Stade Toulousain : la crise attendra

Stade Toulousain : Jean-Baptiste Elissalde, René Bouscatel et Guy Novès - AFP
La hache de guerre est pour le moment enterrée au Stade Toulousain. L’assemblée générale a vue l’ancien 3e ligne Hervé Lecomte, joueur du Stade Toulousain de 1983 à 1992, prendre la présidence du conseil de surveillance et ce, à l’unanimité. Il remplace donc Eugène Passerat, qui avait déposé lundi une plainte contre X pour abus de pouvoir social et complicité au sein de club. Exit l’homme qui a voulu mettre un pavé dans la marre, celui qui dénonce des arrangements entre amis – qui restent à vérifier – chez les dirigeants. La mine fatiguée, la barbe naissante, Passerat a passé le relais mais aussi pris de plein fouet le retour du bâton. On ne déclenche pas impunément une telle tempête dans l’institution stadiste. Il se réserve le droit de parler, siègera toujours au conseil de surveillance, mais apparaît comme le perdant dans l’histoire. Au moins jusqu’à ce qu’une enquête voit le jour.
« C’est une volonté d’apaisement au sein du club ». Au moins, Lecomte, qui n’a jamais eu de fonction dirigeante au Stade Toulousain, ne cache pas qu’il est « un homme neuf » et que cela a grandement contribué à son élection. Ce n’est donc ni la victoire d’un clan ou d’un autre, d’un quelconque courant comme cela a pu être évoqué. Pensez-vous... Le président Bouscatel l’assure, il ne savait pas ce qui allait se passer avant cette assemblée générale. Et ne veut pas entendre parler du mot consensus. « C’est une décision prise par des hommes responsables. En 1982, quelqu’un de chez vous (sic) m’avait demandé si j’étais un président de transition. Je lui ai demandé ce que cela voulait dire. Je ne sais toujours pas. Et la transition est un peu longue. » Et il ne veut pas entendre parler de querelles avec son manager Guy Novès. Des affabulations selon lui.
« Je lis des choses un peu ahurissantes. Qu’il y aurait des problèmes entre moi et Guy Novès. Je peux vous assurer qu’il n’y a aucun problème, qu’il n’y a jamais eu et qu’il n’y aura jamais aucun problème entre Guy Novès et moi. Ça fait 23 ans que nous travaillons ensemble et nous continuerons aussi longtemps que possible. » Les dos tournés et les froids presque perceptibles sont donc des inventions. Et les intentions présidentielles pour 2017 (la fin du mandat de Bouscatel) de l’ancien joueur et actuel patron de la régie pub, Didier Lacroix, alors ? Voire la concurrence future avec le manager Guy Novès ? « Très honnêtement et très sincèrement, c’est loin de mon idée répond l’intéressé. Et loin de la sienne. » Avant d’enchaîner : « Ce qu’on sait faire au Stade Toulousain, c’est se recentrer pour être performant sur la partie sportive et j’espère qu’on va le faire le plus rapidement possible ».
« C’était hyper faux-cul »
Ce club, machine à titres, est porté à bout de bras par des hommes qui le servent. Mais qui s’en servent aussi. Le Stade Toulousain est un peu comme un Bouclier de Brennus (ça tombe bien, il en a dix-neuf). Une fois gagné, chacun participe, lui met un coup de chiffon pour le faire briller. Mais tous veulent l’emmener dans leur village d’origine pour montrer qu’on fait partie de la famille des vainqueurs. La cause commune qui fait d’un coup de baguette magique tomber les tensions et disparaître les affrontements. Une crise, quelle crise ? Hop, sous le tapis ! Bouscatel va continuer à présider, Novès à manager. Et s’il le faut, d’autres titres viendront garnir l’armoire à trophée. C’est fort. Du moins tant que les fissures sont rebouchées et que la maison ne s’écroule pas.
On en oublierait presque le petit actionnaire croisé en premier à la sortie de l’AG. Oh bien sûr, Philippe Ruggieri est aussi l’ancien président de Bayonne et n’a pas laissé un souvenir impérissable sur les bords de la Nive. Mais il avait un avis tranché sur la soirée. « C’était hyper faux-cul ! Tout le monde s’est fait la bise. J’espère qu’un jour le Stade Toulousain trouvera des dirigeants qui font ça pour donner et non pas pour recevoir. » En écho, la réponse de Didier Lacroix sonne comme le résumé de la situation : « Effectivement, on a tous un seul et même objectif qui est la performance du club et donc de temps en temps, peut-être qu’il faut mettre le pied sur le frein sur certaines intentions. Si c’est ça être faux-cul, pour la cause universelle qui est la nôtre, c’est-à-dire la performance du Stade… Ouais, autant l’être alors. » Dont acte.