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6 nations 2025: victoire anglaise à la dernière seconde, fautes de main à gogo, choix discutables... récit d'un Angleterre-France pas banal

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Une semaine après sa démonstration face au pays de Galles, le XV de France a beaucoup gâché face à l’Angleterre, et repart de Twickenham avec énormément de regrets (26-25) après une soirée où peu de choses ont tourné dans le bon sens.

“On ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes”. Antoine Dupont ne s’y trompe pas, le XV de France a laissé échapper un match qui lui tendait pourtant les bras ce samedi en Angleterre, dans le cadre de la deuxième journée du Tournoi des 6 nations 2025. Le tout à l’issue d’une fin de match cruelle, où les Bleus ont été crucifiés sur le gong sur un essai de Daly dans la dernière minute. Une fin amère qui laisse beaucoup de regrets.

>> Revivez Angleterre-France (26-25)

La déroute de 2023 dans les têtes

Pourtant, les Bleus n’avaient pas oublié le dernier déplacement à Twickenham. Les Anglais non plus. Balayé 53-10 sur sa pelouse en 2023, le XV de la Rose voulait se racheter face à un adversaire qui ne lui a pas réussi ces dernières années, puisque la France s’est imposé lors des trois derniers matchs, dont le dernier à Lyon à l’issue d’une soirée mémorable et stressante (33-31). Un an plus tard, tout était réuni dans le temple du rugby, pour vivre une autre belle aventure à l’occasion du Crunch, le 112e du nom.

Si les Français sont arrivés avec un capital confiance au top, en témoigne les trois succès lors de la tournée d’automne et la démonstration face aux Gallois la semaine dernière, l’Angleterre enchaîne les doutes et les résultats poussifs, mettant le sélectionneur Steve Borthwick sur un siège éjectable (14 victoires, 15 défaites depuis son arrivée en 2022).

La réception des chandelles, le gros enjeu

Les Français étaient attendus dans ce secteur, et ils ont su répondre présents. En difficulté dans le domaine des coups de pied face à l’Afrique du Sud au Mondial 2023, Thomas Ramos et ses coéquipiers savaient que les Anglais allaient enchaîner les chandelles, comme ils l’avaient fait contre l’Irlande lors du premier match.

Une tactique attendue et parfaitement contrée par les Bleus en début de match, poussant les Anglais à la faute. Une domination non concrétisée par une pénalité manquée de Thomas Ramos face aux perches (11e).

Jeu de main, jeu de vilain

Antoine Dupont lors du Crunch Angleterre-France à Twickenham, Tournoi des 6 nations 2025, 8 février 2025
Antoine Dupont lors du Crunch Angleterre-France à Twickenham, Tournoi des 6 nations 2025, 8 février 2025 © AFP

Sous pression, les Bleus? Favoris sur le papier, les hommes de Fabien Galthié ont tenté de réciter leur rugby mais ont fait beaucoup trop de fautes de main en zone de marque, laissant échapper de précieuses opportunités d’aplatir (Dupont, Penaud, Mauvaka). La fine pluie londonienne n’a pas facilité la tâche, mais les Français ne se sont pas laissés abattre et ont vu leurs efforts récompensés sur un essai en coin de Louis Bielle-Biarrey, le troisième dans ce tournoi.

“Beaucoup de regrets, on doit marquer au moins trois essais. Ils ont été pragmatiques, on a gâché trop d'occasions. Le ballon glissait beaucoup, mais je ne sais pas pourquoi ça n'a pas fonctionné. On a produit un bon rugby, on les a mis en danger beaucoup de fois, mais on n'a pas assez marqué“, a concédé le capitaine tricolore au micro de France 2 à l’issue du match.

Jalibert timide, les ailiers assurent

Attendu au tournant à cause de la suspension de Romain Ntamack, Matthieu Jalibert avait une occasion en or de retrouver le sourire au cœur d’une aventure bleue mi-figue, mi-raisin. Avec une frayeur au pied sur un dégagement contré, l’ouvreur bordelais a montré trop peu de choses offensivement, tout en affichant ses limites défensivement. Sur dix placages tentés, il n’en a réussi que cinq en 67 minutes.

Matthieu Jalibert, Damian Penaud et Louis Bielle-Biarrey, Angleterre-France lors de la 2e journée du Tournoi des 6 nations 2025, 8 février 2025
Matthieu Jalibert, Damian Penaud et Louis Bielle-Biarrey, Angleterre-France lors de la 2e journée du Tournoi des 6 nations 2025, 8 février 2025 © AFP

De la réussite, Damian Penaud aurait pu en provoquer davantage. De retour dans le XV de départ, l’ailier a marqué son 37e essai en sélection, le rapprochant à un essai du record de Serge Blanco en sélection.

La Rose pique enfin

Peu inspiré, le XV de la Rose n’a pourtant pas attendu sa 10e occasion pour revenir juste avant la pause sur un essai de Lawrence. Une piqûre de rappel pour les Bleus, qui ont pourtant gardé la main sur un match plombé par de trop nombreuses erreurs techniques.

Plus tranchants au retour des vestiaires, les Anglais ont su trouver les espaces dans la défense tricolore pour rester au contact. À l’initiative de Marcus Smith, positionné à l’arrière pour l’occasion, l’Angleterre a eu la possession et les munitions pour chahuter le bloc bleu. Sauf qu’à l’instar des Bleus, les Anglais ont été friables en touche et face aux perches, avec deux échecs de Marcus Smith.

Porté par un public en transe, le XV de la Rose est passé devant pour la première fois du match à dix minutes du terme grâce à un essai de Fin Baxter, transformé par Fin Smith. Avant de tomber dans l’euphorie totale sur le gong, lorsque le jeune ouvreur anglais a passé la transformation victorieuse pour les locaux, enfin vainqueur d’un Crunch pour la première fois depuis 2021. "Le banc anglais a fait la différence avec les entrées de George, Baxter, des piliers... ils ont fait un boulot dans le jeu! Ils sont allés la chercher cette victoire, il faut applaudir des deux mains parce que quel courage! Ne pas relâcher, y croire jusqu'au bout”, a analysé Denis Charvet sur RMC.

Tout n’est pas perdu

“Déçus”, les Bleus vont devoir passer à autre chose. Avec cette défaite, la France dit adieu à ses rêves de Grand Chelem, malgré le point de bonus défensif dans les valises. Mais les rêves de victoire finale restent lui bien intacts. “On sait que c'est une année compliquée avec trois déplacements. (...) Il nous reste trois matchs. Si on les gagne, on n'est pas à l'abri d'une surprise", avoue Thomas Ramos.

Fabien Galthié renchérit: "On va digérer avant de penser à la suite. On est déçus, donc il faut passer du temps ensemble, qu'on parle, qu'on comprenne pourquoi on n'a pas réussi à concrétiser tous les temps forts”. Du temps, les Bleus vont en avoir pour préparer le déplacement en Italie (23 février à Rome) et corriger les trop nombreuses scories aperçues ce samedi.

Analie Simon Journaliste RMC Sport