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Toulouse: "Je pars sans regret", Maxime Médard explique pourquoi il prend sa retraite

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Exclu RMC Sport - Cette dix-huitième saison au plus haut niveau sera la dernière. A 35 ans, l’arrière international (63 sélections) Maxime Médard a décidé de s’arrêter là. Après avoir tout gagné avec le Stade Toulousain, celui qui restera l’homme d’un seul club a choisi RMC Sport pour parler de ce moment si particulier, mais également pour prendre le temps de se retourner sur son long parcours.

Maxime, après 18 saisons sous le maillot toulousain et alors que vous êtes en fin de contrat, la question de votre avenir revient sur la table depuis un moment. Verdict ?

J’ai décidé d’arrêter ma carrière à l’issue de la saison. C’est une décision réfléchie. Il y a eu, à un moment de la saison, l’idée de potentiellement continuer une année supplémentaire. Mais il faut savoir s’arrêter à un moment. Je pense avoir encore une saison dans les jambes mais il y a l’après, le deuxième chapitre de ma vie qui m’attire aussi. J’ai longuement réfléchi aussi, avec ma femme et ma famille. Et c’est le bon moment.

Ce n’est pas facile à prendre comme décision, de tirer le trait sur une vie de rugby ?

Une vie de rugby, pour l’instant dédiée qu’à ça, même si ça fait quelques années que je travaille pour "l’après". Depuis que je suis né, que j’ai cinq ans, je vis rugby, je mange rugby, je dors rugby. Après, il y a un temps pour tout. On est que de passage, au Stade Toulousain ou dans d’autres clubs. J’ai eu une belle carrière. Je suis assez content et fier de ça. Donc je pense être prêt.

Vous craigniez ce moment ?

Ça fait un petit moment que j’y réfléchis. Même au milieu de ma carrière, je me demandais comment aller se passer la fin. Qu’est-ce qu’il se passe après en fait ? Mais j’ai fait une formation l’année dernière avec TBS (Toulouse Business School, il a obtenu le diplôme de Business Unit Manager, ndlr), j’ai préparé mon "après" dans le secteur du sport (il a investi dans plusieurs sociétés globalement implantées dans le domaine sportif). Donc je reste dans mon ADN et je vais pouvoir m’éclater.

Ce n’est pas sans émotion qu’on annonce ça ?

Après, aujourd’hui, c’est assez facile de parler, on n’est pas encore au dernier match, la saison n’est pas terminée. C’est sûr qu’à la fin de la saison, le matin, quand je vais me lever, ça va me faire bizarre de me dire : "où je vais?" Parce que ça fait plus de vingt ans que je me lève et que je vais au Stade. Après… (il marque une pause) au milieu de la saison j’avais envie de continuer pour un dernier objectif, mais il faut se rendre à l’évidence : il y a des jeunes qui arrivent et ça pousse énormément. Certes il y a beaucoup d’émotions, parce que je me suis construit en tant qu’homme, en tant que sportif grâce au Stade Toulousain. J’ai vécu des choses extraordinaires avec ce club, j’ai rencontré des joueurs fabuleux, j’ai côtoyé certains des meilleurs joueurs. C’est une chance pour moi d’avoir fait toute ma carrière au Stade car c’est rare. Et c’est rare d’être toujours à l’arrière, dans ce club, à 35 ans. J’ai beaucoup de chance. Et j’arrête sur une saison où ça se passe bien, où on prend beaucoup de plaisir. On est sorti de cette période un peu délicate du club. Je pars sans regret et je suis content.

Qu’est-ce qui vous rend le plus fier ?

Les gens que j’ai rencontré, que j’ai côtoyé. La façon dont j’ai évolué aussi. Je me suis souvent remis en question et j’ai évolué en tant qu’homme. Je suis fier aussi que ma fille m’ait vu jouer au Stade Toulousain, c’était important pour moi. C’est un ensemble de choses. Je suis quelqu’un grâce au Stade Toulousain. Quand on appartient à ce club, qu’on gagne des titres, ça reste, c’est gravé dans l’histoire. C’est exceptionnel.

"J’ai eu la chance de réaliser mon rêve, de jouer au Stade Toulousain"

Tout n’a pas été linéaire…

Non, non (il sourit)… forcément ! Oui, c’est vrai, tout n’a pas été linéaire, mais en tout cas j’ai bossé pour être plus régulier. J’ai eu une période difficile mais elle a été la plus enrichissante en tout cas. Parce que je me suis remis en question, parce que je suis allé chercher d’autres choses, niveau physique, niveau mental. Je pense que ça a été les saisons où j’ai le plus progressé.

Et quels ont été les moments les plus forts durant ces 18 saisons ?

Il y en a beaucoup ! Quand je suis parti de Blagnac, c’était pour être champion de France au moins une fois dans ma carrière… je l’ai été avec les jeunes et j’ai eu la chance de l’être plusieurs fois avec l’équipe une (cinq Boucliers de Brennus et trois Coupes d’Europe, ndlr). 2008 a été l’année où j’ai explosé, 2019 l’année où on revient sur le devant de la scène. Deux années fortes pour moi. Parce que le jeu était là, le plaisir était là. La consécration d’un titre à la fin aussi et le partage avec les gens. C’était exceptionnel.

On peut difficilement rêver mieux niveau palmarès ?

Oui c’est sûr (sourire) ! Encore une fois j’ai eu la chance de jouer avec des grands joueurs. Et les titres, c’est un ensemble d’éléments qui vont te permettre de réussir. Il y avait le karma, l’équipe, le staff, et comme on dit le feu d’artifice autour. Personnellement, je suis content de tous ces titres et franchement, je réalise. Car c’est long, c’est dur de gagner un titre. Alors c’est surtout remercier mes coéquipiers, les gens avec qui je me chamaille de temps en en temps sur le terrain (sourire). C’est comme ça, c’est énorme.

A l’instar d’un Rougerie à Clermont, d’un Ouedraogo à Montpellier, faire sa carrière dans un seul club vous rend-il fier ?

Il y a eu des moments où j’aurai pu potentiellement partir ailleurs. J’essayais de m’imaginer avec d’autres couleurs, mais j’avais du mal. Le Stade, quand j’étais gamin, que je regardais les matchs avec la famille, ça vibrait. J’ai eu la chance de réaliser mon rêve, de jouer au Stade Toulousain. Et d’avoir fait autant d’années, c’est juste énorme.

"J’ai toujours tout donné pour gagner"

Des gens ont compté dans ce parcours ?

Ma famille déjà. Car ce n’est pas évident de vivre avec un sportif de haut niveau. C’est surtout les personnes qui nous accompagnent tous les jours. Tous les gens qui œuvrent au bon fonctionnement de ce club. Car on voit souvent l’équipe première jouer, mais derrière il y a un sacré boulot ! Des bénévoles aux supporters. Après, les éducateurs que j’ai eus, qui m’ont permis de me donner cette passion et ces valeurs de ce sport-là. Il y a eu un tournant, c’est Robert Labatut, qui est malheureusement décédé, qui est la personne qui a cru en moi et qui m’a recruté en Cadet. Emile Ntamack aussi, qui m’a remis sur les rails à un moment où j’étais un peu perdu dans ma carrière. Chacun a donné, tout le monde m’a un peu marqué à sa manière. C’est un tout.

A quoi voulez-vous qu’elles ressemblent ces dernières semaines ?

Bah, après, j’aimerais qu’on aille jusqu’au bout. Si on peut le retarder au maximum, ce serait sympa (il rigole) ! Parce que même si on dit qu’on est prêt, on ne l’est jamais assez, on ne sait pas trop ce qui nous attend derrière. Bon, j’essaye de prendre du plaisir, de m’entraîner, d’être performant la semaine pour être là le week-end. Alors si on peut terminer par un truc sympa, ça peut être bien pour moi.

Après cette annonce, le match au Stadium face à La Rochelle sera un moment particulier pour vous. Ce ne sera pas évident ?

Non, mais déjà je suis soulagé. Au-delà de ma famille, le premier à avoir été au courant, c’est le président Didier Lacroix. Après, je l’ai dit à Ugo Mola. Puis je voulais l’annoncer à mes coéquipiers. Mais le président et le coach le savent depuis deux ou trois semaines. Ça me soulage en fait. Ça faisait deux ou trois mois que je ne savais pas trop ce que voulait le Stade Toulousain. Même s’il y avait de grands noms, de grands arrières qui sortaient dans les médias en tant que recrues. Donc forcément, on se dit : "bon, ils ne comptent pas trop sur moi". Mais c’est normal, c’est la vie. Alors d’avoir pris la décision d’arrêter, je le répète, ça me soulage.

Que voulez-vous que les supporters toulousains retiennent de vous ?

Que je suis un compétiteur ? Sinon, je pense avoir toujours été souriant et aimable avec les gens. Après, ils retiendront ce qu’ils auront envie de retenir. Je les ai toujours respectés. Ça fait 18 ans que je suis là, ce n’est pas pour rien, car on connaît l’exigence de ce club. Bon, s’ils retiennent un coup de pied mal tapé ou une chandelle pas rattrapée, tant pis, c’est comme ça (rires) ! Non, je pense qu’ils vont retenir que j’ai été fidèle à ce club et que j’ai toujours tout donné pour gagner.

Recueilli par Wilfried Templier