
Top 14 : comment Quesada a relancé le Stade Français
Quatrième de la phase régulière, le Stade Français a concassé son voisin et rival, le Racing-Métro, en barrages pour rejoindre les demi-finales. Une première depuis 2009. Depuis sept saisons, le club de la capitale a vécu de nombreux remous sportifs, mais aussi extra-sportif avec une jolie valse d’entraîneurs. Jusqu’à l’arrivée de Gonzalo Quesada, récupéré au… Racing, qui a préféré miser sur le duo Labit-Travers alors que l’ancien ouvreur argentin avait remis les Ciel et Blanc dans le droit chemin suite à l’éviction de Pierre Berbizier. Thomas Savare, le président du Stade Français, a alors sûrement effectué son meilleur choix stratégique depuis sa prise de fonctions. Gonzalo Quesada fait l’unanimité et les résultats sont là, avec une méthode de management qui plait.
Camara : « Il est dans la communication »
Djibril Camara, qui s’est imposé au poste d’arrière cette saison, décrypte la méthode Quesada : « C’est un entraîneur qui est dans la communication avec ses joueurs. Lors des entraînements ou des séances vidéo, ils discutent beaucoup avec nous. Il aime donner un maximum d’explications à chacun des joueurs du groupe. Pour que chacun comprenne pourquoi il joue ou pourquoi il ne joue pas, pourquoi ce qu’il a fait est bien ou pourquoi cela n’est pas bien. C’est très appréciable pour un joueur plutôt que d’être dans l’inconnu avec un coach qui ne dit rien. »
Le troisième-ligne Pierre Rabadan, au club depuis le début de sa carrière et qui a tout connu avec le Stade Français, poursuit : « Il pèse chaque mot envers chaque joueur. Il essaye de parler individuellement à chaque joueur. Il a même l’impression de ne pas avoir assez le temps. Dans son idéal d’entraîneur, c’est ce qu’il recherche. Il n’est pas du tout dans le conflit. Il n’aime pas ça. »
Rabadan : « Il cultive la confiance de son groupe »
La communication donc, mais aussi la confiance. C’est l’autre point clé de son management. Djibril Camara : « Il a confiance en ses joueurs. Quand il a choisi ceux qui vont jouer, il va faire en sorte que les joueurs ressentent son entière confiance afin qu’ils soient le plus libérés sur le terrain. » Pierre Rabadan va plus loin : « Dans un groupe, il y a de mecs qui jouent et qui ne jouent pas. Il faut trouver un équilibre pour que tout le monde soit concentré sur l’objectif. Il le fait très bien. Il ressent le besoin de cultiver la confiance de son groupe. Ça se traduit de manière différente selon les cas, mais il n’aime pas provoquer ou rentrer dans la personne pour le piquer ou susciter une réaction. Il préfère se baser sur un objectif commun. Il est dans le partage, l’échange, la communication pour savoir ce qui ne va pas. Il est très ouvert. Il veut tirer le meilleur du joueur en le mettant dans une situation positive. Il se base sur une relation de confiance et ça correspond mieux avec les joueurs du Stade Français. »
Boudjellal : « Je voulais qu’il succède à Laporte »
Gonzalo Quesada a su parfaitement profité du travail initié par Christophe Laussucq et David Auradou sur les jeunes issus du centre de formation (Bonneval, Plisson, Camara, Bonfils, Flanquart, Slimani, Danty…), mais aussi rebooster les cadres du groupe (Papé, Dupuy, Parisse, Arias), tout en imposant sa patte avec des joueurs qu’il a relancés (Lakafia). « Je ne sais pas si on peut dire qu’il a changé le Stade Français, mais il a réussi à ce qu’on devienne une vraie équipe. Son apport est indéniable », juge Djibril Camara. Gonzalo Quesada au Stade Français, c’est le choix gagnant. Même Mourad Boudjellal, président de Toulon, adverse du Stade Français en demi-finale du Top 14 ce vendredi à Bordeaux (21h), y va de son petit compliment : « Je voulais que Quesada succède à Laporte au RCT » a-t-il assuré dans les colonnes du Parisien. Après avoir battu le Racing-Métro trois fois cette saison, Gonzalo Quesada va-t-il en faire de même avec Toulon ? Et mettre le champion de France et triple champion d’Europe au tapis ? Il faudra ça pour offrir à Paris sa première finale de Top 14 depuis huit ans.
Lakafia et Parisse ménagés
Les joueurs du Stade Français sont bien arrivés à Bordeaux ce jeudi en fin de matinée. Contrairement à leurs coéquipiers, Raphaël Lakafia et Sergio Parisse n’ont pris l’avion mais un train afin de ne pas aggraver « de petits pépins » musculaires, selon leur entraîneur Gonzalo Quesada (une cabine d'avion pressurisée est néfaste pour la circulation sanguine). Après avoir pris leurs quartiers dans un hôtel bordelais, ils ont découvert le nouveau stade des Girondins, où se dérouleront leur demi-finale de Top 14 contre Toulon vendredi soir (21h), puis celle entre Toulouse et Clermont le lendemain (16h30).