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Racing: "Ça va être ouf", Antoine Gibert impatient d’affronter l’UBB

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Titulaire en l’absence de Finn Russell ces dernières semaines, Antoine Gibert portera encore le numéro 10 du Racing dimanche soir lors du barrage de Top 14 contre l’Union Bordeaux-Bègles si l’Ecossais, très incertain, n’est pas rétabli. L’ouvreur de 24 ans, toujours aussi frais et souriant, n’est pas du genre à se prendre la tête. Cela ne l’empêche pas d’être ambitieux avant ce déplacement en Gironde. Entretien RMC Sport.

Antoine Gibert, le Racing est passé par toutes les émotions dimanche dernier en arrachant son billet pour les phases finales contre Toulon. Avez-vous eu peur de ne pas vous qualifier ?

Oui, on a forcément eu des petits moments de peur mais on a essayé de ne jamais douter. On y a toujours cru même avec une entame pas top. On a essayé de construire notre match et ça a fonctionné à la fin.

Ce match n’est-il pas à l’image de votre saison ?

Cela a souvent été comme ça au Racing depuis que le club est remonté en Top 14, avec des hauts, des bas, des exploits, des déceptions. Le match a été bon dans l’état d’esprit car nous n’avons rien lâché. Après la désillusion contre La Rochelle (en demi-finale de Champions Cup), on a eu du mal à s’en remettre et c’était compliqué de relever la tête contre Montpellier et on l’a fait contre Toulon. Et ça nous permet d’aller en phases finales, comme le Racing le fait à chaque fois depuis dix ans. On ne voulait pas être la première génération à ne pas se qualifier, c’était d’ailleurs le discours de notre capitaine la semaine dernière. Mais le barrage, c’était le minium syndical.

Cette qualification peut-elle vous libérer ?

Non, car on veut être champion, ça ne change rien si ce n’est que ça nous enlève peut-être un petit peu de pression. Si on ne passait pas, on aurait eu beaucoup de mal à rebondir. Dans tous les cas, on a la pression. On va jouer une belle équipe de Bordeaux, chez elle, dans un stade immense. C’est une bonne pression.

Surtout que le Racing n’a plus rien gagné depuis son titre de champion de France en 2016…

Oui, c’est vrai. Mais toutes les équipes ont faim de titres. On ne va pas se mentir. Peut-être que nous, nous avons très, très faim (rire). On dit parfois que les phases finales sont un nouveau championnat. Je ne sais pas si c’est vrai mais ce sera un match super dur à Bordeaux. Les Bordelais avaient gagné chez nous (14-37 en novembre) et on est allé gagner chez eux cette saison (13-16 en février). L’an dernier, on avait perdu le quart de finale de Coupe d’Europe là-bas. Si on veut passer ce week-end, on sait qu’on devra élever notre niveau.

Comment expliquez-vous votre manque de régularité depuis le début de saison ?

C’est compliqué maintenant de faire des matchs pleins car toutes les équipes sont super fortes. Les meilleures sont celles qui arrivent à gérer leurs temps faibles et leurs temps de forts, un peu à l’image de la finale livrée par La Rochelle contre le Leinster.

L’UBB connait aussi des soucis de régularité depuis quelques semaines…

Oui, ils sont un peu plus dans le dur mais ils étaient premiers en début de saison, en étant largement au-dessus. Ça va être un gros combat, un match couperet. On espère être en vacances le plus tard possible.

Christophe Urios a bien remonté ses joueurs dimanche soir après la défaite à Perpignan. Est-ce une bonne nouvelle pour le Racing ?

Nous, on s’est bien fait engueuler par Toto (Laurent Travers) après Montpellier et La Rochelle. (Rires) Les coachs sont rarement satisfaits à 100%. Donc, je ne pense pas que ça change quelque chose. Ils auraient été remontés quoiqu’il arrive.

Laurent Travers ne vous a pas engueulés dimanche soir après la victoire contre Toulon ?

Non, on était soulagé d’être qualifié. On a bien fêté le dernier match à l’Arena de ceux qui partaient. On a passé un bon moment ensemble.

Sur le papier, cette confrontation semble assez ouverte…

Oui, c’est assez ouvert. Ils ont fait une énorme performance chez nous, alors qu’on a livré une performance assez solide chez eux. Ils sont forcément favoris car ils ont fini troisièmes et nous sixièmes. Mais ça va être un super match avec de grands joueurs dans chaque équipe.

Vous allez notamment affronter Matthieu Jalibert. Quel regard portez-vous sur l’ouvreur international de l’UBB ?

C’est un super joueur. On s’est déjà affronté l’an dernier en quart de finale de Coupe d’Europe et c’est eux qui avaient gagné. Ce sera un beau défi si je joue. Il a de grandes qualités. Ce quart de finale, c’est pas "ouf" comme souvenir mais on essaie d’apprendre des défaites, même si c’est un peu bateau de dire ça.

Comment jugez-vous ses points forts ?

Il a des grandes qualité de vitesse et d’adaptation. Il a aussi beaucoup d’expérience au haut niveau, il enchaine les matchs depuis plus longtemps que moi. Nous sommes des joueurs complétement différents.

Finn Russell n’est vraiment pas un branleur

Avez-vous le sentiment d’avoir une marge de progression importante ?

On peut toujours progresser et apprendre, en fonction de ses partenaires et des entraineurs.

Mais sur quoi justement ?

Il faudrait demander aux coachs.

Mais vous devez avoir une idée ?

(Rires) Si vous me posez la question, c’est que vous avez discuté avec eux. Je dois encore bosser en défense, car je suis plus un attaquant, aussi sur la régularité durant un match entier. Je peux faire de supers actions comme une action dégueulasse après.

Finn Russell vous apporte beaucoup de conseils ?

Oui, il a un peu ce côté grand frère. On prépare les matchs ensemble. Il ne faut pas du tout penser que c’est un branleur, au contraire. Il est beaucoup sur l’analyse vidéo. Il bosse beaucoup. On a une super relation, comme aussi avec Ben Volavola. C’était pareil avec Talès, Trinh-Duc. C’est cool de bosser comme ça.

Russell est donc un gros bosseur ?

Oui, ce n’est vraiment pas un branleur. Les gens ne voient pas comment il bosse. Et moi j’essaie de m’inspirer des grands et de pousser un peu Finn. (Rires) Ce n’est pas vrai. J’essaie juste de continuer à avoir du temps de jeu et d’être à terme le titulaire de mon club. D’année en année, je n’ai fait qu’évoluer. Au début, j’étais 24e. C’était cool. Puis j’étais remplaçant. Maintenant j’arrive à être présent sur des matchs importants ou moins importants. J’espère que je vais continuer comme ça.

Le fait d’avoir enchainer les deux derniers matchs en l’absence de Finn Russell vous aide-t-il à mieux aborder cette rencontre, surtout que vous pouvez encore être aligné d’entrée (ndlr : Russell, blessé à un genou le mois dernier en Coupe d’Europe, est encore incertain) ?

Oui, c’est bien pour la confiance et le physique. Car, dimanche, j’avais des crampes à la 60e minute parce que je n’ai pas l’habitude de jouer les 80 minutes. (Rires) C’est bien pour le rythme, les automatismes et même le regard des coéquipiers.

Dimanche, il ne faudra pas avoir de nouveau des crampes…

Je ne les aurai pas cette fois. Dimanche, c’était à l’Arena, le terrain synthétique. Ce week-end, ça va être trop cool.

A quel style de match vous attendez-vous ?

Je ne sais pas. Forcément, le combat sera terrible devant. Après, ils ont des joueurs extraordinaires derrière, nous aussi. L’équipe la plus pragmatique gagnera le match.

Savez-vous qui vous affronterez en demi-finale si vous gagnez ? (ndlr : Montpellier)

J’ai regardé, mais on va prendre les matchs les uns après les autres (Rires). Mais oui, on a regardé. De toute façon, c’est sur "Insta" (Instagram), on ne peut pas passer à côté. Tout est ouvert. Jusqu’à la dernière journée, huit ou neuf équipes pouvaient se qualifier. C’était "ouf". Et c’est "ouf" parce qu’on est dans les six ! Castres a terminé premier et l’a mérité, Montpelier pareil. Ça fera des barrages et des demi-finales énormes. Ça va être "ouf".

Et en cas de qualification, ce serait encore plus "ouf" pour le Racing..

(Grand sourire) Oui, et si on va en finale, ça sera encore plus "ouf". Et si y a mieux qu’une finale, il y aura des vacances super "ouf".

Propos recueillis par Jean-François Paturaud