mercredi, Patrice Michel et Olivier de Chazeaux ont démissionné. Avant eux, Philippe Peyramaure donc, Benjamin Peyrelevade, Julien Bérenger et Vincent Chaumet-Riffaud avaient quitté la commission. Et Jean Ormières pourrait suivre. Il avait ainsi indiqué mardi à l'AFP qu'il prendrait une décision après s'être rendu à la réunion de ladite commission, ce mercredi après-midi à Marcoussis, au siège de la FFR.
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Robert Malterre regrette "l'image donnée par notre instance"
Joint par RMC Sport, Robert Malterre, autre membre qui siégeait le 29 juin (avec Jean-Daniel Simonet, le président et Philippe Peyramaure), jour de l’étude du cas de Montpellier, a avoué qu’il hésitait. "Je m’interroge. Je ne veux pas que ma décision soit mal interprétée non plus. Car je n’ai reçu aucune pression de qui que ce soit concernant l’appel de Montpellier. Mais maintenant j’attends de voir l’évolution du dossier." Et, entre les lignes, la décision du ministère des Sports. Lui ne s’inquiète pas de tous ces départs. "D’autres personnes seront nommées. Elles sont désignées par le comité directeur de la Fédération Française de Rugby. Mais je regrette quand même l’image donnée actuellement par notre instance. Alors qu’elle est composée de gens remarquables, qui ont toujours fait parfaitement leur travail".
D’autres membres, dont des plus récents, sont également en pleine réflexion. Mais tous préfèrent rester discrets et ne souhaitent pas s’exprimer publiquement. Quant à ceux qui ont déjà démissionné, ils ne souhaitent pas non plus s’étaler dans la presse. C’est le cas notamment de Julien Bérenger qui a nous a confirmé son départ sans pour autant dévoiler le fond de sa pensée. Comme d’autres, Philippe Peyramaure a décliné notre demande d’interview mercredi. Patrice Michel, procureur de la République de Toulouse, a, lui, expliqué à RMC Sport "(que) les conditions ne sont plus sereines pour siéger. Eu égard à ce qui s’est passé, et même si je ne connais pas tous les tenants et les aboutissants, les conditions ne sont plus réunies. Et puis j’ai des valeurs personnelles et professionnelles qui m’empêchent de continuer".
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La FFR attend un retour du ministère des Sports
La Fédération Française de Rugby et son président Bernard Laporte, sous le feu des critiques, attendent désormais un retour du ministère des Sports. "Toutes les pièces demandées ont été envoyées au ministère", nous a-t-on indiqué du côté de la FFR. Bernard Laporte, qui a renoncé à son contrat d’image avec Mohed Altrad et son groupe éponyme (150 000 euros sur un an) a rencontré Laura Flessel lundi en fin de journée (après avoir vu Altrad). Selon nos informations, la ministre des Sports devrait s’exprimer sur le dossier dans les heures à venir. Aujourd’hui, dans un communiqué, la FFR a annoncé qu’elle confiait la mission de préfiguration de la Haute Autorité pour la Transparence et l’Equité dans le Rugby (instance promise par Laporte en début de semaine) à l’avocat Francis Szpiner. Me Spiner adressera donc ses recommandations aux instances fédérales et professionnelles ainsi qu’aux autorités publiques. Ses travaux porteront sur les pouvoirs de la Haute Autorité, ses moyens d’enquête et de sanctions. Ses conclusions sont attendues le 30 novembre.
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L'appel de Labit jugé ultérieurement
La FFR a réuni hier les 15 membres de son bureau fédéral. Lesquels "ont tenu à réitérer à Bernard Laporte leur soutien absolu face à la campagne de déstabilisation et de mensonges subie par l’organisation et par son président." Malgré les six démissions, la commission d’appel s’est également réunie comme prévu, ce mercredi après-midi à Marcoussis. Présidée par Jean-Daniel Simonet, elle devait statuer à partir de 14h sur plusieurs cas, mais finalement pas sur celui de Laurent Labit, l’entraîneur du Racing, qui, en avril dernier avait accusé Altrad d’avoir "acheté la Fédération". Il avait écopé de 15 semaines de suspension. En l’état actuel des choses, son appel attendra.
VIDEO. La ministre des Sports Laura Flessel réagit à l'affaire Laporte/Altrad